Le résultat est nul : il n'y a eu aucune transplantation d'organe, ou presque, grâce à ce que l'on appelle les dons croisés. Pour que les choses fonctionnent, il est nécessaire qu'un nombre relativement important de personnes participent à la chaîne. Par exemple, une personne appartenant à la famille A donne un organe à un malade appartenant à la famille B et, au sein de cette famille B, quelqu'un fera à son tour un don d'organe à un malade d'une famille C, D ou E.
Comme dans la plupart des pays qui ont permis cette avancée, l'idéal serait qu'il n'y ait pas de limitation du nombre de personnes incluses dans une chaîne. Pour autant, vous l'avez compris, les sénateurs, afin de réduire le risque de rétractation d'un donneur dans une famille où quelqu'un a bénéficié d'un don d'organe, ont souhaité limiter à six le nombre de paires de donneurs et de receveurs. Cette disposition paraît raisonnable et équilibrée, et permet, en définitive, d'inclure tout de même plusieurs familles au sein d'une chaîne et d'accroître les chances des malades d'accéder à un don d'organe.
Il serait véritablement déraisonnable d'invoquer le spectre du trafic d'organes pour annihiler cette avancée. Vous le savez très bien, le trafic d'organes n'existe pas en France pour ce type de don, pas plus qu'il n'existe dans les pays autorisant les chaînes de dons ; ce trafic n'est justement une réalité que dans les pays où les chaînes n'existent pas. Je vous demande donc à mon tour de bien vouloir cautionner ce progrès nécessaire et d'accepter de retirer votre amendement en entendant nos arguments et en suivant les conseils de vos collègues sénateurs, qui appartiennent au même groupe politique que vous.