Madame la ministre, je suis foncièrement d'accord avec vous quand vous dites que les entreprises ont intérêt, sur le plan non seulement philosophique ou philanthropique mais aussi économique, à miser sur la prévention et à prendre soin des salariés. Mais ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est de savoir que faire avec les entreprises qui ne font rien en la matière.
Nous tomberons forcément d'accord sur les entreprises qui développent des pratiques favorables aux salariés. C'est là toute la difficulté : une grande entreprise aura vraisemblablement à coeur, parce qu'elle a en vue sa rentabilité à long terme, de prendre soin de ses salariés ; mais ce n'est pas le cas de toutes les entreprises !
Ainsi les fonds de pension qui rachètent des entreprises pour les dépecer – car c'est bien de cela qu'il s'agit –, et s'emparer de ce qui reste d'elles avant de revendre, le cas échéant, des brevets ou le terrain sur lequel elles sont implantées, obéissent à des logiques de court terme. Ils cherchent une forte rentabilité financière, à 12 ou 13 % – selon la demande qu'on leur fait pour garantir des niveaux de retraite élevés dans d'autres pays –, et ce à très court terme.
Que fera-t-on avec ces entreprises-là, qui n'ont au fond aucun intérêt à mettre en place des systèmes de prévention ? Ce serait pour elles une dépense superfétatoire, qui à terme diminuera leur taux de rentabilité à court terme, leur objectif immédiat.