Nous entendons ce que vous dites avec le coeur en bandoulière, madame la ministre, et nous aimerions tellement être d'accord avec vous. Si nous ne le sommes pas c'est que les arguments que vous nous servez désormais sont précisément les arguments de ceux, qui, dès l'origine, avant même d'en connaître le modus operandi, étaient hostiles à l'idée du compte de prévention de la pénibilité. C'est si vrai qu'ils n'en ont jamais démordu, allant jusqu'à souhaiter l'annulation de l'ensemble du dispositif.
On s'est cependant interrogé dans certaines branches, où des référentiels ont été débattus et approuvés. Il est évident que l'on ne va pas chronométrer le temps passé par chacun à porter des charges lourdes dans la journée : cela, personne ne l'a jamais imaginé. En revanche, il est possible de s'accorder pour dire que, dans le secteur du BTP ou de l'agroalimentaire, un salarié porte en moyenne une tonne et demie ou deux tonnes par jour.
Il y a là une volonté manifeste de passer d'un système de prévention à un système de réparation. En réalité le Gouvernement est revenu, s'agissant des quatre critères dont nous parlons, à la loi Fillon de 2010, qui permettait de constater l'invalidité. Pour ces quatre critères, donc, on ne sera plus dans une logique de prévention : il s'agira de permettre à ceux qui sont atteints d'une invalidité de plus de 10 % de partir à la retraite plus tôt. Or, vous le savez très bien, et Boris Vallaud vous l'a rappelé, la maladie, pour les salariés de l'amiante, s'est déclarée après le départ à la retraite.