Non content de nous demander une prorogation de trois mois de l'état d'urgence sanitaire, le Gouvernement en profite pour faire d'une pierre deux coups en nous demandant cette extension jusqu'au 1er avril 2021. Nous contestions à l'époque la nécessité de passer par le biais d'un régime transitoire analogue à un état d'urgence sanitaire qui ne portait pas son nom, indiquant déjà que le régime prévu à l'article L. 3131-1 du code de la santé publique permettait de prendre les mesures proportionnées et suffisantes à la situation. On ne peut donc que s'inquiéter et s'émouvoir des raisons réelles ayant motivé le Gouvernement à proroger ce régime transitoire après le 16 février 2021.
Mettons-nous en alerte, mes chers collègues : allons-nous accepter de signer un chèque en blanc au Gouvernement jusqu'au 1er avril 2021, alors que celui-ci indique clairement dans l'exposé des motifs le but de la manoeuvre : nous faire patienter jusqu'à l'enterrement définitif de notre État de droit dans un nouveau texte qui inclura ces mesures d'exception dans le droit commun ? Souvenez-vous de l'expérience menée par le biologiste Jean Rostand : une grenouille jetée dans une casserole d'eau bouillante fait un bond et s'enfuit, mais quand l'eau froide est chauffée progressivement, la grenouille y reste et finit par mourir ébouillantée.