En voulant rétablir le jour de carence dans la fonction publique, la majorité s'inscrit dans les pas de Nicolas Sarkozy, lequel avait lui aussi cru bon, en son temps, d'humilier un peu plus les fonctionnaires. Le groupe Les Républicains, voyant encore une fois l'actuelle majorité marcher sur ses plates-bandes idéologiques, surenchérit en proposant plusieurs jours de carence. Jusqu'où les diverses nuances de droite iront-elles dans la rhétorique anti-fonctionnaires ?
L'article 48 réussit le tour de force d'être à la fois inutile et injuste. L'Enquête emploi de l'INSEE parue la semaine dernière porte notamment sur l'impact du rétablissement du jour de carence en 2012 et en 2013 sur l'absentéisme dans la fonction publique. Ses conclusions, pour peu qu'on les analyse de bonne foi, montrent clairement que le jour de carence ne fait pas baisser le taux d'absentéisme. En 2014, les rapports d'évaluation parvenaient aux mêmes conclusions sur les effets de la mesure : le jour de carence ne réduit pas l'absentéisme dans la fonction publique.
De même, l'argument de l'équité avec le secteur privé ne tient pas une seconde. En effet, deux tiers des salariés du privé sont couverts par une convention collective qui ne les soumet pas au jour de carence.
Enfin, les agents dont le taux d'absentéisme de courte durée est le plus élevé sont ceux de la catégories C, c'est-à-dire ceux qui exercent généralement les tâches les plus dures ou les plus contraignantes sur le plan physique.
Je laisse le soin à ceux qui voteront pour cet article d'expliquer à un agent de voirie tombé malade en travaillant dehors la veille que le fait de lui retirer une journée de son traitement parce qu'il est malade est une mesure de justice vis-à-vis du secteur privé.
Mesdames et messieurs les députés de la majorité, lisez les rapports, examinez les chiffres, regardez la situation des agents et la pénibilité au travail, notamment au sein des hôpitaux publics, et vous comprendrez que cette mesure n'est que pure démagogie.