Il y a deux jours, Édouard Philippe s'est exprimé dans le Financial Times. Les journalistes ont noté : « Quand nous lui suggérons que le projet du Gouvernement pour un marché du travail plus flexible, ses baisses d'impôt pour les entreprises et son insistance sur la réduction des déficits sont autant de thèmes de droite, M. Philippe éclate de rire. – Oui, et à quoi vous vous attendiez ? Yes, what did you expect ? » Il a ajouté que des réductions d'impôt pour les riches seraient nécessaires.
Selon moi, ce projet est aussi fait pour les riches, notamment les riches entreprises – même si l'énigme concernant Auchan n'est toujours pas résolue. Licenciement, travail de nuit, travail du dimanche, santé… Je ne vois aucune avancée pour les salariés.
Warren Buffett, lorsqu'il était la troisième fortune mondiale, a déclaré : « La guerre des classes existe, c'est un fait, mais c'est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter. » Il est rare que la guerre des classes se mène en s'affichant de cette manière-là. Elle emprunte d'ordinaire des masques, elle ruse, elle suit les détours de l'histoire. En l'occurrence, elle se déguise derrière les mots de « souplesse » ou de « compétitivité », mais c'est la même guerre des classes qui se poursuit.
Il est rare, lorsqu'on veut prendre aux salariés, qu'on leur annonce qu'on va écraser les pauvres et qu'on va aider les multinationales à s'en mettre plein les poches. Je ne dis pas qu'il n'y ait que ça dans le projet de loi, mais il contient un certain nombre de choses qui ne contribuent pas à limiter le pouvoir des prédateurs et qui, au contraire, leur en donnent encore davantage