La méthode des ordonnances, notamment en matière sociale, relève d'une vision expéditive du débat avec un texte volontairement flou sur la forme, mais cruellement clair sur les objectifs poursuivis. Nous ne connaîtrons finalement les véritables contours de cette réforme sociale qu'après une gestation estivale dans le secret des bureaux jupitériens, les dernières déclarations du Président de la République dans Ouest-France étant au plus haut point inquiétantes.
Le texte qui nous est présenté procède d'un esprit profondément mondialiste, un esprit que nous sommes ici les seuls à combattre. L'excuse de mobilité derrière laquelle vous vous abritez dessine en fait les contours d'une société nomade dans laquelle vous réduirez le salarié à un vagabond professionnel et le contrat de travail à un rapport de mercenariat.
Or le contrat de travail est autre chose qu'un strict rapport pécuniaire entre un salarié et une entreprise. Il est indissociable d'une relation qui induit des deux côtés la loyauté, la confiance, la solidarité et, dans toute la mesure du possible, la durée du lien contractuel. Hors les actionnaires, une entreprise, ce sont trois éléments essentiels : sa direction, ses salariés, ses clients. Pas plus qu'une entreprise ne peut se développer contre ces derniers, elle ne peut espérer se développer contre ses salariés.
La précarisation des contrats que vous voulez organiser n'est pas de nature à créer ou recréer de la confiance mais de la défiance. Elle rompra tout élan d'adhésion au projet collectif et humain qu'est l'entreprise. La remise en question des contrats par des accords d'entreprise ne traduit pas seulement le manque de respect pour les personnes mais condamne chaque salarié à une insécurité juridique et financière permanente, ce qui n'est évidemment pas acceptable.