Une fois pour toutes, monsieur Bernalicis, ces gestes, je les ai faits comme un mime qui sculpte le silence. Je me suis dit que vous les comprendriez peut-être davantage que ce que nous disons trente, quarante, cinquante fois. Vous, vous élevez le débat, n'est-ce pas – et heureusement que les plafonds sont très hauts – , mais vous connaissez la formule d'Audiard : « À force de prendre les gens pour des chaises, on finit toujours par s'asseoir à côté ».
Vous n'aimez pas le dialogue. Quand j'étais avocat, voyez-vous, je parlais pour convaincre ; vous, vous parlez pour parler. Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, cela ne sert strictement à rien. Vous évoquez mes gestes, mais je constate que vous demandez déjà à répondre alors que je viens à peine de me lever pour prendre le micro. J'en conclus que ce que je dis vous importe peu. Comme je n'ai pas le goût de l'effort inutile, je vais désormais à l'économie. Je suis défavorable à votre amendement. Entendez-le une fois pour toutes, et il y a de fortes chances pour que nous raccourcissions – en tout cas en ce qui me concerne – cette succession de monologues qui n'a rien à voir avec le dialogue que vous appelez de vos voeux. C'est un dialogue de sourds que vous souhaitez m'imposer, mais vous n'y parviendrez pas : racontez ce que vous voulez, pensez ce que vous voulez, monsieur Bernalicis, ce sera désormais ainsi que je répondrai !