De l'avis même du Cluster maritime français, qui ne compte pas que des amis de La France insoumise, notre mouvement est sans doute celui qui a présenté, lors de la campagne de l'élection présidentielle de 2017, le plus ambitieux de tous les programmes en matière de développement économique axé sur la mer : c'est celui qui aurait permis à notre pays d'exploiter au mieux, et de manière écologiquement soutenable, le plus long littoral maritime d'Europe et la deuxième plus grande surface maritime du monde. Vous conviendrez donc que ce sujet nous tient beaucoup à coeur.
Cela dit, pour faire face à la concurrence internationale, pour préserver une flotte sous pavillon français et pour préserver nos constructions navales – ce qu'il aurait déjà fallu faire par le passé – , on ne peut pas sans arrêt jouer sur le prix du travail. En effet, les cotisations salariales ne sont pas des taxes, mais un salaire différé. Elles correspondent au choix de notre pays d'avoir, à un moment donné, socialisé les salaires pour assurer la protection des travailleurs.
Si l'on commence à se dire qu'on ne peut aider ces secteurs qu'en baissant le prix du travail – une proposition qui revient souvent quand on se demande comment lutter contre les délocalisations – , on met le doigt dans un dangereux engrenage. À mon sens, il vaudrait donc mieux aborder la question en évaluant les aides à apporter au secteur, mais aussi sous l'angle structurel ! Le problème, c'est aussi le libre-échange. Nous sommes concurrencés à l'intérieur même de notre domaine maritime par des pays, y compris de l'Union européenne, qui n'ont absolument pas la même législation sociale que nous et qui se réfugient derrière des traités internationaux. Voilà ce qui est en jeu : nous n'avons pas à brader le modèle social français.
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