S'agissant du déploiement de la stratégie vaccinale, seuls 10 % des 7 000 EHPAD auraient à ce jour, paraît-il, reçu leurs doses de vaccins. Espérons que je me trompe et que tout va s'améliorer très vite.
Rien n'était prévu pour ces établissements, qui ont souffert d'un manque de matériel, de personnel et même de considération. Dans une quinzaine d'établissements, le personnel, qui intervient chaque jour de façon admirable, avec professionnalisme et dévouement, a même fait le choix radical, et dont nous devons les remercier, de rester confiné avec les résidents, afin de les empêcher de se laisser glisser, de quitter une vie qui n'en valait plus la peine, sans soins ni accompagnement. Ce n'est qu'à l'arrivée des masques, puis des tests, que le nombre de décès a diminué.
Les résidents de ces institutions n'ont pas pour autant été totalement épargnés : la qualité de vie s'est dégradée lors des confinements successifs. Plusieurs milliers de personnes âgées ont été forcées de rester cloîtrées dans des chambres de quelques mètres carrés, porte fermée, n'ayant pour seule distraction, pour seul contact, que le passage des personnes qui leur apportaient à manger et les soignaient, sans visites possibles de leurs familles, elles-mêmes très éprouvées et très inquiètes. Des cas d'anorexie et de dépression ont même été rapportés.
Cette absence totale de soins dédiés à la santé psychique des personnes âgées nous pousse à nous interroger sur la dignité que nous leur accordons. Rappelons que nombre d'entre elles ont quitté la vie dans le plus grand isolement, malgré les tentatives des personnels soignants, qui ont une nouvelle fois dû s'adapter face à la détresse des résidents, redoublant d'ingéniosité pour combattre leur solitude. Les tablettes tactiles n'ont cependant pas pu remplacer la présence et l'affection des proches. Ne faut-il pas établir un véritable protocole de confinement en cas d'épidémie ?
Conscients du manque de moyens matériels et humains des établissements médico-sociaux, qui ne date pas de la crise sanitaire et dont je ne vous rends bien évidemment pas responsable, madame la ministre, il est urgent de développer de nouvelles méthodes de travail. Adapter nos moyens à la crise est un enjeu majeur tant pour les résidents que pour le personnel soignant. En ce sens, le développement de la télémédecine apparaît essentiel. Nos moyens doivent être multipliés pour subvenir aux besoins des résidents vulnérables et soulager le personnel soignant dépassé par la pression environnante.
Alors que Mme Buzyn était encore ministre de la santé, des discussions sur un projet de loi relatif au grand âge et à l'autonomie avaient été engagées. Un an après la remise du rapport Libault, aucune réforme n'est encore en route, alors que les alertes n'ont pas manqué ces dernières années. Rénovation des bâtiments, revalorisation des salaires, amélioration de l'attractivité des professions et des carrières afin de remédier au manque de personnel, développement des liens entre établissement et domicile, diversification des modes d'accueil : le chantier est immense ! Pourtant, la question du financement n'a toujours pas été tranchée, alors que les comptes de la sécurité sociale ont été durement touchés par la crise sanitaire.
C'est pourquoi les députés du groupe Les Républicains, comme les députés de tous les autres groupes, je pense, estiment qu'un grand projet consacré au grand âge, à l'autonomie et à la dépendance doit être une priorité dans le but de soulager les personnels soignants, de garantir des conditions de vie décentes aux résidents des EHPAD et d'encourager le maintien à domicile. Ce texte ne doit souffrir, madame la ministre déléguée, d'aucun nouveau report, tant la crise sanitaire a mis en lumière les graves failles de notre système d'accompagnement et de prise en charge de la dépendance. Nous devons y veiller tous ensemble, quels que soient les bancs où nous siégeons.