Il est formellement interdit de broyer vivant un chiot nouveau-né pour s'en débarrasser, mais broyer vivant un poussin dans un élevage, c'est possible. Il est formellement interdit d'arracher à vif les poils de son lapin domestique pour en faire de la fourrure, mais rien ne l'empêche pour un lapin d'élevage.
Cette proposition de loi a donc été inventée par la majorité pour se donner bonne figure et donner l'illusion qu'elle se préoccupe de la condition animale. Mais en refusant catégoriquement de s'attaquer aux lobbies de la chasse et de l'agrobusiness, elle a produit une loi incohérente. Certains animaux, notamment ceux des particuliers, sont jugés suffisamment proches des préoccupations du grand public pour être protégés contre la maltraitance, mais ceux qui en sont éloignés ne le seront pas.
C'est la raison pour laquelle on s'escrime à tenir les pratiques de la chasse et de l'élevage industriel hors de la vue du grand public. Que ce soit par la traque des lanceurs d'alerte, par la création de la cellule Demeter et, récemment, par une communication édifiante d'une mission d'information parlementaire, pilotée par Les Républicains et La République en marche, qui a demandé que soit renforcé l'arsenal pénal contre les militants anti-glyphosate, végans ou anti-chasse : au lieu de protéger les animaux, on criminalise ceux qui cherchent à enrichir le débat public par une information légitime et essentielle.
On ne peut pas avoir un véritable débat démocratique éclairé sans informations exactes ; or la majorité fait tout pour qu'on ne débatte pas de ces sujets et qu'il soit même impossible d'en débattre, en empêchant de faire la lumière sur les véritables pratiques des élevages industriels, bref, en criminalisant des lanceurs d'alerte.