Intervention de Philippe Latombe

Séance en hémicycle du mardi 2 février 2021 à 15h00
Prorogation de l'État d'urgence sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Latombe :

Je serai concis, beaucoup ayant déjà été dit au sujet de l'état d'urgence, de sa prorogation dans le cadre de ce projet de loi, et de l'échec de la CMP ; échec que le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés regrette vivement, et qui a eu lieu dans un contexte médiatique fortement marqué par l'anticipation d'un hypothétique reconfinement. C'est d'ailleurs sur cette seule question que la CMP a échoué : comment faire pour que le Parlement vote en cas de prolongation d'un confinement ? Des propositions constructives ont été mises sur la table, y compris par l'exécutif, après une longue discussion. À cet égard, je souhaite remercier ici la présidente de la commission des lois et les députés présents à la CMP.

Suivant le parallélisme des formes, l'exécutif avait pris l'engagement d'organiser, en cas de confinement au-delà de six semaines, un débat conformément à l'article 50-1 de la Constitution, suivi d'un vote. Cela a achoppé, alors que pour le reste, des accords avaient été trouvés. C'est vraiment dommage.

Sur le reste du texte soumis à la nouvelle lecture, je souhaite revenir sur les points que le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés estime importants. En premier lieu, notre groupe est pleinement satisfait que le texte d'inscription dans le droit commun des mesures d'état d'urgence sanitaire soit examiné plus tard, lorsque la situation sanitaire face à la crise de la covid-19 sera apaisée. Les événements récents concernant les délais de livraison des vaccins ou la gestion des frontières montrent que nous continuons à apprendre sur la gestion de l'épidémie.

Dès lors, le projet de loi que nous examinons aujourd'hui est nécessaire. Comme cela a été écrit dans l'étude d'impact, la situation laisse craindre une potentielle nouvelle flambée de l'épidémie dans les semaines à venir ; aucun indicateur ne permet pour l'instant d'envisager une amélioration nette et rapide de la situation. Nous le voyons, le Gouvernement doit en permanence ajuster les mesures visant à assurer la sécurité sanitaire en fonction de l'évolution de la pandémie. Aussi doit-il pouvoir prendre et annoncer des dispositions rapidement. Celles-ci sont parfois d'autant plus indispensables que nous sommes confrontés à l'arrivée sur notre territoire de nouveaux variants qui peuvent entraîner une contamination plus rapide. Nous devons donc donner au Gouvernement un cadre juridique d'action qui s'inscrit dans des délais adaptés aux enjeux sanitaires. Pour notre groupe, ceux proposés dans le texte sont pertinents. Nous notons d'ailleurs avec satisfaction l'inscription dans la loi elle-même des dispositions de l'article 4, alors qu'il avait été question ab initio, avant le passage en conseil des ministres, d'un renvoi à un décret en Conseil d'État. Le rôle du Parlement est ainsi conforté, ce qui nous satisfait. De même, la suppression de l'article 3 par amendement en commission des lois, qui a fait l'unanimité des groupes politiques à l'Assemblée comme au Sénat, est saluée par l'ensemble des membres du groupe.

En troisième lieu, l'examen du texte montre la capacité du Parlement à travailler lors de situations d'urgence, même lorsque le calendrier parlementaire est dense. Nous pensons que donner un cadre juridique d'action rapide au Gouvernement n'est pas contraire au rôle du Parlement, à certaines conditions : ainsi, le Parlement ne se dessaisit pas en totalité des moyens de contrôle de l'exécutif, car il conserve sa capacité à convoquer devant les commissions ad hoc les membres du Gouvernement et hauts fonctionnaires chargés de la gestion de la pandémie. En outre, les parlementaires conservent individuellement les moyens d'interroger les ministères ou l'administration à tout moment. Madame la ministre déléguée, je salue d'ailleurs le fait que vous ayez été, avec votre ministre de tutelle, aussi présents pour répondre, en commission ou lors des questions d'actualité, aux questions sur les moyens appliqués par l'exécutif depuis un an.

Pour autant, ces possibilités parlementaires ne peuvent être efficaces qu'à la condition que la transparence dans les réponses et les chiffres soit réelle. Nous l'avons vu avec les masques ou les tests, nos concitoyens veulent savoir et être considérés en adultes. Il en va de même actuellement avec les vaccins. La transparence est nécessaire pour permettre l'adhésion de tous aux mesures privatives de liberté qui doivent sanitairement être prises. Je salue en cela les informations sur les livraisons de vaccins que vous fournissez quotidiennement ; nos concitoyens en attendent beaucoup et nous les leur devons.

Enfin, une autre condition qui me tient particulièrement à coeur concerne des projets de ratification des ordonnances. Nous comptons sur vous pour que ces projets soient déposés sur le bureau de l'Assemblée immédiatement après la publication desdites ordonnances, et que leur examen soit programmé très rapidement, sans délai, même dans un calendrier parlementaire contraint. Ces points ayant été mis en exergue, le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés est favorable au texte et votera en sa faveur.

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