Dans l'esprit public, il semble naturel de déléguer les pleins pouvoirs et de reporter la fin de l'état d'urgence de semaine en semaine, voire de mois en mois. En témoignent nos débats fort peu animés de ce soir, que nous prévoyons d'ailleurs de conclure avant le dîner ou juste après.
Or nous discutons bien d'un sujet fondamental. Donnons-nous à nouveau les pleins pouvoirs à l'exécutif ? Pourra-t-il décider seul d'un nouveau confinement ? Pourra-t-il décider seul que le couvre-feu ne commencera plus à dix-huit heures mais à vingt heures, avant d'opter à nouveau pour dix-huit heures ? Pourra-t-il décréter seul que les commerces devront fermer ? Au fond, nous sommes en train de décider de remettre notre vie quotidienne entre les mains d'un seul homme.
Nous ne décidons pas du contenu des mesures, mais du contenant. Je le répète, acceptons-nous de remettre ces pouvoirs entre les mains d'un seul homme ? Et je constate donc qu'il semble naturel qu'en temps de crise nous remettions tout entre les mains des autorités. Cette banalisation, signalée par M. Gosselin, est désormais évidente.