Dans un ouvrage intitulé Idéal laïque… Concorde du monde, publié en 1963, Jean Cotereau cite le vers d'un poète du XVIe siècle, resté gravé dans sa mémoire : « Il méditait en lui la concorde du monde ». Ce vers était dédié à un humaniste, Guillaume Postel, né en 1510 et mort en 1581, qui avait écrit, entre autres, quatre livres consacrés à la concorde, dont La Concorde du monde et Le Livre de la concorde entre le Coran, ou loi de Mahomet, et les évangélistes – je tenais à mentionner ce dernier ouvrage, dont le titre dit beaucoup de choses.
À la même époque, un autre grand humaniste, Montaigne, énonçait dans un célèbre chapitre de ses Essais, intitulé « De l'institution des enfants », quelques principes pédagogiques, qui seraient d'ailleurs intégrés ultérieurement dans la conception de base de l'enseignement public. Ces principes s'adressaient au précepteur et à son élève : « Qu'il lui fasse tout passer par l'étamine et ne loge rien en sa tête par simple autorité et à crédit [… ]. Qu'on lui propose cette diversité de jugements : il choisira s'il peut, sinon il demeurera en doute. » Montaigne ajoutait à la suite un vers de Dante : « Non moins que savoir, doute m'agrée ».
Comme beaucoup d'entre nous ici, je suis souvent en doute, je l'avoue. Je garde en mémoire une phrase entendue lorsque j'étais nouveau député, prononcée, je crois, par Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques, citant lui-même un auteur du code civil : il ne faut légiférer que d'une main tremblante.