C'est quand même un vrai problème ! Qu'une institution de l'aide publique au développement recoure à des paradis fiscaux, il y a décidément quelque chose encore qui ne tourne pas rond et je ne vois pas les améliorations du texte en la matière.
La mainmise du privé sur l'aide publique au développement est un oxymore, une véritable alliance des contraires, contre laquelle il faut impérativement se mobiliser. En effet, en dix ans, plus de 70 % des investissements de Proparco ont concerné des projets agro-industriels, alors qu'en 2018 moins de 20 % de l'aide publique au développement bénéficiait aux secteurs sociaux. Nous assistons donc à une véritable dérive. La montée en puissance des prêts à la place des dons est, de la même manière, une dénaturation de l'aide publique au développement. On glisse ainsi vers des objectifs qui m'inquiètent car ils mettent en lumière, je le répète, le décalage entre les paroles et les actes.
Je terminerai mon propos en évoquant l'une des hypocrisies du moment – il y en a quand même un paquet. Concernant le vaccin, monsieur le ministre, dont vous avez parlé tout à l'heure lorsque vous avez évoqué le bien commun : vous souvenez-vous du refus français de soutenir l'Inde et l'Afrique du Sud à l'Organisation mondiale de la santé lorsqu'ils ont demandé de suspendre les droits intellectuels sur les vaccins et les médicaments durant la pandémie ? Alors que nous siégeons à l'OMS, sans être dépendants de l'Union européenne, la France n'a pas soutenu ces pays. Il faut impérativement sortir du système d'exploitation néo-libérale. Si ces grands écarts, voire ces contradictions, ne vous dérangent pas, puisque La République en marche vit sous l'ère du « en même temps », je vous assure que nous, nous les condamnons, nous les contestons et nous ne les voterons pas.