Intervention de M'jid El Guerrab

Séance en hémicycle du mercredi 17 février 2021 à 21h15
Lutte contre les inégalités mondiales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaM'jid El Guerrab :

Mais nous avons adopté le texte en commission et je remercie l'ensemble de mes collègues avec qui nous avons travaillé pendant deux jours. Méconnue de la majorité de nos compatriotes mais source de fantasmes chez certains de nos partenaires, notre politique d'aide publique au développement n'en constitue pas moins une dimension importante de notre diplomatie. Pour cela, il est urgent, monsieur le ministre, de muscler notre dispositif de communication, de promouvoir et d'expliquer l'action de la France, menée grâce à nos postes diplomatiques et consulaires comme à nos opérateurs. Ce ne doit plus être un tabou.

C'est tout le sens des amendements identiques que nous avons défendus, Frédéric Petit et moi-même, visant à intégrer pleinement les élus des Français établis hors de France au conseil local du développement, placé sous l'autorité de nos ambassadeurs. Les entrepreneurs locaux, à l'image de mon ami l'excellent Gérard Sénac, responsable d'Eiffage au Sénégal depuis plus de trente ans, que vous connaissez, monsieur le ministre, et tous les élus consulaires qui l'entourent sont légitimes pour intervenir sur ces questions.

Les avancées de ce texte constituent des progrès pour le Parlement, pour nos partenaires, ainsi que pour nos compatriotes résidant en France ou à l'étranger. L'article 2 renforce l'information du Parlement ; l'article 6 promeut les dispositifs de volontariat à l'international ; l'article 7 fait d'Expertise France une filiale de l'AFD.

Avec ce texte, la France ambitionne de se doter de moyens pour lutter plus efficacement contre les inégalités mondiales et pour protéger les biens publics mondiaux, alors que la pandémie que nous traversons rebat les cartes de l'ordre mondial.

La trajectoire à la hausse des crédits alloués à l'aide publique au développement, conformément à l'engagement du Président de la République de la porter de la France à 0,55 % du revenu national brut en 2022, est une excellente nouvelle. Je ne doute pas que pendant les débats nous pourrons aller au-delà, et pourront atteindre les 0,7 % en 2025, comme le demandent différents amendements.

Conformément à son ADN, le groupe Agir ensemble a souhaité amender de manière constructive ce projet de loi. Nous défendrons notamment le respect entier des objectifs du développement durable, avec un amendement de ma collègue Aina Kuric, la création des dispositifs innovants comme le 1 % logement solidarité internationale, avec un amendement de mon collègue Vincent Ledoux, le renforcement de l'alliance avec la Caisse des dépôts et consignations ou encore la construction de la Communauté méditerranéenne des énergies renouvelables, que je défendrai en cohérence avec la résolution sur ce sujet adoptée ici même à la quasi-unanimité le 26 novembre dernier. Dans la continuité du discours du Président de la République prononcé à Ouagadougou, il s'agit, pour nous, de prolonger la séquence législative aux contenus internationaux entamée depuis l'automne avec le projet de loi relatif à la restitution de biens culturels au Sénégal et au Bénin.

La fin du franc CFA ouvre un nouveau cycle dans les relations entre la France et le continent africain. Les questions mémorielles, les diasporas ou encore la francophonie ne peuvent plus être les grandes oubliées des politiques de développement ; elles doivent se situer en son centre : c'est bien d'un changement de paradigme qu'il s'agit ici, pour mettre fin aux discours fatalistes. La résilience dont ont su faire preuve un bon nombre d'États africains constitue l'un des principaux enseignements de la crise sanitaire que nous traversons. Il nous incombe de considérer cette nouvelle programmation dans un cadre partenarial gagnant-gagnant et de sortir du cliché misérabiliste de l'aide publique au développement. L'Afrique change, notre politique d'aide publique au développement doit s'adapter ; comme dirait feu le colonel Thomas Sankara, pour y parvenir, « osons inventer l'avenir ».

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