Renforcer, concentrer sur les priorités, mieux évaluer l'aide est indispensable. Mais cela ne doit pas nous affranchir d'autres réformes aussi importantes, comme l'a souligné Dominique Potier. Il faut de l'entraide – c'est un terme que vous avez employé, monsieur le ministre – , mais que pèsera cette entraide si l'on continue à exploiter les ressources au-delà des limites planétaires ? Il faut de l'entraide, mais que pèsera-t-elle sans un profond renouvellement des échanges commerciaux entre pays, sans autre option que ces grands traités de libre-échange qui s'affranchissent de l'accord de Paris et qui, bien souvent, contribuent à l'appauvrissement des plus vulnérables ?
Nous avons débattu, en commission, de la trajectoire financière ; nous en débattrons à nouveau ce soir et vendredi. Mais au-delà, c'est vers les priorités géographiques, les priorités sectorielles, les priorités en matière d'instruments que nous devons orienter nos efforts. Ces priorités ont tant manqué à notre aide publique au développement, et depuis tant d'années : l'accès aux services de base pour tous, l'éducation, la santé, l'accès à l'eau, l'assainissement, le logement, l'égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre le changement climatique et, surtout, l'adaptation au dérèglement climatique, et la préservation des biens publics mondiaux.
Nous avons salué l'engagement du Président de la République de faire du vaccin un bien public mondial. Pour qu'il soit accessible à tous, il va falloir passer maintenant de la parole aux actes : ce sera évidemment moins facile.
Enfin, je salue bien sûr la concentration de notre aide en direction des pays pauvres prioritaires, en particulier en Afrique.
Revenons à cette trajectoire financière. C'est peut-être inédit, je le disais, de voter une programmation sur un exercice budgétaire. Ce texte se veut programmatique : que propose-t-il de plus que ce que pourrait faire un projet de loi de finances pour l'année prochaine ?