Que la France assigne certaines priorités à sa politique étrangère et de développement, ce n'est pas du tout contradictoire avec la déclaration de Busan, qui dit bien qu'on doit aligner notre stratégie avec les besoins des populations. Vous-même avez proposé un certain nombre d'amendements qui tendaient à définir des priorités. Il ne s'agit pas forcément de les fixer ad vitam eternam. En ce moment, c'est, par exemple, l'éducation, la santé et l'adaptation aux changements climatiques.
Il ne faut certes pas que ce soit la seule priorité qui guide l'action de la France. Nous avons d'ailleurs inscrit dans ce cadre de partenariat stratégique – et c'est une innovation – la question des CLD, des contrats locaux de développement, qui sont des instruments de dialogue, de politique publique pour faire en sorte que les priorités françaises et celles du pays partie au contrat soient prises en considération de façon cohérente et coordonnée.
Pour ma part, j'assume le fait que notre politique internationale soit fondée sur des valeurs – auxquelles vous êtes vous-même attaché, vous le dites souvent – et une approche par les droits. « Projeter » ne veut pas dire « imposer » : « projeter » , c'est la capacité à dire en dehors de notre maison, en dehors du territoire français, que l'on partage un certain nombre de valeurs, nous l'avons déjà dit ici, en matière de droits humains, de lutte contre les mutilations et les violences à l'encontre des jeunes filles et des jeunes femmes.
Par ailleurs l'intérêt n'est pas synonyme d'égoïsme : j'ai plutôt intérêt à ce qu'on réduise la pauvreté, les inégalités partout dans le monde ; j'ai plutôt intérêt à ce que la plus grande partie de l'humanité soit vaccinée si je veux que l'on sorte définitivement de cette pandémie mondiale.
Enfin l'Europe, ce n'est pas seulement le Consensus européen : c'est aussi la politique de la Commission européenne en matière notamment de neutralité carbone, ou encore les décisions du Conseil de l'Europe. Il ne s'agit pas d'en limiter le sens par une telle précision. Défavorable.