Permettez-moi un retour en arrière. Dans les années 1990, jeune journaliste, j'accompagnais Médecins sans frontières sur plusieurs fronts de guerre civile, comme au Libéria, ou, durant les génocides, au Rwanda et au Burundi. Au sentiment d'impuissance qui nous prenait à la gorge devant trop de morts et à la vue de camps de réfugiés qui s'agrandissaient à perte de vue, s'ajoutait la honte. J'ai ainsi interviewé des médecins qui, devant ma caméra, pleuraient de la honte d'être français, d'être occidentaux. À des milliers de kilomètres de là, l'indifférence était à peu près générale, tandis que, sur le terrain, les médecins triaient jour et nuit les enfants pouvant être soignés et ceux que leurs parents devaient remporter dans leurs bras. C'est un gâchis humain incommensurable, auquel s'ajoutent l'amertume, la honte et un terrible constat d'impuissance.
Le respect des droits de l'enfant n'est pas seulement un impératif de justice sociale : c'est également une façon de défendre les intérêts de la France. C'est aujourd'hui un vrai sentiment de fierté qui m'anime face à ce nouvel élan de diplomatie solidaire au niveau mondial, où il est question de prévention et d'attention à autrui. Ces notions peuvent paraître un peu galvaudées, mais ce sont les remèdes à de nombreux maux dans une société d'interdépendance, où nous devons gagner les batailles décisives de l'éducation et de l'égalité.