Si nul n'est dupe de la manoeuvre politique, la question majeure qui intéresse les Français demeure de savoir quelles suites opérationnelles vous entendez réserver à cette réforme de la Constitution.
Eh bien, l'examen en commission spéciale du projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique semble donner le ton : selon nous, c'est une loi brouillonne, qui multiplie les mesures d'ajustement et les dispositions accessoires. Elle ne traduit aucune ambition réelle, faute de s'inscrire dans une perspective de transformation économique, écologique et sociale à long terme.
Vous prétendez concilier la préservation de l'environnement avec la logique de l'autorégulation des marchés. Même si vous ne l'affirmez pas explicitement, votre credo est que la concurrence libre et non faussée finira d'elle-même par faire de l'écologie une opportunité économique majeure pour l'économie de marché, le rôle de l'État ne consistant qu'à accompagner ce mouvement en évitant de trop dépenser et de faire peser des obligations de résultat sur les grandes entreprises.
Les déboires du PDG de Danone devraient pourtant vous ouvrir les yeux : les dividendes et les cours de bourse, toujours à la hausse, demeurent et demeureront encore longtemps l'unique boussole de ceux pour qui la responsabilité sociale et sociétale n'est que de la publicité mensongère.