Intervention de Sébastien Nadot

Séance en hémicycle du mardi 23 mars 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Culture en occitanie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Nadot :

Elle s'adresse à Mme la ministre Roselyne Bachelot, à qui je souhaite un prompt rétablissement. Qu'elle nous revienne au plus vite, et en forme, car il y a de quoi faire !

Depuis un an, la France a mis la culture à l'arrêt, ce qui se vit comme une souffrance à Toulouse et en Occitanie. Les quais de la Garonne, chantés par Claude Nougaro, sont fermés, et les voix des ténors enrhumés ne résonnent plus dans le théâtre du Capitole. Seule l'église Saint-Sernin continue d'illuminer le soir : le culte, oui – et c'est tant mieux – , la culture, non !

Tel est le triste quotidien à Toulouse : pour l'aéronautique, les avions sont au sol ; pour les 100 000 étudiants, les études sont au placard ; la culture du rugby doit se passer de la castagne des amateurs ; en matière de gastronomie, il ne nous reste guère plus que nos chocolatines. La culture populaire, qui faisait la fierté de la ville rose – petits festivals, théâtres, bars, restaurants, expositions et cinémas – n'est plus qu'un souvenir. Cité de l'espace, Quai des savoirs, Piste des géants, Muséum d'histoire naturelle, Aeroscopia, Halle de La Machine : la culture scientifique, spécificité de Toulouse, connaît le même sort.

Du carnaval à la fête de la musique, du musée des Abattoirs à celui des Augustins, la même misère… Pourquoi jeunes et moins jeunes sont-ils à ce point sacrifiés quand la grande soeur pyrénéenne, Barcelone, a su garder la flamme de la culture allumée ? L'Occitanie n'est pas l'Île-de-France, madame la ministre.

Les professionnels sont également en grande souffrance. La crise culturelle est grave. Voici venu le temps des précaires parmi les précaires : les vieilles fesses en ruine de Corinne Masiero comme un slogan.

Les mesures du Gouvernement ont permis à beaucoup de tenir financièrement jusqu'ici, mais cela ne suffit plus. Il faut pouvoir penser demain en nous indiquant clairement les scénarios mis en balance. « Le printemps est inexorable » écrivait Pablo Neruda. La pandémie aura eu le mérite de montrer qu'au pays de l'exception culturelle, la culture n'est pas inscrite comme un droit fondamental dans la Constitution. Il faudra bien se pencher sur cette étrangeté.

Dès votre rétablissement, madame la ministre, j'espère pouvoir échanger avec vous sur ce sujet essentiel, de préférence sur nos belles terres du Sud-Ouest. En attendant, madame la ministre, « Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin. »

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