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Il convient de rappeler les raisons pour lesquelles l'usage du glyphosate s'est développé. Je suis agriculteur et je me souviens de l'arrivée de ce produit sur l'exploitation de mon père, dans les années 1970. Au tout début, son utilisation était très onéreuse : on en pulvérisait douze litres à l'hectare pour éliminer des vivaces dont il n'était pas possible de se débarrasser autrement à l'époque, comme les chardons ou les roseaux. Dans les années 1980, des écologiste...
... sanitaires en tout cas, que ce que nous savions lors du débat en première lecture – , il n'y a pas d'urgence sanitaire. Je pèse mes mots. Certes, la question du principe de précaution se pose. Des incertitudes subsistent touchant les études sur lesquelles se sont fondés le CIRC – Centre international de recherche sur le cancer – , comme d'autres agences. Quant à l'étude qui incrimine le plus le glyphosate, elle a été interprétée de deux façons différentes par des chercheurs différents. Je vous vois faire non de la tête.
...inion n'en veut plus, alors qu'elle est à l'origine de belles réalisations. Cela n'est pas sans m'interroger. Une commission d'enquête s'est penchée sur le risque bactériologique sans faire beaucoup de bruit, alors que les menaces qu'il présente – il a déjà tué – sont plus graves que celles du risque chimique, qui est mieux maîtrisé et qui coûte beaucoup plus cher. Plus qu'un enjeu sanitaire, le glyphosate représente un véritable enjeu environnemental puisque c'est un herbicide universel – cela a déjà rappelé maintes fois par Dominique Potier et d'autres acteurs qui connaissent bien l'agriculture. Il détériore les sols, si bien qu'on finit par nourrir directement les plantes. On en arrive à faire de grandes cultures en hors sol. Tel est le résultat de quarante à cinquante ans d'évolution de l'agron...
Disant cela, je n'engage que moi. Comme s'il y avait urgence, on vise l'interdiction totale du glyphosate d'ici à trois ans, ce qui implique un gros accompagnement : pour ma part, je serais contre la destruction de filières, la mise à mal de territoires pour respecter ce délai de trois ans. Pourquoi ne pas accorder, si nécessaire, douze mois d'accompagnement supplémentaires ? Il ne s'agit pas seulement de la destruction d'emplois, il s'agit de se montrer raisonnable. Encore une fois, à ce que je sais...
...ela me paraît un symbole : celui d'un vide. Il est incroyable qu'il n'y ait pas eu depuis une dizaine d'années quelqu'un pour passer dans son exploitation, pour le conseiller et pour chercher avec lui de petites solutions simples. Dix hectares par dix hectares, il est en train de passer la totalité de son exploitation en bio et il m'a expliqué ce qu'il utilisait. Auparavant, son père bouffait du glyphosate et c'était entre eux le sujet qui fâche. Grâce à cette conversion, il a le bonheur de pouvoir remplir des semoirs de semences sans en prendre plein les narines. Il m'a également expliqué qu'il remplaçait les produits par des rotations, par exemple en ne cultivant jamais deux céréales consécutivement, mais en alternant céréales et légumes. Il m'a expliqué toutes ses méthodes de production. S'agi...
...l'épouse ou l'époux a une autre activité professionnelle, travaille a l'extérieur. D'ailleurs, les paysans d'aujourd'hui – j'emploie le terme volontairement – , du fait même que leurs conjoints et leurs enfants sont dans la société, se trouvent eux-mêmes confrontés, quoi qu'on puisse en penser, à toutes les interrogations, à tous les grands problèmes de société, et notamment ceux qui sont liés au glyphosate. Il ne faut pas croire que la paysannerie française fait preuve d'inconscience quant aux produits qu'elle utilise. Mais, il y a aussi un système agricole, une recherche de rentabilité qui entretiennent cette contradiction continuelle. Les états généraux de l'alimentation ont suscité un vent d'espoir. Peut-être sceptique de nature, j'étais, franchement, plutôt dubitatif. Dans le discours prononcé...
...u terrain. Si les producteurs ont recours à ces produits, ce n'est jamais avec plaisir, mais pour protéger leurs cultures, car des solutions préventives de type vaccins n'existent pas, et les solutions alternatives ne sont pas encore suffisantes et impliquent des changements profonds, comme le souligne le récent rapport de l'Institut national de la recherche agronomique – INRA – sur les usages du glyphosate et les alternatives à ce produit dans l'agriculture française. En outre, aucune étude d'impact de la proposition n'a été faite ni sur le plan économique ni sur le plan de la déstructuration d'une partie de la recherche appliquée.
... nous mettent face à un compte à rebours. Deuxièmement, le degré de certitude scientifique d'ores et déjà acquis sur le lien entre ces dégâts irréversibles et les pesticides engagent désormais non seulement la responsabilité morale et politique des pouvoirs publics, mais aussi leur responsabilité juridique, voire pénale. Cela signifie que tout produit notoirement dangereux doit être interdit. Le glyphosate est cancérogène probable : il doit être interdit. À elle seule, l'affaire des Monsanto papers, qui est la plus grande falsification scientifique de l'histoire, doit justifier notre décision. Quand des pesticides sont classés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens, ils doivent être interdits. Quand des scientifiques alertent sur les fongicides SDHi – inhibiteurs de la s...
...nt de réduire drastiquement l'usage des produits phytosanitaires, comme l'agriculture biologique, mais également l'agriculture de conversion. La proposition, formulée dans le rapport, de consacrer 15 % de surface agricole utile à l'agriculture biologique d'ici à 2022 a été introduite dans le projet de loi en commission. Les députés du groupe La République en marche s'en félicitent. S'agissant du glyphosate, il faut saluer la volonté du Président de la République et son engagement d'en finir avec ce produit d'ici à trois ans, tout en accompagnant les agriculteurs dans cette transition. Je salue l'engagement des acteurs, mobilisés sur cette question depuis le Salon de l'agriculture.
...liorer la qualité des produits pour les consommateurs. Nous nous heurtons à plusieurs difficultés. D'abord, il n'y a pas de position commune à l'échelle européenne. Les amendements que nous adopterons ont vocation à donner un cap permettant au Gouvernement de défendre, à l'échelle européenne, des mesures acceptables et responsables. Ensuite, il semble nécessaire de développer les alternatives au glyphosate – je m'appuie pour dire cela sur un rapport cosigné par André Chassaigne. Selon l'INRA, ces alternatives existent, même s'il demeure des impasses. Ce ne sont pas les ONG environnementales qui le disent, mais l'Institut national de la recherche agronomique qui, saisi le 2 novembre, a remis un rapport scientifique aux ministres compétents. Cette contribution pèsera lourd dans le débat sur l'herbic...
...ouent ne pas pouvoir se passer pour certaines cultures et bien qu'ils expérimentent de nouvelles pratiques agricoles. Je pense en particulier à un voisin, Antoine, paysan agronome, avec lequel j'ai très souvent discuté de ces sujets. Il pratique une agriculture raisonnée, réalise des semis sous couvert et tente d'adopter de nouvelles pratiques agricoles. Pourtant, il n'hésite pas à dire que, sans glyphosate, il ne saurait pas faire. Tout à l'heure, Delphine Batho a qualifié cette molécule de probablement dangereuse.
Mais si l'on nous disait demain que les ondes sont probablement dangereuses, arrêterions-nous d'utiliser notre téléphone ? Je ne le pense pas. Je partage donc les interventions de certains de mes collègues, pour qui il faut traiter les situations, filière par filière, de façon extrêmement technique, afin de déterminer si certains produits peuvent se substituer au glyphosate, et accompagner les agriculteurs, de telle sorte qu'ils puissent continuer de produire ce qui est nécessaire à l'alimentation humaine. Car tel est bien l'objet de l'agriculture : pouvoir produire des fruits, des légumes, de la viande, du vin, des céréales. Or tous les céréaliers vous disent que, sans glyphosate, ils ne savent pas faire. J'aimerais donc, chers collègues, que ce débat nous donne l...
Cancérogène probable », c'est ainsi que l'OMS classe le glyphosate. Et le glyphosate est le seul cancérogène probable encore autorisé en France et en Europe.
... surtout pas se lancer dans une guerre de tranchées – pour reprendre une expression qui vient d'être employée et que je n'apprécie pas. Il faut faire avec eux et les convaincre. Les produits phytosanitaires présentent des inconvénients, mais n'oublions pas que, si on les utilise, c'est parce qu'ils ont apporté, à un moment donné, des solutions. Le jour où mon grand-père – il ne s'agissait pas de glyphosate à l'époque – a pu récolter un blé qui n'était pas envahi de mauvaises herbes, lesquelles n'étaient pas mûres en même temps que le blé, ce qui compliquait vraiment la récolte ; le jour où il est passé de quinze à vingt-cinq quintaux, où, cette année-là, il a pu gagner sa vie et celle de sa famille ; ce jour-là a été pour lui une révolution. Avec tous les inconvénients qu'il peut comporter, le rec...
...la mesure : de même, il faut distinguer le médecin du pharmacien. Mais, aujourd'hui, nos coopératives, nos négociants travaillent avec des conseillers de terrain : l'adaptation va être difficile, elle va demander du temps et de l'organisation ; il va falloir y réfléchir. Comme l'a dit Thierry Benoit, gardons-nous donc de décisions trop radicales ; accompagnons plutôt le mouvement. S'agissant du glyphosate, qui va servir de symbole dans le débat, la meilleure stratégie est d'agir sur le prix. Aujourd'hui, ce produit est très peu onéreux, donc très facile d'utilisation. Je suis persuadé qu'il existe des marges de progression par la formation à l'emploi d'autres méthodes. Si l'on joue sur le prix du glyphosate par l'intermédiaire de la redevance pour pollutions diffuses, taxe sur les phytosanitaires,...
Je ne reviendrai pas sur les aspects déjà développés par Sébastien Jumel. Il y a eu l'avant glyphosate, puisque nous nous sommes longtemps passés de ce produit ; nous sommes dans la période glyphosate ; il y aura un après glyphosate – et, en ce qui me concerne, le plus tôt sera le mieux. Mais on ne peut pas passer d'une phase à l'autre brutalement et sans accompagnement. On a parlé d'harmonisation européenne. Bien entendu, les questions en discussion doivent être largement partagées au niveau eur...
...aient très dangereux pour l'alimentation humaine. Tout cela s'est fait de manière progressive. Restons donc dans ce cadre, tout en continuant de permettre à notre agriculture de développer la recherche et d'être concurrentielle face à ses voisines, notamment au sein de l'Union européenne. N'allons pas surtransposer des normes : chaque surtransposition pénalise nos agriculteurs. Si, alors que le glyphosate est autorisé pour cinq ans dans le reste de l'Union, nous limitons à deux ou trois ans la durée de cette autorisation, nous allons pénaliser les agriculteurs sans rien changer pour le consommateur. On l'a vu pour certains produits insecticides servant à traiter les cerises et les fraises. En interdisant en France des produits employés chez nos voisins et concurrents au sein de l'Union, on n'améli...
...Mais aussi, cela n'a pas encore été dit, la stérilisation des sols agricoles, par l'accumulation pendant plus d'un demi-siècle de pesticides et de métaux lourds, l'érosion causée par l'agriculture chimique et au final les pertes de rendement que nous commençons à mesurer d'une manière tangible et assez significative. L'utilisation massive de pesticides est également un scandale sanitaire majeur. Glyphosate et autres pesticides se retrouvent aujourd'hui dans les aliments que nous consommons quotidiennement. Une étude a récemment montré que les céréales que nos enfants consomment sont contaminées à plus de 50 % par le glyphosate… Aujourd'hui, les fongicides SDHI – inhibiteurs de la succinate déshydrogénase – dont Delphine Batho parlait tout à l'heure sont aussi très massivement présents dans tous nos...
...nir, cher collègue, j'espère que vous avez voté l'ensemble des amendements que nous avons déposés sur le titre Ier du texte, au sujet des indicateurs de prix. J'espère aussi que vous serez à nos côtés pour demander une loi qui régule, une loi qui protège, et une loi qui force les grands distributeurs à prendre en compte le pouvoir d'achat des agriculteurs. Mais vous étiez hors sujet s'agissant du glyphosate.
Pour ne nommer personne, je vais répondre à nos collègues des groupes UDI-Agir et Les Républicains qui nous ont dit que le groupe La République en marche et le Gouvernement manquaient de pragmatisme et de cohésion sur la question du glyphosate. Je tiens juste à vous dire que ce texte ne parle à aucun moment de la suppression du glyphosate ! Nos agriculteurs, aujourd'hui, font énormément d'efforts pour réduire l'usage du glyphosate, et c'est pour cela que nous n'avons pas inscrit sa suppression dans notre texte. Dans l'agriculture de conservation, les quantités de glyphosate utilisées sont comprises entre 0,7 et 1 litre par hectare, al...