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Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission des lois, monsieur le rapporteur, de 1853 à 2018, en passant par 1946, 1988 et 1998, l'histoire de la Nouvelle-Calédonie est faite de dates importantes, comme des rendez-vous pris avec le temps, un temps long – comme l'est aussi celui de l'histoire – pour réussir à construire dans la durée. Alors que je m'exprime à cette tribune, cet après-midi, il est très tard en Nouvelle-Calédonie ; plus exactement, c'est le matin, très tôt. Lorsque le jour se lèvera là-bas, dans quelques heures, j'espè...
...pporteur, mes chers collègues, je ne prétendrai pas avoir une connaissance aussi aigüe du dossier néo-calédonien que l'ensemble des orateurs qui m'ont précédé à cette tribune. Pour tout vous dire, le 26 juin 1988, je n'étais pas né ! Ce que je vous dirai, c'est ce qui m'a été raconté par les Premiers ministres qui se sont succédé sur ce dossier, et par leurs collaborateurs. C'est là en effet une histoire de Premiers ministres. Deux d'entre eux viennent de s'exprimer à cette tribune, mais il convient de les citer tous : Édouard Philippe, Manuel Valls, Lionel Jospin et surtout Michel Rocard. L'importance de ce dernier dans ce dossier m'a été racontée par son ami, le président de la région Île-de-France Jean-Paul Huchon. Je le dis par respect pour lui autant que par souci de la réalité. C'était un ...
.... Nous attendons d'ailleurs de savoir quelle sera la question posée lors de ce référendum : sera-ce celle inscrite dans l'Accord de Nouméa ? Vous savez tout aussi bien que moi l'importance de la formulation de la question lors de ce type de consultation. En outre, cet accord n'est pas incompatible avec l'affirmation par la France de son souhait de garder en son sein la Nouvelle-Calédonie, dont l'histoire se mêle depuis bien longtemps à celle de la métropole. Nous considérons que ce joyau de l'autre côté du monde fait partie intégrante de notre nation, représente un atout pour notre pays et souligne la présence de la France sur les cinq continents. Et, comme vous le savez, nous refusons et combattons depuis longtemps la logique de déconstruction des nations… Si, à l'occasion des scrutins d'autodé...
Mes chers collègues, je suis ravi que nous ayons aujourd'hui l'occasion historique de discuter de l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie à travers la question des contours de ce référendum. Je dis « historique » parce que nous avons une responsabilité collective devant l'histoire. L'intitulé même du titre XIII de la Constitution, « Dispositions transitoires relatives à la Nouvelle-Calédonie », replace cette dernière au coeur d'un processus dynamique d'émancipation au terme duquel nous sommes précisément en train d'arriver. Nous avons donc la responsabilité de préparer la consultation du peuple calédonien, mais aussi et surtout de préparer le jour d'après. Car, comme le s...
...er ma fraternité et ma solidarité envers le peuple kanak et, plus généralement, envers les populations de Nouvelle-Calédonie qui s'exprimeront à l'automne. Je tiens aussi rappeler le souvenir de Yeiwéné Yeiwéné, d'Éloi Machoro, de Jacques Lafleur et bien sûr de Jean-Marie Tjibaou et de Michel Rocard, dont je veux encore souligner le courage politique et la stature d'homme d'État et qui a marqué l'histoire de la France, notamment – mais pas seulement – par cet accord politique. Si la finalité de ce premier article est bien de n'exclure aucun électeur autorisé à prendre part à la consultation qui en serait empêché pour des raisons purement juridiques, notamment ceux qui relèvent du statut civil coutumier, nous le soutenons. En tendant vers l'exhaustivité des listes électorales générales prévues ici...
...l a salués – Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné – est infiniment respectable, il n'est pas possible de ne pas saluer en même temps celle de Jacques Lafleur. C'est Jacques Lafleur qui, chez les non-indépendantistes, a pris la responsabilité de la signature de ces accords. C'est parce que Jacques Lafleur les a signés et qu'il a pris cette responsabilité immense envers les Calédoniens et envers l'histoire que nous sommes là aujourd'hui. Je veux donc réparer cette injustice commise voilà quelques minutes. La place de la Nouvelle-Calédonie, aujourd'hui, dans la France et dans la paix, nous la devons aussi à Jacques Lafleur, aux côtés de Jean-Marie Tjibaou.
... je ne pense pas avoir l'occasion de le faire plus tard, remercier tous les orateurs qui se sont exprimés. J'ai le sentiment que le vote sur ce texte sera unanime, ce qui est très important pour le Gouvernement, pour la représentation parlementaire et pour les Calédoniens. Il est très important de rappeler, comme l'ont fait Philippe Gomès, avec des mots très justes, et d'autres parlementaires, l'histoire de la Nouvelle-Calédonie – tant l'histoire du peuple kanak, évoquée par Alexis Corbière, que la réalité de l'histoire de la France et de son lien avec la Nouvelle-Calédonie, quel que soit le choix qui sera fait. Je souhaite, pour être clair, préciser certaines choses. Premièrement, ce sont les électeurs inscrits sur la liste électorale, et eux seuls, qui choisiront le destin de la Nouvelle-Caléd...
...bien d'un peuple différent : le peuple calédonien assimile et rassemble à la fois le peuple premier – le peuple kanak, autochtone du pays – et l'ensemble des communautés d'Europe, d'Océanie et d'Asie qui, au fil du temps, sont venues bâtir la Nouvelle-Calédonie. Dans ce peuple, vous vous en doutez bien, les couloirs entre les différentes communautés ne sont pas étanches : au fil du temps et de l'histoire, de nombreux métissages sont venus construire le peuple calédonien actuel. C'est ce peuple qui, aujourd'hui, dispose du droit à l'autodétermination, parce que l'Accord de Nouméa le lui a reconnu et parce que la Constitution de la République française l'a permis.
Mes chers collègues, nous appelons donc à un nouveau traité de l'Élysée, comme l'ont fait ce matin nos homologues à Berlin. Nous savons toutes et tous que l'histoire ne relève pas de l'immanence mais bien de la volonté des femmes et des hommes qui sont en situation de choisir et de décider, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. La meilleure manière de faire l'histoire consiste à se hisser au niveau des défis d'une époque, la nôtre, et au niveau des exigences de nos peuples. Nos choix pourront parfois froisser l'actualité, mais ils vaudront pour l'hi...
Mesdames et messieurs, le traité de l'Élysée est un patrimoine que nous devons conserver, mais notre vocation n'est pas celle de conservateurs du patrimoine. À la lumière des défis contemporains, nous devons réactualiser et redonner une énergie nouvelle à l'histoire du couple franco-allemand. L'histoire nous convoque, et s'y dérober serait lâcheté et inconséquence. Aujourd'hui, l'Europe a pris du retard sur la vision de ses pères fondateurs. L'administration des choses paraît s'être substituée au désir de construire l'histoire. Il est difficile, voire parfois impossible, de donner un sens à l'histoire de l'Europe quand la plupart de nos concitoyens n'y voien...
...marché du travail, de conditions de travail équitables, de protection et d'inclusion sociales, ainsi que d'égalité entre les femmes et les hommes ! Travaillons ensemble sur les migrations et l'intégration à l'échelle de l'Europe, faisons vivre les consultations citoyennes, soutenons l'innovation numérique et créons l'Agence européenne de l'innovation ! Nous partageons avec nos amis allemands une histoire commune, des valeurs et des ambitions pour demain. Ensemble, nous sommes le coeur de la construction européenne, ce qui fera de nous les comptables d'éventuels échecs ou les artisans des succès futurs. C'est donc le moment de réaffirmer notre destin commun dans une Europe unie, souveraine, démocratique et solidaire ; c'est le moment de lancer de nouveaux projets porteurs d'espérance ; c'est le mo...
...te ses cinquante-cinq ans. Une génération d'hommes et de femmes courageux s'est levée pour construire une relation nouvelle, solide et amicale avec l'Allemagne. Du courage, il en fallait indiscutablement pour jeter à la rivière les torrents de haine et de souffrance qui ont séparé la France et l'Allemagne. Cette génération s'est incarnée dans deux hommes d'exception, deux hommes d'État que leurs histoires personnelles auraient pu pousser dans des sens contraires : le Chancelier Adenauer et le général de Gaulle, qui ont marqué à jamais notre histoire. Il aura fallu, ne l'oublions pas, dix-huit ans pour que cette réconciliation franco-allemande, inouïe à bien des égards au moment où elle s'est produite, vienne consacrer, par le traité de l'Élysée, l'un des événements historiques les plus importants...
Ce traité, disais-je, fut signé il y a cinquante-cinq ans, le temps de deux générations qui ont oeuvré pour la réconciliation avec passion, avec conviction, avec pragmatisme aussi. Certains y voyaient une nécessité, d'autres des opportunités. Toutes et tous, à leur façon, ont participé à ce mouvement exceptionnel dans l'histoire, un mouvement de réconciliation dont la profondeur n'a aucun équivalent. Vous avez été un de ceux-là, monsieur le président du Bundestag. Le président de Rugy l'a dit, ce n'est pas seulement un honneur mais aussi une fierté de vous accueillir ici, aujourd'hui, cinquante-cinq ans plus tard, pour marquer une nouvelle étape.
L'histoire retiendra que vous avez défendu les intérêts supérieurs de l'Union européenne sans jamais rien sacrifier aux intérêts de votre propre pays.
...'impose de dire que nous avons encore, en France, du chemin à parcourir en la matière. Nous n'avions, nous, aucun doute. Et notre groupe parlementaire, entre 2009 et 2012, soutenant l'action de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement, a toujours été au rendez-vous pour soutenir et voter les mécanismes puissants qui ont stabilisé la zone euro et sauvé notre monnaie. Merci, monsieur le président. L'histoire européenne vous en restera redevable.
...os responsabilités, car il y va de la cohésion européenne dans son ensemble. Sur cette question, mais pas seulement, un fossé se creuse entre deux Europe. Il est de notre devoir commun, France et Allemagne, de ne pas laisser ce fossé s'élargir. Le risque existe, si nous ne prenons pas en compte la sensibilité particulière de nos partenaires de l'est de l'Union européenne, sensibilité liée à leur histoire propre, à leur géographie aussi, de ne pas parvenir à les arrimer profondément à l'Europe, à nos valeurs de démocratie, de liberté, à ce qu'est l'Occident et ce que nous avons en partage. La République fédérale d'Allemagne sait mieux qu'aucun autre pays, car elle l'a vécu au moment où elle a dû se reconstruire, ce que signifie tendre la main et avoir des alliés. L'Allemagne a une responsabilité ...
S'il est important de se souvenir du rôle majeur du couple franco-allemand dans la naissance de l'Europe unie, en ce lundi 22 janvier 2018, nous, parlementaires allemands et français, faisons bien plus que commémorer : nous prenons un nouveau rendez-vous avec l'histoire. Pour la première fois, nos deux parlements votent une résolution commune, ce matin à Berlin, ce soir à Paris. Pour la première fois, le président de l'Assemblée nationale s'est exprimé, en allemand, devant le Bundestag et nous venons d'entendre le président Schäuble s'exprimer devant nous, pour partager une vision commune et voter une résolution commune. Enfin, la diplomatie parlementaire franc...
... coopération dit « de l'Élysée », destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d'Allemagne. Nous saluons ces deux grands hommes d'État, qui ont eu le courage de penser qu'il était possible, non seulement de réconcilier ces deux peuples qui s'étaient tant affrontés, mais même d'unir leurs destins, sortant par là même du rôle d'adversaires privilégiés dans lequel l'histoire les avait enfermés au fil du temps. Adenauer et de Gaulle ont réussi à donner corps à leur espoir, à leur désir de paix dans un traité offrant les conditions de l'amitié entre l'Allemagne et la France. Face à l'histoire, ils ont su s'élever au-dessus des passions encore brûlantes et des rancoeurs toujours vives pour bousculer les certitudes et pour que nos pays avancent enfin main dans la main. ...
Avec la contribution du chancelier Adenauer, il a voulu consacrer l'amitié des peuples français et allemand au lendemain des pages les plus sombres d'une histoire commune trop souvent cruelle et tellement sanglante. Pour les internationalistes que nous sommes, l'amitié entre les peuples français et allemand va de soi. Nous aimons l'Allemagne : celle d'hier et d'aujourd'hui ; celle de l'est et de l'ouest ; celle de Goethe, Schiller, Heine, Mendelssohn ; celle de Marx,
..., autour d'un tapis vert, à la va-vite, sans associer les forces vives de nos deux nations. Imprégnons-nous de ce que disait si bien Nelson Mandela : « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi. » Cette vision du monde est absente de la résolution qui nous est soumise aujourd'hui. Monsieur le président, chers collègues, en ne la votant pas, nous pensons aux grands noms de notre histoire commune que j'ai nommés au début de mon intervention ; nous pensons à ceux qui ont payé de leur vie leur amour de la paix, de la liberté, leur amour des peuples français et allemand, comme Jean Jaurès, Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ! Nous voulons être dignes d'eux !