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Vous voulez jeter des ponts entre les espèces animales et humaine, madame la ministre ?
Je parle ici de l'éviction de la figure paternelle, de la constitution d'un marché de la procréation, de la marchandisation du corps ou, madame la garde des sceaux, de la traversée des frontières entre les espèces animales et humaine, comme le disait si bien hier M. Bazin. Je vous invite donc à revenir à un peu plus de sobriété, ce qui évitera bien des polémiques, en supprimant l'intitulé du titre Ier.
...t. Quoi qu'il en soit, il n'est pas abordé dans le présent texte. De la même façon, vous prêchez des choses qui sont fausses quand vous parlez de risque de commercialisation du corps. Au contraire, dans notre assemblée, en 2019, nous allons pouvoir réaffirmer ce qui avait été posé en 1994 et dans chacune de nos lois de bioéthique : nos grands principes éthiques sur la non-patrimonialité du corps humain, l'indisponibilité de l'état des personnes et la gratuité du don. Ces principes sont inscrits dans le code civil ; ils sont réaffirmés et confirmés, ce dont nous sommes fiers.
S'agissant de l'indisponibilité du corps humain, voilà ce qu'il y a dans le code civil sur les principes fondamentaux de la bioéthique : principe de dignité de la personne ; respect de l'être humain dès le commencement de sa vie ; respect, inviolabilité et extrapatrimonialité du corps humain ; nécessité du consentement préalable à une atteinte corporelle justifiée ; intégrité de l'espèce humaine ; gratuité ; nullité de la GPA ; anonymat des do...
Madame la garde des sceaux, je vous renvoie à l'avis donné par la Cour de cassation dans son arrêt du 31 mai 1991. Lors des débats ayant abouti à l'interdiction de la GPA, la question s'est posée d'inscrire ce principe d'indisponibilité du corps humain dans la loi. C'est donc bien une question juridique, évoquée par la Cour de cassation. Je vous invite à relire l'arrêt du 31 mai 1991.
Non, monsieur Bazin, ce n'est que l'un des éléments qui contribuent à la réalité : en effet, il faut ce mélange pour obtenir un être humain. Mais cela ne crée pas le rapport social entre parents et enfants. Comme l'ont dit plusieurs de nos collègues, chacun avec ses mots, la seule chose dont nous soyons sûrs et certains s'agissant de la protection de l'enfant, c'est que, faute d'amour, il dépérira. Cette réalité ne vient pas seulement d'intuitions romanesques ou de rapport à l'enfant. C'est une certitude médicale : les enfants privé...
Contrairement à ce que racontent certains faquins du transhumanisme, l'humanisme ne vise pas du tout à dépasser la limite physique de l'humain. Rappelez-vous la légende : après avoir distribué des dons à tous les animaux, Épiméthée s'aperçoit qu'il a oublié l'homme. Arrive alors Prométhée, qui donne à l'homme – au sens d'être humain – le savoir, lui permettant de devenir son propre constructeur. Nous ne sommes pas sortis de cela : l'homme est perfectible. Qu'allons-nous donc perfectionner en nous ? Le sentiment profond que la filiation ...
… c'est-à-dire ce dont nous sommes capables de prendre la charge et de délibérer collectivement. Ce débat nous invite donc à un grand moment de progrès de la raison humaine. Que la filiation soit un fait culturel et social nous libère de l'entrave qu'aurait constituée l'existence d'une vérité biologique. Mme Le Pen a dit que c'était une question angoissante : « Qui suis-je ? » Tout en respectant son opinion, qui est très cohérente, je lui réponds que « je » n'est pas le résultat d'une histoire antérieure. Je suis fasciné par le fait que quelqu'un pense que la réali...
Le Gouvernement et la majorité abordent le projet de loi relatif à la bioéthique avec beaucoup de certitudes. Pour ma part, et comme beaucoup de Français, j'ai plus de doutes que de certitudes, et plus de questions que de réponses. Comment ne pas douter, lorsqu'on interroge les limites de la nature humaine et le rôle de la médecine ? Oui, je doute, et il est important de douter face à de tels enjeux pour le genre humain. D'ailleurs, madame la ministre des solidarités et de la santé, même l'Académie nationale de médecine exprime des doutes, que vous ne pouvez pas balayer d'un revers de main, jugeant cet avis daté. Il n'y a rien de daté quand on interroge le genre humain. Mes chers collègues de la ...
...erai sur un point : ne jouez pas aux apprentis sorciers avec le diagnostic préimplantatoire, dont le renforcement comporte le risque d'une dérive eugénique. N'oublions jamais que les embryons ne se trient pas, parce que chaque vie vaut la peine d'être vécue. Dans le prolongement des lois Leonetti, défendons et valorisons une bioéthique à la française – respectueuse, tout simplement, de la dignité humaine.
...s sommes en droit de nous poser. Pourquoi ignorer l'avis de l'Académie nationale de médecine, qui appelle à « tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible » et voit dans la PMA pour toutes une « rupture volontaire d'égalité entre les enfants » ? Sur tous ces points – que j'évoque avec beaucoup d'humilité, tant le sujet est délicat, car il touche à l'humain, et en premier lieu à l'enfant – , j'espère que l'avenir me donnera tort, mais nous ne pouvons nous exonérer de notre responsabilité dans le vote qui nous incombe à l'issue de nos débats.
Vous l'inscrirez dans la loi : exit les pères ! Pour vous, seul compte le projet parental, c'est-à-dire le désir des adultes d'avoir un enfant. Vous avez beau nier que ce projet de loi consacre le droit à l'enfant, c'est la réalité. En matière de bioéthique, la France a, depuis la loi de 1994, ouvert sa propre voie en formulant de grands principes généraux protecteurs de la personne humaine. Il est regrettable que vous utilisiez un tel véhicule législatif pour porter un nouveau coup à la famille, à ses repères et, pour finir, à ceux de l'enfant.
...state qu'en imposant notre technique, nous sommes en train de détruire notre planète, mais nous n'hésitons pas à reproduire les mêmes erreurs sur ce qui fonde notre espèce elle-même. En tant qu'espèce vivante, nous sommes et serons toujours issus d'un principe femelle et d'un principe mâle. Ne mettons pas délibérément de côté le principe masculin, qui représente tout de même la moitié de l'espèce humaine. Ne rejetons pas cette altérité qui est à l'origine de toute vie. Je conclurai en reprenant les paroles d'une toute jeune chanteuse à la mode, parfaitement de notre époque et qui vit avec son temps, puisqu'il est de bon ton d'être moderne. Les parents de jeunes enfants me maudiront. Je vous fais grâce de l'air : « Sur les épaules de mon père Je me sens bien tout là-haut C'est mon refuge mon re...
...de couples mère-enfant pouvant être pathologiques, l'article 1er ne nie-t-il pas le besoin évident d'un enfant d'avoir une mère et un père ? Enfin l'article 1er modifie le principe même de la médecine, puisqu'il n'est plus question d'une médecine traitant des pathologies, mais bien d'une médecine au service des désirs de chacun. Cette logique transhumaniste suscite la question de savoir s'il est humain de traiter les désirs des uns sans prendre en compte les intérêts des autres, en particulier ceux des enfants ? Vous le voyez, ces questions suscitent des doutes et des inquiétudes. Pour toutes ces raisons, je soutiendrai un amendement de suppression de l'article 1er.
...C'est un fait évident. Nous sommes les héritiers d'une longue tradition dans ce domaine. Pour autant, si nous examinons cette situation, devons-nous conclure à son caractère indépassable ? C'est tout le sujet. C'est la question même du progrès – je ne parle pas du progrès matériel ou du progrès technique, qui sont d'un autre ordre, quoiqu'ils viennent souvent bousculer notre perception du progrès humain. Ce progrès humain existe bel et bien, et son existence se mesure à l'évolution des lois – qui sont parfois régressives et parfois progressistes. Et, en la matière, que de chemin parcouru ! Notre collègue Blandine Brocard a évoqué la nécessité d'une présence masculine dans la vie et la construction de la psyché des enfants. Ce n'est pas un homme qui lui dira que cela n'a aucune espèce d'importan...
...s ne prétendons pas que nous connaissons la vérité, mais que nous la cherchons. Monsieur Brindeau, vous m'expliquez aussi, par un raisonnement que j'entends, que si nous sommes partisans de l'égalité, nous serons partisans de la GPA. Formellement, vous avez raison, mais nos décisions cheminent entre nos principes : à côté du principe d'égalité, un autre principe intervient, selon lequel le corps humain n'est pas une marchandise. Croyez bien que si ce projet de loi comportait un quelconque élément de marchandisation, je ne le voterais pas !
Ceux-là non plus n'ont rien compris à ce qu'est la nature humaine telle que l'humanisme historique la décrit. Nous n'avons jamais dit que nous allions dépasser les limites physiques de l'humanité, mais celles qui tiennent à sa culture, à ses préjugés, à sa violence, à ses obsessions et à ses dogmes. Voilà ce que l'humanisme se donne comme projet. C'est pourquoi ce modeste article, qu'on aurait tort de présenter comme le changement du siècle, est un petit bou...
Le rôle du législateur est de corriger des réalités injustes ou difficiles, et non de créer un ordre incertain, qui pourrait engendrer de nouvelles blessures. Quiconque dirait aujourd'hui avec certitude que créer un ordre sans père n'aurait pas d'incidences sur l'enfant serait omniscient. Or cette qualité n'est pas encore du ressort de notre humaine condition.