J'avoue que je ne suis pas non plus complètement convaincue. L'alinéa 4 me semble vraiment poser problème.
Le consentement à l'admission en qualité de pupille de l'État est bien d'une autre nature que le consentement à l'adoption : nous sommes d'accord sur ce point. Par le premier, les parents abandonnent à l'État la tutelle, c'est-à-dire l'autorité parentale jusqu'aux 18 ans de l'enfant, mais ils restent ses parents. Ils renoncent non à la filiation, seulement à l'autorité parentale. En la matière, l'article 376 du code civil prévoit qu'aucune renonciation ou cession portant sur l'autorité parentale ne peut avoir d'effet, à moins qu'elle résulte d'un jugement. Le consentement à l'adoption, lui, ne peut jamais être délégué, aux termes de l'article 377-3 du code civil. Ce n'est ni un transfert ni une renonciation à l'autorité parentale, c'est un consentement au changement de filiation de l'enfant, que l'adoption soit simple ou plénière. Il est impossible de priver les parents de ce droit strictement personnel sans porter une grave atteinte au respect de leur vie privée et familiale, garanti par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.
Avec votre réforme, avec la rédaction de l'article 13 que vous proposez, les parents, une fois qu'ils auront confié leur enfant à l'ASE, se verront dénier le droit d'exprimer leur consentement à l'adoption. C'est important car ces parents, qui se trouvent souvent dans des situations difficiles, comme vous pouvez l'imaginer, effectuent un acte très délicat. Or, d'une certaine manière, vous leur demandez d'abandonner leur enfant à l'État et non de consentir à l'adoption. Vous déniez à ces familles, qui n'agissent pas de gaîté de cœur, le droit de dire ce qu'elles veulent pour l'enfant. Vous leur laissez le côté négatif, si je puis dire, de la démarche, sans leur en octroyer la dimension positive, qui consiste à donner leur accord pour que l'enfant soit adopté.