Comme je m'évertue à dire ce que je fais et à faire ce que je dis, je peux vous affirmer que l'annonce que j'avais faite est prévue dans le cadre du projet de loi sur la protection des enfants, et ce à deux titres au moins. D'une part, nous avons donné mission à l'Agence française de l'adoption (AFA), compétente pour l'adoption nationale, d'apporter son soutien aux départements. L'expérimentation qui a eu cours dans vingt-cinq départements est élargie, dès à présent, à l'ensemble du territoire : c'est dans le projet de loi. D'autre part, figure également dans ce dernier texte une base nationale des agréments, dont nous confions la gestion à l'agence et qui permettra de faire se rencontrer des projets d'adoption.
Cela ne suffira pas, notamment pour les enfants à besoins spécifiques, qu'ils soient en situation de handicap ou plus âgés. Cela passe par la pratique professionnelle. J'ai eu l'occasion, en première lecture, d'évoquer un déplacement avec Monique Limon et la sénatrice Corinne Imbert dans le Pas-de-Calais, un de ces déplacements qui marquent dans un mandat. Il y a une quinzaine d'années, le psychologue de l'ASE avait décidé que le département investirait dans les besoins spécifiques. Il a développé une méthode pour accompagner les parents souhaitant adopter dans un cheminement qui pourrait les conduire à adopter des enfants à besoins spécifiques. Nous avions discuté avec des parents, deux couples. Les uns avaient adopté un enfant autiste sévère, avec de la déficience mentale, les autres un enfant paraplégique, des handicaps assez lourds, comme on dit. C'étaient les plus heureux des parents. Ce n'était pas facile mais ce n'est jamais facile d'être parent pour quiconque, je crois. Ces cas nécessitent un accompagnement après l'adoption, mais il en est de même quand on adopte un enfant sans besoins spécifiques.
Il sera nécessaire de prendre en considération ce type de démarche : il faut un partage d'expériences entre les différents services de l'ASE. Le fait d'avoir créé ce nouveau groupement d'intérêt public (GIP), où se trouve l'Agence française de l'adoption, et de lui avoir donné une compétence nationale et d'appui en matière d'adoption auprès des départements, favorisera les échanges de bonnes pratiques et permettra que la démarche que nous avons observée dans le Pas-de-Calais se diffuse le plus largement possible. Cela concourra à l'adoption plus large d'enfants aux besoins spécifiques, notamment des enfants en situation de handicap.