Le garde des sceaux et le rapporteur l'ont dit, une demande de changement de nom, qu'il fallait jusqu'ici justifier, n'aura plus désormais à l'être pour qu'on y fasse droit. Plutôt donc que de corriger une pratique sourde aux cas douloureux, plutôt que de vous interroger, en tant que garde des sceaux, sur le fonctionnement de votre ministère, vous préférez verser dans l'excès inverse en permettant qu'on puisse changer de nom quand on en a envie, sans avoir à présenter la moindre justification. Vous appelez cela la liberté de choisir, mais dans ce cas pourquoi la limiter comme vous le faites ? Comptez-vous proposer dans un prochain texte – il est vrai qu'il ne vous reste plus beaucoup de temps avant la fin du mandat – qu'on puisse changer de nom quand on veut puisque de toute façon nulle justification ne sera plus demandée ?
Le problème est que le nom ne relève pas d'un choix individuel, contrairement à ce qu'affirme votre conception individualiste de la société, conforme à votre logique libérale ou libertaire. Nous en avons une autre conception. Prétendre que l'une est moderne et l'autre archaïque est un argument qui ne vaut rien. Qui peut dire ce qui sera définitivement moderne ? Ce qui compte, c'est d'avoir une vision. Selon la vôtre, le nom doit dépendre de la seule volonté de l'individu.