Ces mouvements de population sont, nous le savons, liés à la situation économique et sociale de l'Union des Comores. Les dispositifs de prise en compte et de lutte contre l'immigration illégale doivent être complétés et renforcés par l'action de la France via l'aide publique au développement – l'objet de mon propos. On l'a déjà souligné : la France est le principal bailleur bilatéral des Comores dans le cadre d'une programmation conjointe avec l'Union européenne de 135 millions d'euros au total sur la période 2014-2020. Mais cette aide est aujourd'hui insuffisante ; il faudra l'évaluer, l'augmenter et en renforcer l'efficacité. Je me réjouis que les Comores fassent partie des pays prioritaires ciblés récemment par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement et qu'elles puissent, à ce titre, bénéficier de l'augmentation de l'aide publique au développement qui, je le rappelle, croîtra de 6 milliards d'euros d'ici la fin du mandat.
Cette augmentation permettra à l'Agence française de développement d'accorder davantage d'aide à l'archipel dans le cadre du document de programmation conjointe entre la France et l'Union européenne, lequel s'articule autour de trois axes qui me paraissent fondamentaux : le renforcement du capital humain et des services de base avec des interventions en faveur du secteur de la santé et de l'accès à l'eau potable ; la préservation des ressources naturelles et la valorisation du patrimoine environnemental ; l'accroissement des opportunités économiques et la création d'emplois. J'y ajouterai également la gouvernance, une des priorités de notre aide publique au développement. En effet, celle-ci doit aussi avoir pour objectif de renforcer la gouvernance de l'Union des Comores et les capacités de cet État car pour que cette convention puisse trouver des applications efficaces en matière de traitement de l'immigration illégale, il est nécessaire que l'État comorien se renforce et prenne ses responsabilités, en particulier dans la gestion de l'immigration en direction de Mayotte.
J'ajoute que s'il est important de maintenir des relations diplomatiques denses et de bonne qualité avec l'Union des Comores, la question excède le seul département de Mayotte. Plusieurs collègues ont ainsi rappelé l'importance de la diaspora comorienne en France, estimée à 370 000 personnes, soit la moitié de la population des Comores. Nos deux territoires partagent une histoire riche et des liens d'amitié très forts. Les résidents comoriens en France représentent à peu près 100 millions d'euros de transferts en direction de leur pays, soit dix fois plus que l'aide de la France.
Pour conclure – même si je suis sûr qu'il n'y en a pas dans cet hémicycle – , s'il y avait des esprits étroits qui, au nom du slogan « La Corrèze avant le Zambèze », ne verraient pas l'importance d'aider davantage l'Union des Comores, je leur rappellerais, comme d'autres avant moi, qu'aider ce pays c'est aider non seulement les Comoriens, mais aussi les Mahorais français.