Cette série d'amendements porte précisément sur les mariages frauduleux. L'amendement no 405 rectifié , qui vise à former les officiers d'état-civil, est issu de la proposition de loi du 21 février 2018 visant à renforcer la lutte contre les mariages frauduleux.
Selon l'article L. 2122-32 du code général des collectivités territoriales, « Le maire et les adjoints sont officiers d'état civil. » Toutefois, l'article R. 2122-10 du même code prévoit que le maire peut déléguer à un ou à plusieurs fonctionnaires titulaires de la commune tout ou partie des fonctions qu'il exerce en tant qu'officier de l'état civil.
Les membres des conseils municipaux ont, selon ce même code, droit à une formation adaptée à leurs fonctions. Plus que jamais, nous devons renforcer ce droit à la formation en proposant aux officiers d'état-civil des formations relatives à la détection des mariages frauduleux.
Même si cette mesure sera à la charge des communes, elle répond aux conditions posées par le Conseil constitutionnel en matière de respect du principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales : elle ne fait en effet que s'inscrire dans l'obligation plus générale et préexistante de formation adaptée aux fonctions d'élu.
L'amendement no 404 me permet de saluer les travaux de Marc Le Fur et de Philippe Goujon dans le domaine de la lutte contre les mariages frauduleux, et de rappeler qu'en 2017, 17 500 personnes ont acquis la nationalité française par la voie du mariage. Il paraît évident que la maîtrise de l'immigration passe par la lutte contre les mariages de complaisance, qui doit être de la responsabilité des maires et des procureurs.
Bien que le droit fondamental au mariage soit reconnu par l'article 12 de la Convention européenne de sauvegarde des droits et des libertés fondamentales, ne rien faire reviendrait à se faire complice des filières et à renforcer ainsi les trafics d'êtres humains.
Le droit français permet actuellement à une personne de nationalité étrangère en situation irrégulière sur le sol français de se marier. En effet, s'il existe plusieurs conditions à remplir pour pouvoir se marier – âge, consentement, monogamie – , aucune ne porte sur le caractère régulier du séjour sur le sol français. La législation actuelle laisse donc ouverte une brèche dans le système de lutte contre les mariages blancs ou gris. Il est important d'y remédier : tel est le sens de cet amendement no 404 .
L'amendement no 400 vise quant à lui à rendre obligatoire la saisine du procureur de la République en cas de doute sur la sincérité du mariage. Je rappelle que notre pays compte 300 000 étrangers en situation irrégulière.
Aujourd'hui, les maires doivent procéder à l'audition des futurs époux, préalablement à la publication des bans, afin notamment de détecter le défaut d'intention matrimoniale réel et libre des candidats au mariage. Malheureusement, par peur, pour des raisons idéologiques ou même par simple méconnaissance du droit, beaucoup de mairies ne procèdent pas à ce type d'auditions.
Les enjeux financiers de ces mariages frauduleux sont tels que certains individus n'hésitent pas à menacer l'officier d'état-civil qui aurait le malheur de s'opposer à l'union qu'ils projettent. Il est insulté bien souvent.
Selon certains médias, les tarifs varieraient selon les pays d'origine : 8 000 euros lorsque c'est l'Afrique subsaharienne, autour de 15 000 euros pour le Maghreb et 30 000 euros pour la Chine… L'argent est, après le mariage, réparti entre la filière et l'époux français.
Aujourd'hui, certains officiers d'état-civil, trop souvent exposés et insuffisamment soutenus par la préfecture, n'osent pas dénoncer ce type de mariages. Même s'ils le faisaient, la préfecture de police n'y donnerait pas de suite. J'ai d'ailleurs interrogé à ce sujet la préfecture de Marseille et n'ai obtenu aucune réponse.
De nombreux maires ont pourtant dénoncé ces pratiques, soit qu'ils disposent d'informations, soit que l'intention matrimoniale leur semble être absente du dossier matrimonial.
C'est la raison pour laquelle il est important d'agir en luttant plus efficacement contre ces mariages frauduleux : d'un côté, la loi met en place des conditions strictes pour contracter un mariage, de l'autre, elle permet à des immigrés illégaux accéder à ce même mariage.
Cette contradiction, cette différence de traitement peuvent sembler insupportables aux yeux des citoyens français. C'est la raison pour laquelle je souhaite modifier le début de l'article 175-2 du code civil : « Lorsqu'il existe des indices sérieux laissant présumer, le cas échéant, au vu de l'audition prévue par l'article 63, que le mariage envisagé est susceptible d'être annulé au titre de l'article 146 ou de l'article 180, l'officier de l'état civil peut saisir sans délai le procureur de la République. » Je voudrais que cette option devienne une obligation et que l'officier d'état-civil saisisse systématiquement le procureur de la République.
L'amendement no 401 veut obliger le ministère public saisi par le maire à surseoir automatiquement à la célébration d'une union en cas de suspicion de mariage de complaisance, et de rallonger le délai de sursis. Toujours dans le souci d'empêcher de contracter un mariage aux fins d'obtenir ou de faire obtenir un titre de séjour ou la nationalité française, il convient d'obliger le ministère public, saisi par le maire, à surseoir automatiquement à la célébration d'une union en cas de suspicion de mariage de complaisance. Actuellement, le délai de sursis est d'un mois renouvelable. Je souhaite le faire passer à trois mois renouvelables, laissant davantage de temps au procurer de la République pour diligenter une enquête afin d'établir la tentative de commission de l'une des infractions décrites par le CESEDA, afin d'engager d'éventuelles poursuites.
L'amendement no 407 vise à nommer un élu référent « mariages frauduleux ». En effet, le maire et ses adjoints sont officiers d'état-civil.