Monsieur Straumann, il y a au moins un député alsacien qui ne souhaite pas la sortie de l'Alsace du Grand Est, et c'est mon cas. En effet, quelle que soit l'histoire difficile de la loi NOTRe, l'effet de taille de la région Grand Est est important pour certaines réalisations, en matière notamment de développement économique et d'innovation. Je tenais à le rappeler.
Sur le fond, et pour réagir aux positions qui se sont exprimées, cet article relatif à la vocation européenne d'une collectivité européenne d'Alsace fixe un certain niveau d'ambition, qui est tout à fait positif. Soyons clairs cependant, monsieur Viry : il va falloir faire un choix. Si, en effet, nous entrons dans une logique de différenciation, en acceptant que l'Alsace ait des spécificités – par exemple que, compte tenu de son caractère frontalier avec l'Allemagne et des enjeux que cela représente, il soit légitime qu'elle ait des spécificités et des responsabilités particulières dans le domaine du transfrontalier – , il ne s'agit pas d'une décentralisation uniforme, dans laquelle telle compétence serait décentralisée de manière homogène. Or, c'est précisément la philosophie que nous sommes en train de déployer. L'époque de la décentralisation uniforme, avec des mesures importantes, comme les décentralisations Defferre ou Balladur, a marqué des étapes importantes, mais nous entrons, selon moi, dans une logique de différenciation qui répond aujourd'hui pleinement à la spécificité des territoires.
Il est donc vrai que nous traitons d'un sujet d'importance, qui nous donne l'occasion d'appréhender différemment la décentralisation. Et c'est bien cette nouvelle façon de voir que nous tâchons d'appliquer au cas alsacien.