Mercredi dernier, plus de 1 000 tracteurs convergeaient vers Paris et d'autres grandes villes, traduisant le malaise d'agriculteurs qui peinent à vivre décemment de leur travail. Certains représentants ont été reçus à Matignon aujourd'hui même. D'aucuns nous diront que ce constat est ancien : notons, cependant, qu'entre les accords de libre-échange, la loi EGALIM – dont les effets se font attendre – et la révision de la PAC, la politique agricole commune, les motifs d'inquiétude et de colère s'accumulent.
Si les revendications des agriculteurs sont multiples, toutes révèlent à juste titre l'absence de cohérence de la politique agricole. Comment se fier en effet à un Gouvernement qui fait voter, à l'article 44 de la loi EGALIM, une disposition interdisant la vente de produits agricoles ne respectant pas les règles sanitaires européennes, et qui, moins d'un an plus tard, autorise la ratification du CETA, lequel ouvre la porte aux viandes canadiennes dont les éleveurs n'appliquent pas ces règles ? Ce n'est ni la seule incohérence ni la seule insuffisance de la loi EGALIM.
Du reste, vous enfermez les agriculteurs dans un système qu'ils ne comprennent pas. D'un côté, vous leur imposez – à raison – des normes environnementales de plus en plus contraignantes, à la demande de nos concitoyens, mais de l'autre, vous ne les protégez pas contre l'arrivée de denrées produites dans des conditions nettement inférieures aux nôtres – même dans le cadre de l'agriculture conventionnelle – et que la France ne connaît plus depuis vingt voire trente ans : je pense à l'utilisation d'antibiotiques comme le chloramphénicol ou de pesticides comme l'atrazine, et d'autres produits également interdits en France.
Comment peut-on enfermer les agriculteurs dans de telles contradictions ? Ils me l'assurent : passer à l'agriculture biologique demain ne leur posera aucun problème, parce qu'ils ont les connaissances techniques nécessaires – en effet, les agriculteurs français sont bien formés. Or, dans le même temps, leurs productions sont mises en concurrence avec d'autres, qui se font dans des conditions inacceptables parce que mauvaises pour la santé. La contradiction, je le répète, est totale.
Dès lors, devant l'ampleur des problématiques actuelles, les mesures qui composent cette proposition de loi paraissent quelque peu dérisoires. Je poserai néanmoins deux questions. Tout d'abord, pourquoi la proposition de loi ne compte-t-elle que huit articles ?