Interventions sur "amour"

88 interventions trouvées.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaXavier Breton :

Monsieur le ministre, il est vrai que nous avons regretté votre absence en commission spéciale. Il aurait sans doute été intéressant d'avoir l'avis du Gouvernement sur un sujet de cette importance. Nous apprécions votre présence ce soir. C'est l'occasion de vous interroger sur votre conception de la filiation. La filiation peut-elle se réduire à l'amour ? Non, car l'amour est aléatoire – on peut aimer à un moment et ne plus aimer un peu plus tard – et subjectif. Or on ne peut bâtir le droit, qui suppose de l'objectivité, sur une notion subjective. On voit bien les impasses qui existent aujourd'hui lorsqu'on veut se placer du point de vue subjectif, par exemple avec les questions de genre. Quelqu'un peut dire qu'il se sent ou qu'il ne se sent pas...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaXavier Breton :

Allez-y, demandez la parole ! Débattons autour de votre conception de la filiation. Nous en avons une, nous ne disons pas qu'elle correspond à la vérité, nous ne l'imposons pas. Nous voulons débattre. Ne restons pas sur de faux arguments tels que l'amour, l'affection ou je ne sais quoi, qui permettent d'éviter d'aller au coeur du problème. La filiation est une question profonde. Cela renvoie à ce que l'on est, à la fois dans notre corps, sur le plan affectif – cette dimension existe bien sûr – , et du point de vue de la reconnaissance sociale. On ne peut fonder la filiation sur le seul pilier biologique car avoir un enfant, ce n'est pas qu'une q...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Touraine, rapporteur de la commission spéciale :

...us parlez du droit des enfants d'avoir un père et une mère. Ce droit à un père et à une mère n'existe pas plus que le droit à l'enfant n'existe pour les adultes, pour la bonne raison qu'on ne peut avoir droit à une personne : on ne peut avoir droit qu'à des choses. Aucun enfant n'a droit à un père ou à une mère, en revanche il est souhaitable que quelqu'un pourvoie à ses besoins et lui donne de l'amour.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Chalas :

Être parent, c'est être inquiet – tous ceux qui, sur ces bancs, sont parents le savent. Être parent, c'est aimer ses enfants de façon inconditionnelle. Ce n'est pas le même amour que celui qu'on peut avoir pour un autre adulte. C'est un amour – je l'expliquais à ma fille à mesure qu'elle grandissait – qui ne s'efface pas, qui ne s'arrête pas, qui ne se divise pas si l'on a plusieurs enfants, mais qui se cumule et qui renforce chaque parent. Pour aimer ses enfants de cette façon, faut-il être génitrice ou géniteur ? Je ne le crois pas. Existe-t-il des génitrices ou des gé...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Pour ma part, j'estime qu'avoir à l'esprit l'intérêt supérieur de l'enfant, c'est se poser la question des limites. C'est bien beau de revendiquer le monopole de l'amour, mais vous avez menti, monsieur le ministre, en affirmant qu'il y aurait des milliers d'enfants heureux. En effet, vous ne pouvez pas garantir que les milliers d'enfants à naître seront heureux.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Certains seront heureux, d'autres malheureux. D'ailleurs, vous ne créez, par cette loi, ni un droit à l'amour, ni un devoir d'amour, donc arrêtez de faire du Ronsard ! En réalité, par ce texte, vous créez les conditions permettant d'avoir un enfant, mais non un sentiment. Vous ne pouvez pas vous engager sur les sentiments, il faudrait une hybris incroyable de la part du législateur pour s'imaginer capable de décréter l'amour ! Oubliez donc toutes vos réflexions sur l'amour

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

et revenez au texte ! La question est de savoir quelles sont les règles. Car quand vous dites, monsieur le ministre, qu'il suffit de l'amour pour faire des parents, je reviens à la question de mon collègue Breton : si l'on s'extrait du modèle familial actuel, alors tous les autres modèles sont acceptables à condition qu'il y ait de l'amour ! Que répondrez-vous demain à des gens qui diront : nous sommes volontaires pour être une famille, nous sommes amoureux ; nous sommes trois, nous sommes organisés ainsi, différemment ?

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

Je suis très surprise : j'ai bien en mémoire nos débats en première lecture ; l'argument de l'amour, que je vous entends convoquer en permanence, n'avait alors pas du tout été développé.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

...e des droits de l'enfant, aux termes de laquelle celui-ci a, « dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux » ? J'ai également en mémoire le propos d'un célèbre pédopsychiatre que nous avons auditionné à l'invitation de Mme la présidente de la commission spéciale et qui, dans une formule certes un peu provocatrice, déclarait : « Un enfant n'a pas besoin d'amour, il a besoin de parents. »

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

Cela ne veut pas dire que l'enfant n'a pas besoin d'amour : la plupart d'entre nous sommes parents et nous savons bien que ce sentiment est fondateur ; mais, en tant que législateur, nous ne légiférons pas sur le sentiment. Ressortir perpétuellement cet argument de l'amour, c'est une échappatoire trop facile qui permet d'éliminer la question essentielle. Enfin, monsieur le rapporteur, vous citez ce merveilleux écrivain qu'est Camus ; mais c'est un écri...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Brindeau :

...'ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes. Vous ne pouvez pas évacuer le fait que cette mesure met à plat ce qui fonde le droit de la filiation dans notre code civil : d'un côté, la réalité biologique – la mère accouche – et, de l'autre, la vraisemblance biologique – le père est censé être celui qui est père. Vous pouvez aborder le sujet par tous les côtés – le problème de l'amour ou de la volonté – , il se fracasse sur le fondement de notre code civil, qui reste indépassable : un enfant, en tant que sujet de droit, est le produit d'un homme et d'une femme. Pour contourner cette réalité indépassable, vous êtes obligés, à l'article 4 – en tant que représentant du Gouvernement, vous êtes censé défendre la position gouvernementale sur le sujet – , d'introduire un artifice pe...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThibault Bazin :

Nous vous posons des questions précises et vous semblez les fuir en nous parlant d'amour. Mais ce projet de loi ne parle pas d'amour ! Le mot « amour » n'est pas mentionné dans le texte. D'ailleurs, qui, ici, est contre l'amour ? Personne, je l'espère ! Mais nous devons faire du droit et mesurer les effets de vos mesures sur nos principes éthiques – puisque le titre Ier se propose d'« élargir l'accès aux technologies disponibles sans s'affranchir de nos principes éthiques ». À la qu...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAgnès Thill :

Monsieur le ministre, je vous ai entendu dire que pour vous, l'amour était la base du foyer familial. Certes ; mais que se passe-t-il quand il n'y a plus d'amour ? La famille cesse-t-elle d'exister ? La filiation s'arrête-t-elle ? Monsieur le rapporteur, vous avez dit que l'objectif de la campagne était de toucher 50 % des hommes ; cela signifie donc que 50 % de la population seraient géniteurs d'enfants inconnus. Imaginez la société ainsi obtenue, l'épée de Dam...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Chiche :

...tion juridique. C'est la raison pour laquelle nous devons aller plus loin sur la question de la filiation qui n'a qu'un seul objectif : établir un lien juridique entre des parents, quels qu'ils soient, qu'il s'agisse d'un père et d'une mère, d'une femme célibataire ou de deux femmes au sein d'un couple lesbien avec un enfant auquel ils veulent transmettre une éducation, des valeurs et surtout un amour. Vous le savez pertinemment, chers collègues, la technique de l'aide médicale à la procréation ne vient pas corriger une pathologie, en l'occurrence une infertilité.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Chiche :

...emberg. Un peu plus tôt dans la journée, notre collègue de Courson a quant à lui condamné une dérive qu'il qualifiait d'eugéniste. Soyons clairs : l'eugénisme entrepris par le IIIe Reich, marqué par la coercition et l'absence de toute approche scientifique, poursuivait l'objectif de transformer la nature humaine. En parlant de projet parental, de recours à une pratique médicale, de transmission d'amour à un enfant, en quoi serions-nous dans la coercition, l'absence d'approche scientifique ou la volonté de changer la nature humaine ?

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Chiche :

Il n'en est rien. Il est seulement question d'appliquer une égalité des droits et de donner à tout un chacun la capacité de fonder une famille et de transmettre son amour.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaXavier Breton :

...e cas de trois adultes qui s'aiment, qui veulent avoir un enfant et auxquels on va pouvoir refuser ou non d'être parents. Pour notre part, nous avons une réponse fondée sur l'altérité sexuelle ; vous n'avez pas de réponse. Toutes les combinaisons et toutes les possibilités sont ouvertes avec cette notion de « faire famille ». Tout est possible à partir du moment où le raisonnement se fonde sur l'amour, notion très subjective. Il faut en prendre acte. D'ailleurs, certains sont pour, et je leur reconnais au moins cette cohérence. Avec ce texte, nous ouvrons la possibilité à trois, quatre ou cinq adultes d'être parents, sous toutes les formes, y compris celle de la polygamie, ne vous en déplaise, parce que vous n'avez pas d'élément de réponse pour vous y opposer. Vous préparez une régression ! ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaXavier Breton :

...i viendront vous trouver dans votre permanence pour vous dire qu'ils veulent un enfant ? Personnellement, je saurai quoi leur répondre : je leur dirai non car, n'étant pas un couple formé d'un homme et d'une femme, ils ne peuvent avoir un enfant naturellement ou dans le cadre d'une filiation vraisemblable, telle que définie par notre droit. Et vous, que leur répondrez-vous ? Vous leur parlerez d'amour ! Mais que se passera-t-il quand l'amour qui unit ces personnes aura disparu ? Ne seront-ils plus capables d'être parents ? Les liens de parenté et de filiation n'ont rien à voir avec l'amour. Ils relèvent de la responsabilité et du droit. Nous ne sommes pas en boîte de nuit, mes chers collègues ! Nous sommes dans un hémicycle en train de faire la loi !