640 interventions trouvées.
Je veux ensuite évoquer la question de la filiation des enfants nés d'une PMA à l'étranger. À mon sens, la signature a posteriori du consentement permettrait de sécuriser la filiation pour les couples de femmes ayant eu recours à la PMA avant le vote définitif du projet de loi que nous examinons. Le fait que la production de preuves révélant le lien de filiation entre l'enfant et sa deuxième mère constitue un préalable à la reconnaissance de la filiation est important. Nous pourrons être vigilants à la fixation par décret de ces preuves. Un bon amendement de notre collègue Hervé Saulignac permettrait de sécuriser le lien de filiation existant naturellement avec les deuxièmes mères qui n'ont pas pu adopter leur enfant, par exemple au sein des couples de femmes non mariées. Là encore, je c...
...les mariés, et c'est ainsi qu'on en est arrivé à l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe. Nous nous inscrivons aujourd'hui dans la continuité de ce processus, et je veux y voir un progrès. Pour tous ceux, sur nos bancs, qui mènent cette bataille depuis très longtemps, le moment est important. Permettez-moi un souvenir personnel un peu ému, celui du mariage célébré par Noël Mamère à Bègles en 2004, il n'y a pas si longtemps que cela ! Ce mariage n'était pas légal et nous étions quelques-uns à vouloir, avec cet événement, interpeller la société. Celle-ci était à l'époque majoritairement opposée à l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe parce qu'elle craignait ses conséquences sur la filiation et le système patriarcal – à juste titre ! Pour ma part, j'as...
... rapport au projet de loi initial. En effet, il est toujours prévu d'instituer un nouveau régime juridique dérogatoire, applicable seulement aux couples de femmes. Ces derniers devraient procéder à une reconnaissance conjointe et anticipée de l'enfant devant le notaire chargé de recueillir le consentement à l'AMP. C'est cette reconnaissance conjointe qui établirait la filiation à l'égard des deux mères, une fois l'enfant venu au monde. Cela ressemble fortement, nous semble-t-il, à la déclaration commune anticipée de volonté, qui entraîne une double discrimination – je n'ose plus prononcer ce mot, madame la garde des sceaux, depuis que vous m'avez reprise, mais il m'est difficile d'en trouver un autre. Je pourrais parler d'une « différence de traitement », mais ce n'est pas suffisamment fort se...
Je propose moi aussi la suppression de l'article 4. De même que l'article 1er prononçait l'éviction du père, l'article 4 prononce la destitution de la spécificité de la mère qui accouche. Du reste, je me permettrai de vous faire observer, mes chers collègues, qu'entre la première version – la déclaration anticipée de volonté – et la version que nous examinons ce soir, la mention de la femme qui accouche a disparu.
...n. Vous avez dit, madame la garde des sceaux, que la discrimination supposait soit un retrait de droit – je vous accorde qu'il n'en existe pas dans les dispositions prévues – , soit une contrainte supplémentaire imposée à l'un ou à l'autre des conjoints. Je rappelle les conditions d'établissement de la filiation pour les couples hétérosexuels ayant eu recours à l'AMP avec tiers donneur. Pour la mère, vous conviendrez que la filiation n'est pas établie par la déclaration d'acceptation du recours à tiers donneur devant notaire, même si ce document est nécessaire pour l'état civil, mais par le certificat d'accouchement, à l'instar de ce qui se passe pour les autres couples, mariés ou non, n'ayant pas eu recours à l'AMP. S'agissant du père, la filiation est établie, pour les couples mariés, par ...
Je serai très brève car il ne reste plus beaucoup de temps aux députés non inscrits. Madame la garde des sceaux, vous avez dit que l'article 4 n'était pas discriminatoire parce qu'il n'enlevait de droits à personne. Mais si ! Au sein d'un couple de femmes, vous créez une discrimination envers la femme qui accouche car elle ne devient plus mère du simple fait de l'accouchement. C'est la première discrimination. En outre, vous prévoyez que la filiation d'un enfant puisse être établie à l'égard de deux femmes ou d'une femme seule. Ce faisant, vous créez un mode d'établissement de la filiation exclusivement fondé sur la volonté de l'adulte et privant l'enfant de toute filiation paternelle. En clair, vous lui enlevez le droit d'avoir un pè...
...t de vue de la femme qui accouche au sein du couple de femmes, soit entre les couples de femmes et les couples hétérosexuels. Même si nous n'examinons pas une grande loi d'égalité, il fallait bien aborder la question sous cet angle. Comme vous l'avez dit à plusieurs reprises et de différentes façons, soit nous assurions l'égalité entre tous les couples, créant alors une distinction entre les deux mères alors que nous allons les reconnaître pour la première fois dans le code civil, soit nous assurions l'égalité entre les mères, reconnaissant ainsi une différence de situation entre les couples homme-femme et les couples femme-femme. C'est la seconde option que nous avons retenue. Aurait-il été préférable de choisir la première et de suivre l'adage « mater semper certa est », selon lequel « la mè...
Il est clair que nous discuterons longuement des formules que vous proposerez pour l'écriture de l'article 4. J'estime que nous avons franchi un grand pas en commission en parvenant à introduire la situation de ces femmes et de ces familles dans le titre VII du code civil. Une sécurité juridique leur est en outre apportée, du fait qu'elles puissent être mères « en même temps » – vous savez combien l'expression est chère à notre majorité…
...e n'est pas qu'une question de bon sens : il s'agit également de reconnaître la spécificité de la femme qui accouche. Je vous en donnerai, si vous le permettez, quelques exemples. Elle est la seule à décider d'un diagnostic prénatal, d'une IVG ou d'un accouchement sous X. Je n'évoquerai même pas le lien aujourd'hui absolument reconnu et éminemment constructeur pour l'enfant qui s'établit entre la mère et foetus qu'elle porte : il existe une vie intra-utérine, qui tisse des liens spécifiques entre le foetus et la femme qui va accoucher.
Madame la garde des sceaux, en répondant à nos interpellations, vous avez confirmé que, dans le cas d'un couple de femmes ayant recours à l'AMP – l'assistance médicale à la procréation – , c'est bien le fait d'accoucher qui rend mère. Dans le même temps, cependant, vous nous dites prévoir aussi un consentement mutuel des deux femmes pour établir et, en quelque sorte, sécuriser le projet parental. Tel est, me semble-t-il, à peu près l'esprit de ce que j'ai compris de vos propos. Il y a là deux champs différents, justifiant qu'on doive demander à ces deux femmes d'établir leur projet parental par un consentement mutuel. Vous ne...
Cette forme continue d'exister : la femme accouche et devient mère ; le père assume la présomption de paternité ou la reconnaissance. Cette différence existe et ne pose aucun problème. Pourquoi devrait-elle en créer un dans les couples de femmes ? Pourquoi vouloir l'égalité ? Serait-ce à dire – telle est sans doute la position de ceux qui conçoivent la filiation exclusivement comme une construction sociale – que l'on veut imposer également aux couples homme-femm...
Monsieur Breton, je vous ai écouté attentivement, j'ai bien entendu votre propos, et je m'interroge donc sur la part que vous faites, dans votre raisonnement, à la parentalité, qui n'est pas liée à un lien biologique de femme ou d'homme à enfant. Les femmes accouchent, ce qui leur donne ce droit de filiation, mais certaines d'entre elles n'accouchent pas et sont mères parce qu'elles ont adopté.
Donne-t-on un statut à part à ces dernières dans le droit de la filiation ? Non ! Nous sommes bien d'accord sur ce point. On peut donc être mère ou père sans rapport biologique. Pourquoi ce qui est vrai pour l'adoption ne pourrait-il pas être tout aussi vrai, tout aussi juste et tout aussi performant dans la perspective d'un rêve éducationnel dans lequel on pense d'abord au bien de l'enfant et à la liberté et à l'égalité pour les parents, dans le cas d'un couple de deux femmes ? Je ne comprends pas ce raisonnement.
...nt droit non seulement de partager les tâches parfois difficiles de soins aux enfants, mais aussi les joies que procure le fait de s'occuper de bébé et le voir grandir, afin de trouver leur place aux côtés de l'enfant. Trop souvent, trop longtemps, on a empêché les pères d'avoir accès à ce lien, dès la naissance de l'enfant, au nom de ce rapport biologique, qui serait le rapport premier, entre la mère et l'enfant. Il est donc heureux qu'au nom de l'égalité, les pères puissent désormais avoir leur place. Dans la maternité où j'ai accouché, il existait un « couloir des pères », qui était tout nouveau : c'est l'idée que le père a aussi le droit d'être immédiatement là et qu'il a toute sa place auprès de l'enfant qui venait de naître.
...s, d'après ce que j'entends dans les propos de Mme Autain et dans ceux de Mme Genevard. Une voie semble intéressante à creuser : l'ouverture du droit commun à tous les couples, y compris ceux formés par deux femmes. Le système en vigueur de reconnaissance destiné aux couples hétérosexuels donne satisfaction. Il ne me semble pas qu'il accorde moins de droits au père reconnaissant l'enfant qu'à la mère ayant accouché. Il préserve l'accouchement en tant qu'acte fondateur – j'entends bien que nos amis du groupe Les Républicains ne veulent pas revenir sur ce point.
Nous pourrions trouver collectivement une solution qui permettrait aux couples de femmes d'obtenir un dispositif de double filiation qui serait égale pour l'une et l'autre mère, l'une établissant sa filiation par l'accouchement et l'autre par la reconnaissance, à l'image de ce qui est possible pour les couples hétérosexuels non mariés ayant recours à un tiers donneur. Il s'agirait d'un vrai point d'équilibre qui n'enlèverait rien à personne…
Les propos concernant les mères qui ont accouché et celles qui n'ont pas accouché étaient maladroits. Il serait trop violent, à l'égard des femmes qui ont adopté, de considérer que, puisqu'elles n'ont pas accouché, ce ne sont pas des mamans.
...l'adoption. Effectivement, les parents adoptifs ne sont pas nécessairement les parents biologiques. Mais, dans le cas de l'adoption, on donne des parents à un enfant. Le processus est totalement inversé : c'est très différent de la situation d'une famille qui accueille un enfant au sens biologique et juridique ; l'environnement n'est pas du tout le même. S'agissant de la certitude qui entoure la mère, j'insiste sur le fait que, même si le droit romain est un peu tempéré chez nous – je vous épargne la formule latine…
En effet : Mater semper certa est. La filiation avec la mère est toujours certaine parce qu'elle accouche.