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Madame la ministre, vous disiez tout à l'heure que beaucoup d'enfants avaient très bien grandi, simplement entourés de leur mère. Peut-être, sûrement, heureusement, mais la situation que l'on s'apprête à créer n'a rien à voir avec celle d'un enfant qui aurait perdu son père du fait des aléas de la vie. Quand le père est décédé, la maman peut en parler. Même lorsque l'enfant a été conçu avec une rencontre d'un soir, la mère peut raconter l'histoire, décrire le père, et permettre ainsi à son enfant de se construire par rappo...
Je vous remercie de m'écouter ! Je vous le dis très simplement, après vous avoir tous écoutés depuis huit heures. Un enfant, par nature, est issu d'un homme et d'une femme, d'un père et d'une mère. Ce père et cette mère sont à l'origine de sa naissance et doivent rester ses repères tout au long de sa vie. J'insiste sur les termes « par nature » car, une fois encore, je vous comprends mal : d'un côté, l'on prône ce retour à la nature par le biais de l'alimentation et des constructions. On érige en principe premier le respect de notre planète.
...l comme le souligne d'ailleurs l'Académie nationale de médecine, l'ANM. Or, cette loi sociétale fait ressortir la question de la suppression symbolique du père – évoquée par plusieurs des orateurs qui m'ont précédée. La parenté étant universellement conçue sur le principe de la double lignée, l'une dans la branche paternelle et l'autre dans la branche maternelle, deux parents du même sexe ou une mère seule ne suffisent pas pour donner vie à un enfant. Si le désir de procréation de chaque femme est légitime, et si nous pouvons le comprendre, l'Académie nationale de médecine rappelle qu'il faut aussi tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère, dans la mesure du possible. Dès lors deux questions se posent. Première question : priver un enfant de père, n'est-ce pas faire p...
...collègues, je veux compléter et renforcer les propos que j'ai tenus tout à l'heure. Sur le sujet dont nous débattons, lorsque l'on a des certitudes, c'est qu'on les a construites : on n'a pas de certitudes a priori. Pour être plus exact, si l'on a des certitudes a priori, ce sont des préjugés. J'admets qu'il s'agit de préjugés très forts : l'évidence plaide pour affirmer qu'il y a un père et une mère. C'est un fait évident. Nous sommes les héritiers d'une longue tradition dans ce domaine. Pour autant, si nous examinons cette situation, devons-nous conclure à son caractère indépassable ? C'est tout le sujet. C'est la question même du progrès – je ne parle pas du progrès matériel ou du progrès technique, qui sont d'un autre ordre, quoiqu'ils viennent souvent bousculer notre perception du progrè...
Nous sommes en train d'augmenter les droits des personnes, des pères et des mères, qui constituent les familles recomposées – quatre personnes sont concernées. Nous voyons bien que les choses ont évolué. Nous ne ferons rien d'autre que de voter. Un vote, ce n'est pas un oukase, c'est seulement une décision. Une fois le vote acquis, chacun peut conserver son opinion. Si vous pensez que nous commettons une erreur terrible… D'ailleurs, peut-être avez-vous raison et peut-être di...
...er un ordre dont je suis sûre qu'il créera un ordre meilleur, plus épanouissant, pour ce qui compte par-dessus tout, un enfant ? Et mon rôle n'est-il pas de m'abstenir si je n'en ai pas la certitude ? Madame la ministre des solidarités et de la santé, vous avez avancé l'argument que, dans la réalité, souvent cruelle depuis la nuit des temps, des enfants se sont construits grâce à l'amour de leur mère, bien que privés de père par les aléas de la vie – ce qui légitimerait l'absence du père, consacrée dans ce texte. Je ne pense que cet argument soit solide et valable. Ces enfants, nombreux en effet, s'ils se sont construits dans la résilience malgré une situation malheureuse, sans père, sont-ils pour autant plus heureux de ne pas en avoir eu ? L'absence de père n'a-t-elle pas créé en eux des ble...
...ien on peut lutter pour conserver la vie – nous avons une pensée affectueuse pour notre collègue Sylvain Brial – , on imagine ce que cela représente de pouvoir la donner. D'autres témoignages m'ont à nouveau bouleversé samedi dernier, lors de la célébration du vingtième anniversaire de l'association Village d'enfants SOS de Châteaudun, ceux d'enfants arrachés à leur famille et recueillis par des mères adoptives, qui disaient : « J'aime toujours ma mère biologique, j'aime toujours mon père biologique, mais ma mère adoptive a été absolument formidable ; elle m'a construit. » D'autres modèles que celui que nous connaissons sont donc possibles, dès lors que les individus y trouvent suffisamment d'amour pour se construire.
...'en est pas moins réelle car elle touche à la réalité biologique : celle du père. Les familles monoparentales existent déjà, et il serait bien évidemment faux de considérer que les enfants qui y grandissent ne se construisent pas et ne reçoivent pas d'amour. L'amour quotidien est là, bien sûr. Mais qu'en est-il de l'amour que chacun porte en lui – celui d'un homme, le père, celui d'une femme, la mère, eux qui vous ont donné la vie. Et qu'y a-t-il de plus beau que la vie ? On aime parler de ses parents, de ses grands-parents ; on aime retourner sur leurs pas ; même si on ne les a pas connus, ils vivent à leur manière en nous. Faut-il donc accepter aussi facilement que l'être humain soit déraciné – pire, peut-être « marchandisé » ? C'est notre crainte, et nous ne pouvons accepter cette éventual...
Prenons le petit enfant élevé par sa mère seule : il va croiser à la crèche, puis à l'école maternelle, essentiellement un public féminin ; ensuite, à école primaire, il ne croisera peut-être pas même un instituteur.
...r la société et le droit. Le droit reconnaît le père comme tel par présomption, par le biais d'une simple loi. Il existe toutefois d'autres modèles de famille dans le monde. Il est par exemple des modèles matriarcaux, comme celui auquel obéit l'ethnie Na en Chine. Cette société repose sur trois principes. Le premier est la matrilinéarité : toute la transmission, quelle qu'elle soit, passe par la mère – l'homme n'est rien. Le deuxième principe repose sur la matrilocalité : toute la cellule familiale est localisée chez la femme et la famille de cette dernière. Enfin, le troisième principe est celui de l'avunculat, selon lequel c'est l'oncle qui élève l'enfant. Le père n'existe pas, parce que l'enfant est né de ce que l'on appelle « une visite furtive ». Il n'y a pas de père – et, pourtant, les ...
...le hétérosexuel a effectivement un papa et une maman, ce qui correspond à l'idéologie et aux convictions de certains. Très bien. Il faut, toutefois, également comprendre les convictions et l'idéologie d'autres personnes, et surtout ne pas incriminer les mamans élevant seules des enfants. S'ils m'avaient connue il y a vingt-cinq ans, certains d'entre vous m'auraient peut-être qualifiée de « fille mère » – terme que j'ai toujours détesté. Je m'en suis toujours bien sortie, et mon enfant également. Il n'est pas toujours facile d'être fille mère – de remplir à la fois les rôles du papa et de la maman. Celui ou celle qui aime un enfant, cependant, se donne tous les moyens nécessaires pour lui transmettre cet amour, afin qu'il s'épanouisse et réussisse ensuite dans la vie. Que l'on ait des désacco...
...us tous, je me suis interrogé, et n'ai pas toujours été favorable à l'ouverture de la PMA aux couples de femmes. Je me suis longtemps posé cette question, ne sachant pas s'il fallait être pour ou contre. J'ai cependant beaucoup évolué sur ce sujet. J'écoutais récemment Boris Cyrulnik, que tous respectent ici, et dont chacun reconnaît l'expertise scientifique. Que nous dit-il ? Il explique que la mère, dans la relation qu'elle entretient avec son enfant, est celle qui rassure, qui constitue le cocon permettant à l'enfant d'entamer sa marche dans la vie avec l'assurance d'être aimé. Vient ensuite le père, qui permet d'aller au-delà de la mère, de prendre conscience que le monde ne s'arrête pas à cette dernière et qu'il y a davantage à aimer qu'elle.
...hacun se fait de la vie en couple, en société et en famille. Il importe donc de respecter les différents avis, qui peuvent d'ailleurs évoluer. Mon propre regard, comme celui du président Faure, a par exemple changé à force d'écouter et de voir les différentes manières d'être en famille et d'éduquer les enfants. Étant moi-même père de deux enfants conçus dans un couple dit classique – un père, une mère – , je crois aujourd'hui que, si mes enfants étaient éduqués par deux femmes qui les aiment, ils n'en seraient pas moins heureux. Je suis donc de ceux qui ont évolué sur ces questions. En tant que représentant de la circonscription des Français établis au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, j'engage chacun à étudier la façon dont on est père ou mère dans certains pays africains, où la cellule fami...
... je ne reviendrai pas sur celle que vient de mentionner Mme Genevard – et je peux entendre, d'ailleurs, vos considération sur l'éventualité d'un biais. Reste qu'il est assez étonnant de nous entendre opposer qu'il faut attendre la réalisation d'études suffisamment fiables pour voter le texte ; en effet, tant qu'il n'est pas voté, on ne risque pas d'avoir une cohorte d'enfants nés de PMA avec deux mères et donc de disposer des études que vous réclamez. C'est pourquoi cet argument, de votre part, me semble quelque peu limité : si vous votez la suppression de l'article 1er, vous ne permettrez pas à ces enfants de venir au monde et donc, j'y insiste, d'être l'objet de telles études. En ce qui concerne la GPA, je répète – je le répéterai peut-être à chaque article, et nous serons nombreux à le fai...
...it de la filiation étant fondé sur la sexuation de la conception, la consécration d'une double filiation dans la même branche, monosexuée, ébranlerait tout le droit de la filiation. Pour des raisons qui se situent sur un plan anthropologique, religieux ou psychanalytique, il ne serait pas souhaitable, pour beaucoup d'entre nous, de s'affranchir de la réalité biologique en supprimant le père ou la mère de tout schéma filiatif légal. En outre, une modification du droit de la filiation, même pour quelques-uns, pourrait avoir des conséquences difficiles à anticiper sur les représentations de la filiation en général, tant il est vrai que le droit a un rôle symbolique et structurant pour l'individu et pour la société. On peut ainsi s'interroger sur l'existence d'un risque : celui d'accréditer l'id...
...s en France de congeler ses gamètes, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, sans raison médicale. Une fois encore, cela représente une avancée prépondérante qui va de pair avec l'évolution de notre société, notamment pour les femmes qui, de plus en plus pressées par leur horloge biologique, doivent pouvoir retarder leur maternité et ainsi maîtriser leur fertilité, afin de pouvoir devenir mère à un moment qu'elles estimeront plus opportun pour elles. D'une manière générale, j'estime que ce projet de loi visant à réviser les lois de bioéthique va dans le bon sens. Il répond positivement aux évolutions sociétales souhaitées par nos concitoyens et s'inscrit dans la lignée de l'avis favorable rendu par le Comité consultatif national d'éthique. Je reste toutefois vigilant sur plusieurs po...
... fait oeuvre commune ; nous aurons avancé d'un pas, certes petit, trop petit encore, mais avancé tout de même, dans le sens de l'histoire, la grande et belle histoire de l'émancipation humaine. Et pour nous donner du courage dans le long chemin qu'il reste à parcourir, je terminerai par les mots de la poétesse afro-états-unienne Audre Lorde – une femme noire, lesbienne, militante de l'égalité et mère de famille. Dans Sister Outsider, un recueil dense et intense de ses essais parus entre 1976 et 1983, elle confie : « Quand j'envisage l'avenir, je pense au monde que j'ai ardemment désiré pour mes filles et mes fils. Je pense à la survie des espèces : je pense à la vie. Vraisemblablement, il y aura toujours des femmes qui marcheront avec des femmes, des femmes qui vivront avec des hommes, et des...
...r le don de sperme et le don d'ovocytes, comme il a existé des campagnes nationales pour le don d'organes. En France, un couple sur six a des difficultés à concevoir. Ce chiffre est en constante augmentation et nous conduit à envisager à un grand plan sur la fertilité dans un avenir proche. Je me permets de rappeler à quel point il est insupportable et fou, dans une société où l'injonction à être mère est si forte, de voir cet espoir réduit à un caprice ou à une demande sociétale ! La décision d'entamer un parcours de PMA est mûrement réfléchie ; ce parcours est douloureux et son taux d'échec immense. La PMA peut être lourde, elle peut parfois fracturer les couples. Elle s'accompagne de son lot de déceptions et de souffrances, avec, heureusement, souvent mais pas assez, au bout du chemin, la ...
Bien sûr, une mère peut faire cela, une mère peut tout faire, et alors ? Faut-il donc pour autant supprimer les pères ? C'est ce que vous faites, madame la ministre, mesdames et messieurs les députés, et j'espère que vous prendrez un jour conscience de la société d'élimination que vous créez. J'idéalise les pères, me dit-on, mais n'idéalisez-vous pas les mères, alors que 30 % des maltraitances sont dues aux mères ...