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... avec beaucoup d'humilité. Il me semble que ce qui manque le plus, aujourd'hui, c'est que la mort réintègre nos vies : nous cherchons en effet par tous les moyens à la repousser, à prolonger nos vies, ce que je trouve infiniment regrettable. Peut-être que nous pourrions ajouter au présent débat celui sur le fait de savoir comment faire pour nous réapproprier notre mort. Mais c'est vraiment comme médecin que j'entends m'adresser à vous. Mon action se fonde évidemment sur le serment d'Hippocrate selon lequel je ne dois jamais provoquer la mort délibérément. Dès lors, je me sens vraiment en porte-à-faux dans l'exercice quotidien de ma mission. Je sais bien que nous péchons, en France, par un déficit de culture du soin palliatif, par un manque de structures adéquates, par une diffusion certainement ...
...cussion mais reflètent l'intention de nombreux députés siégeant sur tous les bancs. Ils s'interrogent, doutent, peuvent parfois changer d'avis dans un sens ou dans un autre. Le no 1616 est cosigné par plusieurs collègues du groupe UDI et indépendants : nous n'avons en effet pas souhaité multiplier les amendements de suppression. Vous remarquerez que nombre des signataires de ces amendements sont médecins. Cela ne signifie pas que le débat devrait leur être réservé – c'est bien sûr un débat social, sociétal, politique et chacun d'entre nous, représentant de la nation, a vocation à s'y exprimer, à donner son avis et à indiquer son vote. Je note malgré tout que nombreux sont nos collègues médecins qui insistent sur le fait que, d'une part, la loi Claeys-Leonetti n'est pas assez connue, pas assez ap...
Il est vrai que le moment est grave. Beaucoup a été dit, des médecins se sont exprimés mais cette proposition de loi ne se préoccupe pas beaucoup d'eux.
C'est pourquoi je souhaite avant tout rendre un hommage très sincère et appuyé à tous ces médecins, à tous ces soignants qui, depuis un an, se démènent jours, nuits et week-ends pour sauver des vies.
...n'en ont pas bénéficié dans leur cursus. Il faut instaurer une culture du soin palliatif dans les milieux médicaux. Il s'agit par-là, individuellement et collectivement, de changer notre regard sur la fin de vie, de rendre les soins palliatifs accessibles à l'hôpital, dans les EPHAD ou à domicile. Surtout, ce que cette proposition de loi ne fait pas, chers collègues, c'est qu'elle n'aide pas les médecins. Au contraire de la loi Claeys-Leonetti qui prend leur mission en considération, respecte le serment d'Hippocrate et offre la sécurité d'un cadre clair, le présent texte fera peser une pression sur les soignants, quand bien même elle prévoit un droit de retrait. Et son champ d'application est tellement large, tellement vague, qu'il ne fera que les déstabiliser, …
Cette semaine, nous avons entendu Jean Leonetti, qui a donné son nom à deux lois qui honorent la République, et qui peut se prévaloir d'une double expérience d'ancien parlementaire et de médecin. Il a commencé son intervention par une phrase simple et qui me semble essentielle ici : « J'ai une série de doutes. » Comme à l'occasion de la discussion du projet de loi relatif à la bioéthique, nous devons avoir l'humilité de reconnaître qu'au fur et à mesure des questions posées, de nouvelles apparaissent – plutôt que des réponses. C'est en tout cas ainsi que je ressens ce débat. Si je prop...
...r, je n'assume pas d'autoriser autrui à donner la mort. Je suis pour le respect de la vie et la nécessité de soulager celui qui souffre. C'est précisément ce que permet la loi Claeys-Leonetti qui, si elle était mieux appliquée, permettrait l'accès aux soins palliatifs qui accompagnent la fin de vie en allégeant les souffrances – ce qui, en vertu du serment d'Hippocrate, est un devoir médical. Le médecin est celui qui soigne et non pas celui qui met fin à la vie d'autrui. C'est pourquoi je suis opposée à ce texte et à son article 1er : je suis pour l'accompagnement – par les soins palliatifs, par la sédation profonde – du malade en fin de vie, dans la dignité, en lui épargnant les souffrances, mais sans lui donner la mort.
...fs, on l'a dit, sont un moyen d'apaiser cette douleur. Des citoyens avec lesquels j'ai échangé ont témoigné de la fin de vie douloureuse de proches et de la difficulté d'accompagner des personnes atteintes de maladies neurodégénératives. Il faut en effet reconnaître, comme cela a été fait à plusieurs reprises, un problème dans l'accès aux soins palliatifs, lequel se caractérise par un déficit de médecins formés et des inégalités territoriales marquées, par exemple entre Paris et les communes éloignées des grands centres hospitaliers. Un médecin en réanimation à Colombes, dans ma circonscription, me faisait ainsi part du désarroi qu'il ressentait quand des personnes envoyées par leur médecin référent arrivaient dans son service alors qu'elles n'avaient plus que quelques jours, voire quelques heur...
...n. On nous assure que tout se passe bien dans les pays où l'euthanasie est légalisée. Or, après avoir interrogé des professionnels exerçant dans ces pays – je songe par exemple à la Belgique – , il apparaît qu'aucune modalité de contrôle du dispositif n'est prévue. Avant d'affirmer que tout va bien, encore faudrait-il que des contrôles existent ! La seule procédure prévue consiste à demander aux médecins de cocher des cases sur un formulaire pour dire s'ils ont pratiqué des euthanasies – légales ou illégales – et si elles se sont bien déroulées. On imagine bien qu'ils ne seront pas assez sots pour cocher la case « j'ai pratiqué des euthanasies illégales » ! Les contrôles, en réalité, sont inexistants. On en est aussi venu à dire que tout ne se passe pas toujours mal. Mais quand il s'agit de don...
...rs de solidarité et de fraternité, envers et contre tout. Je partage cette vision d'une société qui se tient aux côtés des plus faibles et des plus vulnérables. C'est ce message que nous répétons depuis un an, sans faiblir : chaque vie est importante et elle compte pour nous plus que tout, jusqu'au bout. Alors oui, monsieur le ministre, il faut développer les soins palliatifs et mieux former les médecins, parce qu'on ne peut pas – on ne doit pas – abandonner les nôtres.
...ormation en soins palliatifs à tous les soignants : là est l'urgence. Dans les services de soins palliatifs, en effet, la question de l'euthanasie ne se pose presque jamais, dès lors que la douleur est maîtrisée et que le projet de vie est respecté jusqu'au bout. C'est pour cela que je demande la suppression de cet article. J'en parle en connaissance de cause car mon époux a été un des premiers médecins spécialisés en soins palliatifs en France et j'ai moi-même formé des praticiens dans ce domaine. Nous devons d'abord faire le maximum pour préserver la vie avant de donner le droit d'euthanasier autrui, ce qui aurait des conséquences que l'on ne mesure pas encore pour les plus fragiles, handicapés ou très âgés, qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer. Par cette disposition, serions-nous vrai...
...quats, serait de se suicider ou de se faire assister pour mettre volontairement et instantanément fin à leur vie. Par ailleurs, plusieurs points de la rédaction de l'article appellent par ailleurs un large débat : comment qualifier une phase avancée ? La notion d'impasse thérapeutique, mentionnée à l'article 2, n'est en effet pas évoquée ici. De même, les dispositions prévues en cas de refus du médecin ou d'un membre de l'équipe de participer à une procédure d'assistance médicalisée active à mourir ne sont pas satisfaisantes. J'y reviendrai peut-être. Je le répète, aucune évolution législative ne peut avoir lieu tant que nous n'aurons pas généralisé l'accès aux soins palliatifs.
Vous connaissez mon attachement, en tant que vice-président du groupe d'amitié France-Israël, pour Israël et pour la communauté juive. Il est troublant de penser que, pendant que nous célébrons, à travers la résilience dont ont fait preuve ces personnes, la résistance du vivant dans une situation extrême, on puisse saluer des médecins de la mort, des praticiens qui avaient suivi ces études dans le but de soigner, de conserver le vivant et qui se transforment aujourd'hui en médecins expérimentateurs.
J'ai choisi la médecine par vocation, et même en imaginant la souffrance de l'autre, une souffrance qui le plus souvent paraît insupportable à nos yeux, je ne suis pas prêt à donner la mort. Monsieur Falorni, vous entretenez une illusion en prétendant qu'une personne qui consent à être achevée par autrui accomplit un acte de liberté. En tant que médecin, je ne suis pas prêt à vous suivre.
Que les auteurs de cette proposition de loi me pardonnent si je reformule mal leurs idées et si je les choque. J'entends qu'il s'agit de donner au médecin le droit de passer à l'acte et, si j'ose dire, d'en finir lorsqu'un patient dit qu'il n'en peut plus et qu'il veut que cela s'arrête. Je peux imaginer qu'une telle décision soit parfaitement assumée. À l'évidence, il est bon de débattre de cette question qui fait naître plus de doutes que de certitudes. Cela dit – et nous sommes certainement très nombreux à en avoir fait l'expérience – , dans le...
La majorité souhaite légaliser l'euthanasie. Je constate que de nombreux médecins s'y refusent et je me demande pourquoi. Peut-être est-il difficile pour un médecin d'appuyer sur la seringue létale. Ne l'étant pas moi-même, je ne peux me prononcer. Je me dis en tout cas qu'il est facile pour nous de légiférer en laissant, mine de rien, aux médecins la responsabilité des conséquences de notre vote. On me dit que c'est un acte accompli par amour, mais posons-nous la question :...
Se donner la mort est un acte que je ne pourrais qualifier de courageux en tant que médecin parce que mon travail, c'est d'empêcher les gens d'en finir avec leurs jours, mais c'est un acte difficile auquel beaucoup renoncent parce qu'ils ont peur des conséquences d'un suicide raté, parce que leur état dépressif a pris fin ou bien parce qu'entourés des leurs, ils considèrent par esprit de responsabilité que leur propre douleur n'est peut-être pas encore assez forte pour générer de la dou...
...défendre le choix de la France d'écarter la légalisation de l'euthanasie, contrairement aux Pays-Bas et à la Belgique. Cette décision a sans aucun doute été le fruit d'une longue réflexion personnelle sur le sens de la vie. Pourquoi vouloir rester jusqu'au bout quand vous savez que vous êtes condamné à court terme, et que vos souffrances physiques et psychiques seront, en dépit des progrès de la médecine et du dévouement des soignants, réfractaires à tout traitement thérapeutique ? Pourquoi endurer une cruelle agonie quand la mort peut vous délivrer d'une vie qui n'est plus qu'une survie douloureuse sans espoir de guérison ? Ces questions existentielles, nous sommes tous amenés à nous les poser un jour, pour nous-mêmes ou pour nos proches. La crise sanitaire que nous traversons, malheureusement...
L'article 3 prévoit que la personne de confiance relaie la demande du patient devenu inconscient au médecin traitant. Cette disposition pourrait s'avérer bloquante si le patient n'a pas désigné de personne de confiance, même s'il a rédigé des directives anticipées. Il convient de modifier le dispositif, en indiquant que le médecin traitant transmettra la demande à deux autres praticiens au minimum, dont au moins un est spécialiste de l'affection dont souffre le patient, en cohérence avec la précision a...
...soin, complémentaire des soins palliatifs, ayant pour objet d'humaniser l'agonie, comme le dit souvent notre collègue Jean-Louis Touraine. Il s'agirait d'une ultime liberté permettant de garantir le principe d'autonomie de la personne et de placer le patient au cœur des décisions médicales qui le concernent. D'autres considèrent au contraire que l'aide active à mourir est une ligne rouge que les médecins, les patients et leurs familles ne doivent pas franchir, en raison de la vision de la société qu'elle sous-tend et des dérives qui pourraient en résulter. Ils craignent aussi que les demandes d'euthanasie résultent d'un manque d'appropriation et d'application de la législation relative à la sédation profonde, ainsi que des carences de notre offre de soins palliatifs et d'accompagnement de la fin...