Interventions sur "mali"

204 interventions trouvées.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean François Mbaye :

... fallait attendre un peu. Les élections législatives ont eu lieu au Cambodge il y a belle lurette et nous n'entendons plus parler de rien. Peut-être s'agissait-il d'une décision purement politique, mais il fallait nous le dire en face ! Il en va de même pour ce texte : il y a le juridique et le politique. Je suis désolé, l'argument juridique est solide. Si vous voulez un agenda politique pour le Mali, je suis le premier à vouloir accompagner la région du Sahel, à la fois par le développement et par le sécuritaire, car c'est essentiel. Mais quant à ce texte, encore une fois, à qui le donnerons-nous une fois adopté ?

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

Je vous rappelle que la France reconnaît traditionnellement les États en fonction de leur effectivité. En l'espèce, on considère que l'État malien est effectif, mais vous avez raison, le système institutionnel n'est pas du tout achevé et il y a là un élément de pari.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

...is d'accord avec mon collègue de La République en Marche, ce qui est plutôt rare. Ce n'est pas le contenu de l'accord qui nous pose problème, évidemment. Quant au fait de revenir à l'accord de 1962, je vous signale que c'est celui qui s'applique en ce moment même. Le fait de reporter notre vote de quelques jours ou de quelques mois ne mettrait donc pas en péril les relations entre la France et le Mali. Ce texte traite d'entraide judiciaire et de terrorisme. Considère-t-on qu'il est possible de conclure un accord judiciaire avec un État qui, même s'il est accepté par la communauté internationale, n'est pas en l'état actuel des choses un État de droit ? Je suis aussi sensible à la question du message politique à la population. Enfin, imaginons que nous autorisions tout de suite l'approbation de...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

...son rôle et sa dignité : si nous estimons que nous ne sommes pas assez informés, nous pouvons demander un complément, mais nous devons prendre nos responsabilités. La situation est originale : le péché originel est un coup d'État, mais dont l'objectif est de nous rapprocher de l'Éden, au lieu de nous en faire sortir, puisque le but du processus est de rétablir une situation à peu près normale au Mali. La modernisation et l'amélioration de l'accord de 1962 est une contribution, certes modeste, à ce processus. Refuser l'approbation de ces conventions serait plutôt un signe de solidarité envers l'ancien gouvernement, qui pourtant n'a pas donné d'exemples mirobolants de réussite. Quoi qu'il en soit, j'envisage de procéder à un premier vote pour vous demander si vous souhaitez vous prononcer sur ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSira Sylla, rapporteure :

Je suis favorable à ce que nous votions aujourd'hui. Si le Gouvernement a déposé le projet de loi, c'est qu'il a l'intention de procéder à l'approbation. Je pense qu'il est important d'envoyer ce signal au Mali, qui est demandeur de coopération en matière pénale pour former les magistrats, en particulier aux outils d'investigation, notamment numériques. Cela va dans le sens de notre partenariat avec l'Afrique, que surseoir au vote reviendrait à freiner. L'accord est couplé aux engagements pris au sommet de Pau, qui a clarifié les choses avec la définition des quatre piliers, puis lors du sommet de N'Dja...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Chers collègues, je suis heureuse de vous retrouver pour entendre nos deux co-rapporteures, Sereine Mauborgne et Nathalie Serre, qui viennent nous présenter leur rapport sur l'opération Barkhane, réalisé dans le cadre d'une mission d'information que j'ai présidée. L'opération Barkhane résulte de la fusion en 2014 de l'opération Serval, lancée en 2013 à la demande de l'État malien pour stopper une offensive djihadiste vers Bamako, et de l'opération Épervier, engagée au Tchad en 1986 : seule une approche régionale permettait en effet de faire face à une menace djihadiste qui se jouait des frontières. Barkhane est aujourd'hui la plus importante opération française, couvrant un territoire plus grand que l'Union européenne. Plus de 5 000 militaires sont déployés au Tchad, a...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

...t de la force Barkhane, et avons pu échanger avec le colonel Malard, commandant la base aérienne projetée de Niamey, le colonel Frédéric Delacotte, commandant la Plateforme opérationnelle Désert de Gao, et de nombreux militaires alors déployés sur les deux sites. Nous avons aussi été à la rencontre des détachements alliés – les Britanniques, les Danois, les Estoniens – ainsi que des Forces armées maliennes déployés à Gao. Notre déplacement nous a également permis d'échanger, au Mali, avec le Gouverneur de Gao et des représentants de la MINUSMA ainsi qu'au Niger, avec des représentants de la Force conjointe, puisque nous nous sommes rendus au Poste de commandement conjoint de Niamey. Ce fut notre seul déplacement, la situation sanitaire ayant eu raison de nos projets de nous rendre à Canjuers,...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Serre, co-rapporteure :

...ont paru déplacés s'agissant de travaux parlementaires dont la liberté doit être totale. Le troisième groupe, enfin, est celui de nos alliés et partenaires. Il nous a d'abord semblé important de nous entretenir avec des représentants des pays concernés, c'est-à-dire des pays du G5 Sahel. Malheureusement, nous ne sommes pas parvenus à organiser de rencontres avec des représentants des autorités du Mali comme du Tchad. Cela reste un véritable regret. Nous avons aussi échangé avec nos alliés et partenaires non-africains, et en particulier avec des représentants des autorités allemandes, américaines, britanniques, danoises et estoniennes, ainsi qu'avec des représentants de la MINUSMA et de l'Union européenne. Bref, une trentaine d'auditions pour un large tour d'horizon qui nous a paru indispensa...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

...dame la présidente, d'avoir souhaité créer cette mission d'information. Et nous mesurons notre privilège d'en avoir été désignées les co-rapporteures. Mais il est à présent temps d'en venir au cœur de notre sujet ! Comme vous le savez, l'opération Barkhane a pris la suite de l'opération Serval, déclenchée le 11 janvier 2013 par François Hollande afin de répondre à l'appel à l'aide des autorités maliennes face à la « descente » de colonnes djihadistes vers Bamako. Car si l'on ne compte plus les rébellions Touarègues contre l'État central, pour la première fois, celle-ci s'accompagnait d'un véritable projet terroriste, à tendance islamiste. Certains d'entre vous se souviennent sans doute des reportages diffusés sur les grandes chaînes de télévision montrant comment le terrorisme était alors i...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Serre, co-rapporteure :

Notre rapport rappelle en détail l'histoire de l'émergence progressive du terrorisme djihadiste au Sahel, et la manière dont Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) ont instrumentalisé puis défait le mouvement Touareg tout au long de l'année 2012. C'est bien à l'appel de l'État malien, qui menaçait de s'effondrer tel un château de cartes, que la France est intervenue rapidement, massivement, et a stoppé l'avancée terroriste. Les territoires conquis par les groupes terroristes ont été repris, afin de permettre aux autorités maliennes d'y reprendre pied. Serval a été un succès militaire et politique incontestable sur lequel je ne m'attarderai néanmoins pas plus avant. Toujour...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

Nous ne reviendrons pas en détail sur le déroulement de notre opération entre 2014 et 2019, préférant nous concentrer sur la nouvelle dynamique enclenchée depuis le début de l'année 2020. Durant ces cinq années, nos forces ont remporté de précieux succès tactiques. Nous y avons déployé environ 4 500 hommes en permanence, à partir de différentes emprises au Niger, au Tchad et au Mali, pour l'essentiel. Nous avons également subi de nombreuses pertes, essentiellement du fait d'engin explosifs improvisés. Le 25 novembre 2019, nous perdions 13 soldats, à la suite de la collision accidentelle de deux de nos hélicoptères – un hélicoptère d'attaque Tigre et un hélicoptère de transport Cougar –, lors d'une opération de combat, par nuit noire, dans la vallée d'Eranga, au Mali. Nous ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Serre, co-rapporteure :

...x grandes organisations terroristes. Premièrement, le Rassemblement pour la victoire de l'Islam et des musulmans (RVIM), également connu sous le nom de Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) ou encore JNIM, en arabe. Avec à sa tête Iyad Ag Ghali, un touarègue, ce groupe est affilié à Al-Qaïda, et réunit en son sein divers groupes tels que la katiba Macina, qui œuvre dans le centre du Mali sous la direction d'Amadou Koufa, ou encore AQMI au Sahel et Ansar Dine, d'ailleurs fondée par Iyad Ag Ghali. Le RVIM est particulièrement actif dans le Nord et dans le Centre du Mali. Deuxièmement, l'État islamique au grand Sahara (EIGS), affilié à Daech, qui est particulièrement actif dans la région des trois frontières, c'est-à-dire à l'intersection dans le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

... –, des britanniques et des danois – transport tactique, sur les théâtres, par hélicoptères de transport lourd –, des estoniens, pour la protection des sites. La contribution des forces occidentales a toutefois franchi un palier supplémentaire avec le lancement de la force Takuba, qui réunit des forces spéciales européennes dont la mission est de former et d'accompagner sur le terrain des unités maliennes. En outre, je n'oublie par l'apport de la mission militaire européenne de formation EUTM Mali, qui forme les forces armées maliennes, et la mission onusienne MINUSMA, qui contribue à la stabilisation du pays. Nous reviendrons plus tard sur ces deux missions et leurs marges de « progrès ».

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

La déstabilisation du Sahel n'est pas le seul fait de l'irruption, au début de la décennie, de groupes armés terroristes. Car la crise malienne, devenue crise sahélienne, est multifactorielle. Elle est liée à l'activité des groupes terroristes, c'est un fait. Mais d'autres facteurs doivent être pris en compte. Premièrement, le manque d'unité du Mali, avec une volonté farouche des populations du Nord de gagner en indépendance ou, du moins, en autonomie. L'offensive djihadiste de 2012-2013 s'appuie d'ailleurs largement sur ces revendic...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Serre, co-rapporteure :

Deuxième facteur : les rivalités entre communautés, sous le fait notamment de la crise du pastoralisme et du changement climatique qui assèche les terres et réduit les points d'eau. Les conflits climatiques sont déjà une réalité au Sahel, comme en témoignent par exemple les affrontements entre Peuls et Dogons. Au Burkina Faso comme au Mali, des groupes d'autodéfense ou des milices communautaires ont vu le jour, se prêtant parfois à des massacres ethniques. L'exemple le plus emblématique est le massacre de près de 160 Peuls à Ogossagou, il y a deux ans, pour lequel a été mise en cause la milice Dogon Dan Na Ambassagou. A contrario, nombre de Peuls sont venus gonfler les rangs du RVIM et de l'EIGS afin d'obtenir les moyens de lutter...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

...ées depuis 2013. Je ne reviendrai pas en détail sur ces différentes initiatives. Mais retenez simplement que la Coalition internationale pour le Sahel est structurée en quatre piliers. Premier pilier : la « Lutte contre le terrorisme », piloté conjointement par les pays du G5 Sahel et la France. Deuxième pilier : le « Renforcement des capacités militaires », piloté par l'Union européenne (EUTM Mali, P3S) en lien avec le G5 Sahel. Troisième pilier : l'« Appui au retour de l'État », piloté par l'Union européenne (Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel, missions européennes EUCAP Mali et EUCAP Niger) en lien avec le G5 Sahel. Quatrième pilier : l'« Aide au développement », piloté conjointement par le G5 Sahel et l'Alliance Sahel. Les initiatives sont nombreuses, l'argent est ...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Serre, co-rapporteure :

...e vous avez pu en prendre connaissance. S'agissant de l'approfondissement du sursaut militaire, trois axes d'effort nous paraissent devoir être développés. Premier axe, le renforcement de la sahélisation des opérations, encore trop faible pour que Barkhane puisse passer le relais. Cela passe par un renforcement des efforts en faveur de la montée en puissance des forces locales, et en particulier maliennes. Jouant un rôle essentiel, la mission européenne de formation EUTM dispose toutefois de marges progrès. Il est ainsi annoncé que 16 000 militaires maliens ont été formés depuis 2013, mais en l'absence d'un système d'information de gestion des ressources humaines performant, impossible de savoir avec précisions ce qu'ils sont devenus ! Paradoxalement, la crise sanitaire a toutefois mis en lum...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, co-rapporteure :

La montée en puissance des forces locales passe aussi par des réformes structurelles, permettant de mettre en place un cycle opérationnel vertueux et de mieux considérer les militaires, en commençant par « bancariser » les soldes. Pour l'heure, au Mali, la bancarisation ne concerne que les officiers… Au-delà, il s'agit de poursuivre l'accompagnement de la force conjointe et d'accroître ses capacités. À terme, il pourrait être envisagé de la placer sous « Chapitre VII » de l'ONU, afin notamment d'espérer pérenniser ses financements. J'en viens immédiatement au deuxième axe : l'approfondissement de l'internationalisation. Je me concentrerai su...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Serre, co-rapporteure :

Mais parce que la voie politique constitue la seule issue de long terme à la crise du Sahel. Parce que la menace terroriste ne s'épuisera qu'une fois épuisé le terreau sur lequel elle prospère. Il faut surtout mettre en œuvre le « sursaut civil ». Pour ce faire, il est d'abord indispensable que le Mali retrouve la paix. À N'Djamena, l'accent a été porté sur la mise en œuvre de l'APR. Si l'on ne peut que souhaiter un apaisement de la question du Nord du Mali, l'APR semble aujourd'hui poser davantage de questions qu'il n'en résout. D'abord, car l'APR lui-même est au point mort, qu'il fait l'objet de nombreuses critiques de la part de la population elle-même et que les groupes armés signataires o...

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMuriel Roques-Etienne :

...ésescalade des violences et prises en étau qui sont menées dans certains villages directement par les habitants ou des représentants ethniques avec les groupes violents qui contrôlent les territoires, que ce soient des groupes terroristes ou des milices d'autodéfense ? Vous l'aurez compris, je fais là référence au reportage de RFI sorti le 12 avril, « Dans les coulisses de l'accord de Niono au Mali ». Ces négociations qui sortent de tout cadre officiel étatique ne risquent-elles pas de doucement convertir les populations locales aux arguments de ceux même qui leur empêchent d'avoir accès même physiquement à l'État, en entretenant un dialogue direct avec les populations et en leur accordant la levée de certaines contraintes ? Sur le volet militaire, votre rapport montre que la coopérati...