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Quoi qu'on en pense, le voile est un signe plurivoque. Toutes les femmes ne le portent pas pour les mêmes raisons. Cessons de croire qu'il ne traduit que la soumission de la femme. Même si l'on y est opposé, n'oublions pas qu'il a plusieurs significations et qu'il n'y a pas qu'une seule raison de le porter. Je tiens à rappeler aussi que la Conférence des présidents d'université s'est prononcée contre l'interdiction du voile à l'université...
Je voudrais d'abord intervenir sur le fond de vos amendements, chers collègues. Vous proposez qu'à l'université, on applique les mêmes règles et lois que celles qui prévalent dans les écoles où étudient les enfants mineurs. Depuis la loi de 2004, les signes distinctifs y sont effectivement interdits – et c'est une bonne chose. Mais l'école n'est pas du tout la même chose que l'université, qui accueille des majeurs.
...yen comme un autre et non pour son appartenance à une communauté ; à l'école, c'est entre jeunes citoyens en formation que doivent se tenir les débats. Je soulignerai ensuite que, comme d'habitude, vous avancez des arguments et des faits sans aucune source et exagérez certains phénomènes. Jean-Louis Bianco expliquait en 2016 qu'en tout et pour tout, dans les universités, 140 incidents liés à des signes religieux avaient été dénombrés, dont 20 à 25 concernaient le voile.
...fiez ce phénomène pour en faire un fantasme et laisser penser que notre pays est, comme vous le dites en permanence, en proie à un danger séparatiste tel qu'il remettrait en question les fondements de la République. Les amendements que vous avez présentés, chers collègues, et ceux qui suivront, sont donc non seulement contraires à la loi de 1905, mais visent, en réalité, à n'interdire qu'un seul signe distinctif dans l'espace public – le voile. Voilà tout ce dont il s'agit. J'entends M. Ciotti ou Mme Genevard, j'ai entendu Mme Ménard : il faudrait interdire ce signe car il serait le symbole de la soumission des femmes.
Mais faites attention, chers collègues, car la soumission de la femme à l'homme est inscrite dans les textes et les manifestations religieuses des trois religions monothéistes, et parfois dans leurs signes distinctifs. Savez-vous par exemple que le voile d'une mariée chrétienne signifie la soumission de la femme à son époux ?
...nom de cette revendication, allez-vous demander que les mariages religieux ne se déroulent plus de la même façon dorénavant ? Tout cela renvoie, dans la religion chrétienne, à une idée très claire : Lilith a été considérée comme un démon car elle est née de l'argile comme Adam, contrairement à Ève. Elle a ainsi été bannie parce qu'elle se voulait l'égale de l'homme. Allez-vous considérer que tout signe religieux cautionnant cette vision de la femme et de l'homme est à bannir ? Bien sûr que non ! Vous n'allez pas le faire…
… car depuis la loi de 1905, on estime fort heureusement que ces signes distinctifs dans l'espace public doivent être éventuellement contredits par la pédagogie et le débat, et non interdits. L'interdiction, vous ne l'imposez en réalité qu'à une seule religion. Votre proposition n'est pas de bannir ce signe de soumission de tout l'espace public, ni même de la bannir des écoles : lorsque nous avons proposé des amendements réclamant la fin de l'interdiction de la mix...
...justement de les émanciper, de les conduire dans un cheminement de construction de l'esprit et de la personnalité. C'est ce qui fait la vertu du système dans lequel nous vivons. Nous n'avons pas à nous préoccuper de la façon dont les étudiantes sont vêtues et du fait qu'elles soient voilées ou non – quant aux jeunes garçons, leur front est parfois marqué par la zabiba, une tache sombre qui est un signe manifeste de piété. L'objet n'est pas là : il est de construire des esprits libres, dans toutes les dimensions que peut revêtir l'esprit. Je ne pense donc pas qu'il soit profitable de légiférer dans ce domaine. J'ajouterai un dernier point : pour les jeunes filles dont nous parlons, l'université est souvent le premier lieu d'émancipation…
...elque sorte ghettoïsés. Pour la première fois de leur vie, elles ont la possibilité de se mélanger à d'autres publics. On constate systématiquement qu'après une première année au cours de laquelle elles restent marginalisées, elles tendent à se mêler davantage aux autres publics à mesure qu'elles avancent dans leur cursus. Je ne pense pas que l'interdiction du voile dans les universités serait un signe positif, même si je suis sensible aux arguments qui ont été évoqués.
Vous pensez que c'est un signe de soumission. Il se trouve qu'en France, d'autres personnes pensent le contraire – et ce sont des Françaises et des Français à part entière. Je ne crois pas qu'il soit de notre responsabilité de dire à une femme comment elle doit se vêtir. Le deuxième sous-entendu, qui n'en est pas vraiment un puisque j'ai entendu ces propos ici même, c'est que toutes les femmes voilées sont une menace pour la ...
... faire de l'université un lieu où l'usager serait contraint. Très franchement, cela conduit à ouvrir d'autres débats, ceux de la laïcité de l'usager dans les nombreux autres services publics, du salarié sur son lieu de travail, et finalement de l'ensemble des personnes dans l'espace public. Et puis, le voile, qui semble constituer pour certains une préoccupation obsessionnelle, n'est pas le seul signe religieux ostentatoire que l'on puisse voir dans les services publics, sur les lieux de travail et dans la rue. Que faites-vous des autres signes ?
Excusez-moi : ce que je viens de décrire est un signe manifestement communautaire, mais pas un signe ostentatoire religieux, et vous auriez bien du mal à me prouver le contraire, puisqu'il n'existe aucun précepte en la matière. Vous allez interdire à un membre de la communauté loubavitch d'aller étudier à l'université et vous allez ainsi contribuer à créer, comme on l'a d'ailleurs déjà fait, des universités privées religieuses. Il y a une certaine ...
...que vous n'êtes pas à une contradiction près, mes chers collègues. Vous nous dites que le voile est interdit dans les établissements du secondaire, ce qui est normal, puisqu'on a affaire à des mineurs, et que les étudiants fréquentant l'université peuvent y porter ce qu'ils veulent, puisqu'ils sont majeurs. Dans ce cas, si je comprends bien, vous allez voter nos amendements interdisant le port de signes religieux par les mineurs ? En effet, les mineurs sont des individus en construction, qu'il faut protéger de toute absence de neutralité religieuse.
... conscience et à la foi, du droit commun, tout en garantissant cette même liberté de conscience. Je crois que nous sommes dorénavant immensément majoritaires dans cet hémicycle à distinguer ceux qui font fonctionner le service public de ses usagers. Les premiers ne doivent aucunement, par leur habillement ou leur comportement, et j'insiste sur l'importance du comportement, envoyer aux seconds des signes qui les humilient. En effet, toute religion est pour l'autre une hérésie, aussi les plus fondamentalement croyants n'ont-ils nullement l'intention de montrer qu'ils se soumettent à quelqu'un. Où irons-nous si vous supprimez la frontière qui sépare les agents des usagers ? En passant d'une idée à l'autre, et à l'autre, nous interdirons tout. Vous excipez des femmes obligées de porter un voile dan...
Cela peut évidemment prêter à sourire aujourd'hui, mais je n'aurais pas eu le front d'aller lui dire d'enlever ça pour être libérée, et je ne sais quoi. Je ne vous dirai pas que vous avez tort ! Hier, Mme Ménard a dit qu'elle connaissait assez bien la religion catholique pour pouvoir en parler ; je n'en disconviens pas, puisque dans sa mairie, ils installent même des crèches, ce qui est un signe de laïcité assez évident pour tous ceux qui passent par là. Mais enfin, pourquoi pas ? Cependant, madame, la religion catholique est la seule dans laquelle un père fondateur, saint Paul, dit que la femme doit se voiler pour marquer sa soumission à l'homme.
... les services publics. Nous défendrons des amendements en ce sens. Ce serait une évolution. Enfin, disais-je, en 2013, de même que vous nous faisiez part de votre propre malaise devant vos étudiants, monsieur Euzet, la mission laïcité du Haut Conseil à l'intégration s'inquiétait du fait qu'à l'université « un nombre croissant d'enseignants éprouve devant des étudiants arborant ostensiblement des signes d'appartenance religieuse qui apparaissent comme autant de symptômes de la montée de revendications identitaires et communautaristes, de fermeture, voire d'ostracisme, de refus de certains savoirs ». Tel est bien le problème, ne le niez pas. Vous évoquez la liberté, mais nous sommes tous attachés à la liberté ! J'en appelle, pour ma part, à la liberté de ceux qui ne portent pas le voile à l'uni...
...n débatte. Les mêmes protagonistes animent des débats que nous avons déjà eus : d'un côté, ceux qui voient dans le moindre centimètre de voile un continuum presque automatique avec le séparatisme, voire avec le terrorisme, et, de l'autre, ceux qui, dans une confondante naïveté, une forme de déni inexplicable, nient l'existence du séparatisme au sein de l'université et refusent d'admettre que les signes religieux rigoristes témoignent bien évidemment de l'entrisme de l'islam radical à l'université.
...le exerce la liberté que leur confère la loi : elles sont totalement libres de manifester et d'exprimer leur opinion, même religieuse, et de se vêtir comme elles le souhaitent. Cependant le voile peut aussi être une revendication islamiste. C'est pourquoi je pense que ce débat, quelque peu stérile, entre ceux qui nient et ceux qui exagèrent, est un peu vain. On peut déplorer la prolifération des signes religieux dans l'espace public et la progression du port du voile islamiste, ce qui est mon cas, comme, sans doute, celui des 61 % de Français qui déclarent n'appartenir à aucune religion. On a le droit de dire que le voile ne correspond pas vraiment à l'idée que l'on se fait des relations entre les femmes et les hommes. Faut-il pour autant légiférer sur le voile à l'université ? Franchement, j...