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...ompte tenu de son décès des suites de ses blessures, le 21 mars dernier, nous avions jugé indispensable de repousser à aujourd'hui l'audition, initialement prévue la semaine dernière, des deux personnes qui se sont succédé à la direction de cette maison centrale d'Arles. Mme Corinne Puglierini, qui était cheffe d'établissement jusqu'en février 2022, venait de quitter ses fonctions au moment de l'agression. Elle est toutefois la plus à même de répondre aux questions qui se posent sur la façon dont étaient gérés les deux détenus, sur l'évolution du comportement de M. Elong Abé et sur les conditions de détention de M. Colonna. M. Marc Ollier, est chef d'établissement de la maison centrale depuis fin février 2022 ; il était donc en poste au moment des faits.
Madame la directrice, pouvez-vous détailler quel a été le parcours en détention de M. Elong Abé depuis la date de son arrivée à la maison centrale d'Arles, sous votre responsabilité, jusqu'au moment de l'agression ? Nous savons qu'il était incarcéré à la maison centrale de Condé-sur-Sarthe et qu'il avait été transféré à la maison centrale d'Arles à la suite d'un certain nombre d'incidents. Lors de son audition, M. Ridel, directeur de l'administration pénitentiaire, a expliqué que la situation de M. Elong Abé s'était améliorée, ce qui a conduit à une détention classique et lui a permis accéder au statut d'a...
Monsieur le directeur, pouvez-vous décrire le déroulement précis de l'agression ?
...cipation à l'assassinat d'un préfet de la République et au contexte politique qui entourait le crime qu'il a commis et sa condamnation, ne soit pas plus surveillé ou plus protégé. On a vu les conséquences de son assassinat et on les subira sans doute longtemps. Peu de détenus portent une charge aussi symbolique. Je m'étonne vraiment que, compte tenu des répercussions politiques importantes qu'une agression contre lui pouvait avoir, il n'y ait pas eu, à la maison centrale d'Arles, de mesure particulière pour assurer sa protection et sa sécurité.
À quelle date s'est tenue la dernière commission locale qui a examiné le statut de DPS d'Yvan Colonna et de Franck Elong Abé, avant l'agression ?
...alors que, dans n'importe quel service, hospitalier ou de sécurité, elle est effectuée à des horaires appropriés. À moins que vous ne le confirmiez, je ne suis pas sûr qu'il soit usuel de conduire une telle opération dans ces horaires-là. Je n'ai d'ailleurs pas compris les conséquences de cette maintenance sur le visionnage et l'enregistrement, notamment des allées et venues, avant et autour de l'agression. Nous sommes là pour traiter de la possibilité d'une préméditation mais aussi de celle qu'un tiers ait pu commanditer cet assassinat. Nous sommes dans notre rôle pour savoir si les dysfonctionnements – le mot est faible – vont jusqu'au laisser-aller, volontaire ou coupable, voire la connivence, et pourquoi. Compte tenu des zones d'ombre, ces questions se posent. Par exemple, sur les vidéos que, ...
En raison des opérations de maintenance, le personnel ne pouvait pas passer des images d'une caméra à celles d'une autre. Après l'agression, alors que M. Elong Abé avait dit très calmement au surveillant que M. Colonna avait fait un malaise, très vite, avez-vous dit, l'un de vos collaborateurs a affirmé qu'il s'agissait d'une agression. Sur quel fondement ? Qu'entendez-vous par « très vite » ?
...out cela, on lève son isolement, on lui permet d'être auxiliaire, on devait le libérer dans quelques mois et, bien entendu, on lui trouve un rendez-vous à Pôle emploi. Cela me semble très inquiétant. Les faits disciplinaires opposés à Colonna s'agissant de la levée de son statut de DPS sont-ils de même nature que ceux commis par Elong Abé ? Pouvons-nous les connaître précisément ? Au moment de l'agression, cinq DPS se trouvaient dans le bâtiment A, dont trois dans deux pièces contiguës. Deux agents étaient en poste au PIC, deux autres au PCI. Comment se fait-il que, pendant douze minutes, avec près de 300 caméras, quatre gardiens n'aient pas eu la moindre possibilité ni de se rendre compte qu'une agression était en cours, ni d'intervenir physiquement ? Pourquoi n'avait-on pas prévu, sachant que Co...
Pouvez-vous confirmer qu'en détention, Colonna était systématiquement accompagné ou à proximité d'un autre détenu corse, en l'espèce Mattei, conformément à une pratique courante pour les détenus corses et basques visant à éviter les agressions ? Pouvez-vous confirmer que cette semaine-là, comme par hasard, Mattei n'était pas là ?
La presse a rapporté – il est d'ailleurs choquant qu'elle ait eu accès au dossier d'instruction, même si ce n'est ni la première ni la dernière fois –, qu'Yvan Colonna a crié. Ces cris ont-ils été entendus par des gardiens ou des prisonniers ? Par ailleurs, avez-vous été informés d'un éventuel problème entre M. Elong Abé et M. Mattei quelques jours avant l'agression de M. Colonna ? Plus généralement, j'ai été un peu étonné de vos réponses, que je ne mets aucunement en doute. Elong Abé fait partie des détenus qui ont été sur des théâtres d'opérations, en Afghanistan, en Syrie ou en Irak, qui ont donc été amenés à tuer des personnes. Les psychiatres s'accordent à dire que quiconque a tué a tendance à recommencer, sous l'effet de pulsions sanguinaires patholog...
...à pour essayer de faire apparaître la vérité. Aussi ai-je deux questions à poser sur le régime de faveur incontestable dont a bénéficié Franck Elong Abé. Tout d'abord, ce djihadiste confirmé, au parcours chaotique – guerrier en Afghanistan, il a été remis aux autorités françaises en 2014, a écopé d'une condamnation à neuf ans de prison pour terrorisme, puis d'une condamnation à quatre ans pour l'agression d'une jeune femme médecin, et a changé cinq fois de prison –, avait un contrat de travail rémunéré, ce qui n'était pas le cas d'Yvan Colonna, auxiliaire bénévole. Or son statut de terroriste djihadiste ne lui permettait pas, en théorie, d'exercer une activité rémunérée ou de suivre une formation professionnelle. Pourquoi cette personne a-t-elle pu bénéficier d'un tel contrat ? Ensuite, pourquoi ...
...a levée du statut de la part de votre administration et d'autres, cela ait finalement changé cette année. Était-ce le fait de considérations objectives ou d'une demande hiérarchique ? Si oui, laquelle ? Est-il possible, par ailleurs, d'obtenir le calendrier de l'inspection de la justice ? A‑t‑elle démarré ? Est-elle programmée ? Les vidéos décrites par un grand quotidien du soir font état d'une agression immédiate : dès que M. Elong Abé entre dans la salle de sport, il saute sur Yvan Colonna. La personne de vos services qui a fait entrer M. Elong Abé ne peut donc pas être à plus de cinq mètres. Il est fait mention qu'un détenu, M. Mattei, accompagnait M. Colonna toute la journée – la solidarité corse est d'autant plus forte en milieu carcéral. Malheureusement, il n'était pas avec lui ce jour-là,...
...enu sous le statut de DPS au seul motif qu'il appartiendrait à la mouvance djihadiste ! Il semble que cela ne pose pas de problème lorsqu'il s'agit d'un nationaliste corse ! D'autre part, où en est l'enquête administrative ? Je ne pense pas qu'il faudra beaucoup de temps, en effet, pour comprendre ce qui s'est passé. J'ai rendu visite, avec Bruno Questel, à Yvan Colonna quelques jours avant son agression. Je me dois de vous répéter ses propos au sujet du fameux centre national d'évaluation, à la convocation duquel il refusait de se rendre : « Pierre Alessandri et Alain Ferrandi sont passés devant le CNE, qui a rendu un avis favorable à leur aménagement de peine. Un premier tribunal a rendu un avis favorable à un aménagement de leur peine et à leur libération mais le PNAT a fait appel pour qu'ils ...
...t les tâches l'auraient placé en contact quotidien avec les autres détenus de l'établissement. La dangerosité de M. Elong Abé aurait dû conditionner son suivi, surtout à un an de sa libération. Le choix des établissements pénitentiaires dépend davantage de la longueur de la peine et de la date de libération que de la dangerosité du détenu, l'objectif étant de maintenir les liens familiaux. Cette agression remettra-t-elle en cause cette règle ?
Chers collègues, le champ de la présente audition couvre l'agression d'Yvan Colonna et le parcours de détention des deux détenus concernés. Il ne couvre pas le parcours de détention d'autres détenus. Les imprécisions que vous déplorez n'en sont pas forcément, d'autant qu'il s'agit d'un sujet qui n'entre pas dans le champ de la présente audition, auquel j'aimerais que nous nous tenions.
Humainement et en tant que représentante de la nation française, je comprends la douleur et la colère qu'éprouvent la famille et les amis personnels de M. Colonna face à l'agression brutale dont il a été victime. Ces sentiments animent les proches de toutes les victimes d'agression brutale et à visée d'homicide. Ne nous mentons pas : l'attaque a été d'une brutalité telle que, sans être juriste ni chargée d'en décider, je considère que sa visée homicide est évidente. Monsieur le directeur, je ne vous demanderai pas si elle vous semble de nature terroriste ou non, car il ne v...
Monsieur le directeur, je vous remercie pour tous les éléments que vous apportez à notre commission. Il y a quelques jours, en apprenant l'agression d'Yvan Colonna, l'un des détenus les plus connus en France, nous nous sommes tout de suite dit qu'il avait fallu que cela tombe sur lui ! Mes questions visent à établir si l'événement est isolé ou s'il constitue le symptôme d'une réalité moins visible. Les éléments de l'enquête nous intéresseront car nous devons savoir ce qui s'est passé et si des erreurs ont conduit à cette situation. Je ne veu...
...sque le brigadier-chef des policiers primo-intervenants, qui disposait des clefs, a été auditionné, il a affirmé ne pas avoir entendu « Allah akbar ». Vous évoquez la nécessité d'appels au secours. C'est le plus important. Une femme a été tabassée à mort, à poings nus, elle a hurlé. Les voisins ont été réveillés par ses cris. Un des témoins, que nous avons auditionnés, nous a indiqué que l'agression avait duré une éternité. D'après nos recoupements, l'agression de Mme Sarah Halimi aurait duré entre douze et quatorze minutes. C'est une éternité. Dans ces conditions, ne peut-on considérer que les hurlements de cette femme constituaient des appels au secours ?
Cela paraît totalement invraisemblable. Un témoin appelle police secours à 4 heures 37, puis à 4 heures 40, puis à 4 heures 49 pour signaler qu'elle est témoin de l'agression d'une femme. Il lui a été répondu que, s'il s'agissait du différend familial rue de Vaucouleurs, la police était déjà au courant. Pourtant, les événements ont lieu, à la même heure, dans le même quartier et à quelques mètres de distance. Un autre appel est émis à 4 heures 45 par un autre témoin qui déclare : « je vous appelle car il y a un monsieur qui frappe sa femme, une dame se fait tabasse...
...'a mise en colère. Mais on m'a dit qu'ils étaient au courant. Je pensais que les policiers étaient dans le jardin mais qu'il était dangereux de monter à l'étage. J'ai donc appelé une troisième fois la police pour leur dire que si les policiers voulaient voir ce qui se passait dans l'appartement de l'agresseur, ils pouvaient venir chez moi. » Elle le propose. Ces échanges ont eu lieu pendant l'agression de Mme Sarah Halimi, avant sa défenestration. L'audition de ce témoin n'a malheureusement pas pu être réalisée en public. Toutefois, elle a fait l'objet d'une retranscription écrite minutieuse, tandis que nous disposons de son enregistrement audio. Il s'agit d'un témoin clé qui a vu les policiers dans la cour de l'immeuble pendant l'agression de Mme Sarah Halimi. Or, personne n'intervient. Nous ...