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et qu'elle laissera des traces profondes : des traces politiques et morales pour le chef de l'État et des traces institutionnelles dans l'organisation des pouvoirs publics.
On touche là à la première question d'ordre institutionnel qui nous préoccupe. À la lumière de ce scandale, après avoir appris que M. Benalla avait été chargé d'une mission de réorganisation de la sécurité du Présiden t de la République, après avoir appris que M. Macron a chargé M. Kohler de lui faire des propositions en la matière, après avoir appris que la sécurité était, depuis quelques mois, composé d'hommes qui n'ont rien à y faire, nous demandon...
...de la République : elle a été favorisée par la connivence et la complicité de votre gouvernement. La vérité, c'est que votre gouvernement, et tout particulièrement votre ministre de l'intérieur, n'a pas eu le cran de dire « stop » à une telle dérive. La vérité, c'est que votre ministre de l'intérieur a failli. Il n'a jamais pris ses responsabilités. Il a perdu beaucoup de son crédit aux yeux de l'institution policière, une grande institution Républicaine qu'il a été incapable de défendre depuis le déclenchement de cette affaire.
La réalité, c'est que ce scandale met en lumière des conseillers occultes, une officine parallèle agissant au détriment de personnels sous statut, des privilèges et des passe-droits, un système d'impunité, mais aussi des mensonges et la violation d'une obligation pénale, autant de manquements graves qui affaiblissent l'institution républicaine, nourrissent la défiance des citoyens à l'endroit de leurs dirigeants et amplifient la crise démocratique du régime de la Ve République. La crédibilité de la parole présidentielle en est largement entachée. Quant à l'image de la France, elle est ternie à l'international.
… les dysfonctionnements graves de nos institutions révélés par l'affaire « Macron-Benalla » soulignent la menace que fait peser cette dérive autocratique sur l'État de droit. L'esprit clanique qui anime le sommet de l'État est contraire aux exigences de la culture républicaine. Il conduit l'exécutif à oublier ce que formulait si bien Roger Caillois : « Tout pouvoir vient d'une discipline et se corrompt dès qu'on en néglige les contraintes. »
C'est pour atteindre plus facilement, plus rapidement votre objectif que vous voulez mettre à bas les valeurs républicaines qui garantissent les droits de chacun. C'est pour cela que vous voulez supprimer les contre-pouvoirs. Au regard de cette politique du pire, au regard de la crise politique qui affecte le bon fonctionnement des institutions, au regard des dysfonctionnements au sein des services qui relèvent de la tutelle du ministre de l'intérieur, au regard de l'incapacité de notre commission d'enquête parlementaire à assurer sa mission du fait de la stratégie d'obstruction de la majorité répondant aux consignes de l'exécutif, les députés communistes et du groupe GDR vous appellent à censurer le Gouvernement au nom des Français at...
...ront comment s'est enflammée quelques jours une assemblée, en plein coeur d'un été sans doute trop chaud et sans doute en recherche d'actualité ; comment un système médiatique et politique, et, reconnaissons-le, assez éloigné des préoccupations des Français, a pu à ce point s'emballer jusqu'à l'interroger lui-même sur ce qui pouvait le justifier. Ils verront comment et dans quelles conditions les institutions, globalement, répondirent et comment, finalement et contrairement à ce que certains d'entre vous ont dit, les contre-pouvoirs ont pu jouer leur rôle et se mettre à l'oeuvre comme dans toute démocratie.
...e fréquentent et de ceux qui veulent en être bien vus, de ceux dont se moquait Julien Gracq dans Le rivage des Syrtes, en parlant des « gens qui se tiennent aux franges du pouvoir et cherchent d'instinct à en exagérer le lustre afin que le reflet vienne s'en poser sur eux ». Ils verront des fautes individuelles et pas un système obscur. Ils verront enfin la fragilité des hommes et la solidité des institutions.
Mes chers collègues, lorsque l'on se plonge quelque peu dans l'histoire politique de notre pays et celle des motions de censure, on ne se lasse pas d'être interpellé par celles qui nous occupent aujourd'hui. Y a-t-il une crise économique ou sociale nouvelle, grave et prolongée, qui justifierait une telle action ? Y a-t-il une crise institutionnelle ou au sein de l'exécutif, qui ébranlerait le pays, au point que l'on souhaite la chute du Gouvernement et un retour aux urnes ? Y a-t-il, dans la majorité que nous constituons, des failles tellement profondes qu'une clarification devant la représentation nationale soit nécessaire ? Y a-t-il, enfin, une offre alternative que vous proposiez …
Qu'avez-vous en commun ? Rien ! Partagez-vous seulement la même vision institutionnelle du pays ? Même pas ! Nous pourrions essayer d'égrener les motifs valables, qui auraient pu justifier un débat ce jour. Mais, à la vérité, on a beau chercher, on a du mal à distinguer ce qui au fond justifie rationnellement vos motions de censure. En fait, il n'y a qu'un motif à votre attitude, à ce qui vous rassemble depuis quinze jours et pour ces motions : vous n'avez toujours pas accepté...
Et qu'ainsi, vous faites défaut à l'esprit de nos institutions, que vous invoquez pourtant souvent.
...éjà bien trop attendu pour accepter des demi-mesures. Enfin, monsieur le Premier ministre, démontrez plus clairement à ces Français auxquels on demande toujours plus, et qui ne bénéficient pas encore des résultats de votre politique, que vous ne les oubliez pas. Quant à nous, mes chers collègues, attelons-nous dès à présent au véritable enjeu soulevé par l'affaire Benalla : le rééquilibrage des institutions et le renforcement des pouvoirs du Parlement.
Nous sommes convaincus que cela permettra non seulement de prévenir de tels scandales – car l'actuel déséquilibre des institutions peut donner le sentiment à certains collaborateurs du pouvoir exécutif que tout leur est permis – , mais aussi – et peut-être surtout – de contribuer à restaurer la confiance de nos concitoyens en leurs représentants. Depuis très longtemps – trop longtemps – , l'esprit de notre Constitution a été dévoyé par les évolutions de sa lettre, tant et si bien que les pouvoirs du Parlement ont été détou...
On pourrait l'entendre si un tel régime était efficace, mais tel n'est pas le cas, tant s'en faut, comme en témoigne l'immobilisme des quarante dernières années. Nous pouvons y remédier. La révision institutionnelle, qui reprendra son cours à l'automne, est une occasion rare d'améliorer l'équilibre et le fonctionnement de nos institutions. Il nous incombe de ne pas manquer ce rendez-vous, qui ne se représentera sans doute pas avant longtemps. J'en appelle donc à la conscience et à la responsabilité de chacun d'entre nous. Que voulons-nous faire de notre mandat ? Quel bilan voulons-nous en tirer, s'être...
J'en appelle aussi à vous, monsieur le Premier ministre, madame la garde des sceaux. Il est encore temps d'améliorer le contenu des projets de loi constitutionnelle, organique et ordinaire portant révision de la Constitution. Donnons-nous les moyens de mieux garantir la séparation des pouvoirs et l'équilibre des institutions que ne le prévoient les textes qui nous ont été présentés.
...s armées à l'étranger et sur l'élaboration des décrets d'application des textes de loi, en facilitant la saisine d'organismes tels que le Conseil d'État et la Cour des comptes et en augmentant le nombre de missions d'information et de commissions d'enquêtes susceptibles d'être créées à la demande des groupes parlementaires. Monsieur le Premier ministre, notre devoir est donc de doter la France d'institutions à la hauteur de ses ambitions démocratiques, en équilibrant davantage les pouvoirs entre l'exécutif et le législatif : comme l'écrivait Montesquieu, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir. Faute d'évolution des projets du Gouvernement, notre groupe ne pourrait voter la réforme que vous nous présentez. Mes chers collègues, la France nous regarde ; notre devoir est d'être au rendez-vous des enj...
...'adresse à d'autres qu'à vous-même. [… ] Vous exécutez une politique qui vient d'ailleurs » : ces mots sont ceux de François Mitterrand, défendant à cette tribune une motion de censure en 1978. Force est de constater que la motion de censure s'adresse, aujourd'hui encore – et en même temps – au chef du gouvernement que vous êtes et au Président de la République dont nous dénonçons la pratique des institutions. Le Président de la République a souhaité exercer une présidence « jupitérienne ». Cela se traduit par un exercice personnel du pouvoir, qui fait fi des assemblées, des syndicats, et plus largement de ce que l'on appelle les corps intermédiaires. Même la presse est accusée par le Président de faire preuve de « parti pris ». À l'occasion de cette affaire, cette conception personnelle et autorita...
...ti et vous assistez, passif, à cette attaque en règle de l'équilibre des pouvoirs. Monsieur le Premier ministre, lutter contre cette dérive monarchique suppose que les contre-pouvoirs ne soient pas entravés – à commencer par l e Parlement, qui doit pouvoir jouer, à tout moment, pleinement son rôle. Malheureusement, cette conception n'est pas celle qui figure dans vos trois projets de réforme des institutions, puisqu e vous proposez au contraire de diminuer ses pouvoirs, que ce soit en prenant plus fermement la main sur son ordre du jour ou en réduisant la capacité des députés à représenter les citoyens de tous les territoires.
Vous avez été contraints de retirer votre projet de loi constitutionnelle. Et d'ores et déjà, ce sont autant de victoires à nos yeux, non pour nous, députés qui avons signé ces motions de censure, mais pour l'honneur du Parlement, si réduit que soit son rôle dans les institutions et bien davantage encore par votre pratique, et, plus encore, si la réforme constitutionnelle que vous étiez en train de faire passer avait abouti.
Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, chers collègues, nous n'irons pas chercher Emmanuel Macron. Respectueux des institutions qui protègent ce président provocateur, nous mènerons le débat ici, certains que celui-ci entend depuis sa tour d'ivoire le vieux monde lui rappele r quelques vérités. Nous n'irons pas le chercher, nous ne l'attendrons pas non plus, comme d'autres attendent Godot, dans cette pièce de théâtre que La République en marche joue depuis un certain temps. Nous soutiendrons évidemment la démarche de no...