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Madame la présidente, madame la ministre, mesdames et messieurs les députés, avec le texte qui nous est présenté aujourd'hui, vous instaurez une frontière sociale pour des centaines de milliers de jeunes souhaitant accéder à l'enseignement supérieur. Il n'y a en effet pas d'autre mot pour illustrer la sélection à l'université que vous mettez en place. Il vous aura fallu au préalable enjamber tout principe de bon sens dans votre loi. Pour éviter toute contestation sociale, vous avez profité des vacances scolaires pour accélérer d'une manière démesurée la mise en oeuvre de la nouvelle plateforme d'entrée dans le supérieur, Parcoursup.
...eure Sabine Rubin, il y aura de ce fait plusieurs recours pour contrer cette bizarrerie consistant à faire passer un arrêté gouvernemental avant même la fin du processus législatif – peut-être est-ce votre façon de concevoir la réalité parlementaire ? La marche forcée pour mettre en place la nouvelle plateforme a également fait dérailler tout notre système administratif. Résultat : de nombreuses universités ne sont en capacité ni d'établir vos attendus ni d'étudier sérieusement les milliers de nouveaux dossiers qui arrivent – je ne rappellerai pas les propos de Sabine Rubin sur la difficulté pour les conseils de classe, qui devront être saisis de chacun des dix voeux de chaque élève. Votre charge politique toute jupitérienne, menée à la hussarde, peut prendre ainsi des airs de Bérézina administrati...
… ou bien vous poussez dehors une partie des candidats. Faute de rompre avec les dogmes de l'austérité européenne, qui empêchent tout investissement public, vous choisissez la seconde solution. Contrairement à ce que vous affirmez, les augmentations budgétaires que vous avez choisies cette année n'empêcheront pas le budget de l'université de baisser d'environ 10 % par étudiant, comme depuis des années.
… nous en avions un autre : doublement du budget de l'enseignement supérieur sur cinq ans ; allocation d'autonomie de 800 euros pour les jeunes en formation ; création de grandes universités thématiques – mer, espace – ; disposer de places à l'université pour toute personne souhaitant s'y inscrire ; enfin, le rééquilibrage du budget des grandes écoles, dont vous sortez la plupart du temps, par rapport au budget de l'université. Pour toutes ces raisons, nous voterons contre ce projet de loi. Ces dernières semaines, de nombreux jeunes se sont mobilisés.
...ette réforme est pragmatique. Je n'y vois qu'idéologie : l'idéologie de la réduction des investissements publics, quitte à nourrir une société qui accepte, voire favorise les inégalités – inégalités entre les bachelières et bacheliers, certains pouvant intégrer la filière de leur choix pendant que les études des autres seront décidées par l'autorité académique ; inégalités territoriales, avec des universités très bien dotées, correspondant aux standards internationaux et sélectionnant les meilleurs élèves, pendant que les autres seront sans moyens, incapables d'assurer convenablement leurs missions. Cette réforme est aussi un pas de plus vers un enseignement au service d'intérêts purement économiques, oubliant l'intérêt général. J'affirme une nouvelle fois que l'enseignement n'a pas comme vocation ...
...ral pour écouter nos convictions respectives sans les opposer. La Haute Assemblée a souhaité que ce projet de loi manifeste un attachement à l'insertion professionnelle. Nous, nous ne souhaitions pas un texte qui bascule dans un adéquationnisme irréaliste et réducteur : irréaliste car il interdirait à la formation initiale de jouer un rôle dans la préparation des métiers du futur, réducteur car l'université est et doit rester un lieu de création et de diffusion de la connaissance, un lieu de savoir et d'émancipation. Le texte final est équilibré : l'insertion professionnelle y a une place, celle que les deux assemblées voulaient lui donner, sa juste place, sans excès. Ce texte, nous le soutenons d'autant plus qu'il démontre ce dont le Parlement est capable lorsque prévalent le respect mutuel et l'i...
...e a été assez peu débattu, et je le regrette. C'est pourtant une dimension majeure de la réforme. Donner plus à ceux qui en ont le plus besoin, c'est ce que nous faisons avec les CP dédoublés en REP+, et c'est ce que nous ferons avec les accompagnements personnalisés. Ceux-ci aideront les étudiants qui en ont besoin à mettre toutes les chances de leur côté pour réussir leur première année. Chaque université ou établissement d'enseignement supérieur travaille actuellement à ces dispositifs innovants qui seront déployés à partir de la rentrée prochaine, pour mettre fin à l'échec majeur qui caractérise – hélas – notre licence. Progrès, émancipation, justice et innovation. Nous, députés de La République en marche, resterons mobilisés pour cette loi. Il faudra faire acte de pédagogie et de suivi pour la...
...négations, c'est un rafistolage opéré dans l'urgence du très décrié système APB et du non moins décrié tirage au sort, après que la Commission nationale de l'informatique et des libertés – la CNIL – a rendu son avis sur APB. Comme souvent, le « en même temps » actuel est devenu un « à peu près » frustrant. On nous annonçait une grande loi. Or le projet de loi ne dit pas un mot de l'autonomie des universités. Il n'opère pas de véritable transformation du système d'accès à l'enseignement supérieur. Tout au long des débats, la sélection est restée un mot tabou pour le Gouvernement, alors qu'elle est d'ores et déjà la règle : 56 % des bacheliers se sont inscrits pendant l'année 2016-2017 dans une filière sélective. La sélection est déjà en oeuvre et, nos compatriotes le savent, elle rime de plus en plu...
...t bouchées, mais comment définir ce qu'est l'insertion professionnelle et quantifier de manière efficace les taux de réussite et d'insertion professionnelle ? Par ailleurs, je suis personnellement opposée à la mise en place d'une sélection généralisée à l'issue du lycée. En ce qui concerne cette mesure, le compromis issu de la CMP nous paraît adapté : la détermination des capacités d'accueil des universités prendra en compte le taux d'insertion professionnelle, le projet des établissements mais également les souhaits des étudiants. En outre, nous sommes convaincus que la vocation de l'enseignement supérieur n'est pas uniquement – même si cette dimension est évidemment centrale – de préparer l'insertion professionnelle de notre jeunesse. Ce dernier doit également favoriser l'émancipation et la form...
..., de plateforme, de recommandations. Que faut-il faire quand un cas pose question ? Il y a quelque temps, une collègue en sciences humaines et sociales m'a saisi parce qu'elle estimait que sa thèse avait été plagiée, preuves à l'appui, par une autre thèse qui avait repris certains éléments de ses travaux. Une liste de concordances soulevait de forts soupçons. Nous avons contacté le président de l'université, et celui-ci a mis en place des experts. Mais le nom des experts n'est pas connu, les rapports non plus. De plus, il se dit que l'un des experts consultés était un proche de la directrice de thèse qui faisait l'objet de cette accusation de plagiat. Je n'ai donc aucune garantie sur l'objectivité de cette commission. J'ai le sentiment que mon appel n'a simplement pas été entendu. Que faire dans un ...
...nt nos collègues de la commission de la culture du Sénat pour le même exercice. En conséquence, le dépouillement des votes des deux commissions aura lieu de manière concomitante, demain en fin de matinée, après l'audition de M. Roch-Olivier Maistre par notre commission. Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Petit. Agrégé de mathématiques, vous avez commencé votre carrière comme professeur à l'université d'Orléans et à celle de Paris-Sud puis à l'École normale supérieure de Cachan où vous avez dirigé le département d'informatique. Vous connaissez déjà le CNRS pour y avoir été détaché de 2004 à 2006 avant de rejoindre l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) où vous avez fait l'essentiel de votre carrière et dont vous êtes président-directeur général depuis octobr...
Monsieur Petit, je vous remercie pour la présentation de vos ambitions pour le CNRS. Je retiens tout particulièrement la pluridisciplinarité, qui doit être au coeur de nos politiques de recherche, et l'ouverture vers le secteur industriel. Le Gouvernement et la majorité sont mus par la volonté de donner plus de moyens et de visibilité aux partenariats entre les universités, les organismes de recherche et le monde de l'entreprise. Ceux-ci sont fondamentaux pour accentuer les synergies entre recherche et industrie au bénéfice de l'économie de notre pays et pour donner de l'ampleur à l'innovation, compétence désormais rattachée à l'enseignement supérieur et à la recherche. Le programme 192 « Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle »...
Monsieur Petit, je suis heureux de vous accueillir dans cette commission car le CNRS est une maison que je connais un peu pour y avoir été chercheur il y a fort longtemps et chef d'équipe un peu plus récemment. L'Institut des sciences biologiques (INSB) du CNRS rassemble plus de 18 000 personnes au sein d'unités mixtes de recherche le liant à l'université et près de 250 structures de recherche et de services réparties entre biologie, santé et agronomie. C'est un département considérable dans le paysage complexe des sciences de la vie et de la santé en France. Celui-ci est composé d'autres établissements publics comme l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), l'Institut de recherche pour le développement (IRD), la direc...
Vous avez indirectement évoqué le sujet : en France, les relations entre le CNRS et les universités ont souvent été difficiles. Ce, pour une raison essentielle : la regrettable habitude qui a été prise dans notre pays de considérer séparément enseignement supérieur et recherche, y compris dans les structures administratives et les stratégies nationales avec, d'un côté, la stratégie nationale de l'enseignement et, de l'autre, la stratégie nationale de recherche. Votre prédécesseur, M. Fuchs, a...
Monsieur Petit, permettez-moi de saluer l'ancien professeur de l'université d'Orléans. En tant que parents, éducateurs, élus, nous pouvons constater que les enfants et les jeunes ont accès à une information multiple et foisonnante dans laquelle il est parfois difficile de faire le tri, d'autant que le phénomène des fake news prend toujours davantage d'ampleur. Il est nécessaire de leur donner les outils critiques pour les aider à trouver la bonne distance. Le CNRS compt...
...ntre l'enseignement supérieur et la recherche, vous avez évoqué un mikado institutionnel, des subtilités internes, et une querelle franco-française coûteuse en temps et en énergie. Vous avez également dit que, pour parvenir à une recherche performante, il ne fallait pas forcément privilégier l'idée d'un grand institut. Sur ce point, je souhaite vous rapporter le témoignage d'une vice-présidente d'université, qui montre de façon concrète les difficultés relationnelles qui existent aujourd'hui entre le CNRS et les universités, résultant de la complexité des systèmes de gestion des deux entités, notamment des doublons dans le partage du calendrier. Cette personne m'a cité le cas d'un ingénieur universitaire chargé d'effectuer des enquêtes bibliométriques, qui s'est trouvé confronté à des difficultés en...
Parmi les six priorités que vous avez énoncées tout à l'heure, deux ont particulièrement retenu mon attention. La deuxième priorité a trait à la promotion de la pluridisciplinarité : vous proposez de réunir, pour des durées déterminées, des chercheurs relevant d'UMR différentes. En cinquième priorité, vous recommandez des partenariats avec les universités autonomes, afin de permettre l'émergence de l'excellence, en lien avec des projets concrets. Ma question porte sur le recrutement des chercheurs, et plus particulièrement sur celui des directeurs de recherche qui, pour certains, font leur carrière entière au sein du CNRS. Cette modalité de recrutement et de fonctionnement vous semble-t-elle pertinente et compatible avec les priorités que vous a...
...op longtemps ; l'amélioration de l'attractivité de la place financière pour en faire l'un des plus grands centres d'affaires mondiaux à même de concurrencer les places de New York, Londres, Singapour, Shanghai ou Séoul. Le quartier de La Défense a beaucoup évolué depuis sa création : il abrite désormais le siège de quelques-unes des plus grandes entreprises françaises, mais il regroupe aussi des universités, des établissements d'enseignement qui forment nos jeunes, des centres commerciaux, des immeubles et des quartiers d'habitation. Tout ceci doit être pris en compte pour favoriser un développement harmonieux pour chacun. Je suis convaincue que le nouvel établissement sera en mesure de répondre aux deux enjeux que j'évoquais plus tôt. En première lecture, grâce à l'excellent travail de notre rapp...
Une circulaire du 22 juillet 2015 relative à la « mise en oeuvre d'une période de césure » a permis d'ouvrir l'année de césure à l'université. Jusqu'à cette date, cette parenthèse utile, qui permet à un étudiant d'effectuer un stage, un séjour à l'étranger, un service civique ou une action humanitaire était surtout courante dans les grandes écoles. À l'université, cela restait une pratique périlleuse et méconnue, car rien ne garantissait une réintégration dans l'année supérieure. Et, en dépit de cette circulaire, prendre une année de c...
...enseignement supérieur. C'est pour nous un pas de plus vers la personnalisation des parcours de formation, déjà évoquée à l'article 1er. Définir dans la loi l'année de césure permet qu'elle ne soit pas vue comme une année « pour rien ». En outre, en en faisant un élément valorisant, on l'inscrit définitivement comme une année utile du parcours de formation. En tant qu'ancien vice-président d'une université, chargé des questions d'orientation, de réussite et d'insertion professionnelle des étudiants, je peux vous assurer qu'un dispositif de césure bien construit est de nature à favoriser le développement personnel de l'étudiant et lui permettre de gagner en autonomie. La césure responsabilise à la fois les étudiants, qui s'engagent, et les établissements d'enseignement supérieur, avec lesquels ils s...