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...tiaires, qui remplissent une mission majeure et attendue de la société, et ce dans des conditions de travail très difficiles. Je ne veux pas que les critiques sur la situation carcérale laissent penser que nous ignorons combien ce travail est immense et compliqué, combien il engendre de satisfactions, mais aussi de fortes déceptions, parfois de l'exaspération en raison du comportement de certains détenus. Ces personnels ont vécu le risque sanitaire de manière tout à fait exemplaire et sereine et apprécié la diminution de la population carcérale, qui a atteint un niveau inédit depuis vingt ans. Nous le savons, la France est régulièrement condamnée pour des conditions de détention contraires aux dispositions de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme. La proposition de loi v...
Fiodor Dostoïevski écrivait que nous ne pouvons juger du degré de civilisation d'une nation qu'en visitant ses prisons. Force est de constater que cette proposition de loi tendant à créer un recours devant le juge judiciaire pour les détenus, lorsqu'ils subissent des conditions de détention indignes, vise un enjeu de civilisation. Il faut avant tout rappeler ce qu'est le rôle de la peine de prison : notre code pénal le prévoit clairement en son article 130-1. La peine poursuit trois objectifs : protéger la société, sanctionner l'auteur d'une infraction et favoriser son insertion ou sa réinsertion. En l'espèce, la sanction se tradui...
...dignité » soit précisé. Certes, il appartiendra au juge de vérifier au cas par cas ce qui est constitutif d'un traitement dégradant ou inhumain, mais nous en connaissons déjà des éléments essentiels. Le respect de la dignité et de l'intégrité physique et psychique suppose que soient retenues les conditions matérielles de nature à garantir un espace minimal, d'assurer l'intimité de chaque personne détenue, de respecter les standards de l'hygiène considérés comme de nature à empêcher une détérioration de la santé et de fixer les normes d'acceptabilité minimales. Ce sont ces éléments qu'il faut absolument préciser dans le texte.
Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, comme on considère, par défaut, que le détenu va bien se comporter, on se concentre sur ceux qui ne se comportent pas bien, sans se demander pourquoi.
En définitive, ou plutôt a priori, c'est donc la faute du détenu, et c'est à lui de prouver qu'il fait avancer le schmilblick. Non, ce n'est pas à lui de le prouver, en tout cas, pas à lui seul. C'est à l'administration de le faire d'abord. Ensuite, vous pourrez dire au détenu : « Tu n'as pas fait d'efforts, mon gars, il y avait une liste de propositions de travail longue comme le bras et tu n'as rien fait. »
Mais ce n'est pas le cas, car la situation en détention est totalement inverse : la liste longue comme le bras, c'est celle des détenus qui veulent travailler et qui ne le peuvent pas.
...rguments en vue du projet de loi qui sera présenté par le garde des sceaux. L'amendement, proposé par mon collègue Pierre Morel-À-L'Huissier, reprend une rédaction proposée par le Conseil national des barreaux. Il vise à compléter celle de la proposition de loi pour la mettre en conformité avec la décision du Conseil constitutionnel. L'esprit général de l'amendement est de simplifier l'accès des détenus au recours judiciaire et de le rendre le plus opérant possible, lorsque ceux-ci ressentent des conditions de détention indignes.
Cet amendement nous a été proposé par le Conseil national des barreaux. Sa rédaction nous semble emporter davantage de conséquences positives en matière d'effectivité des voies de recours, ne serait-ce que pour que le détenu ne se dise pas, a priori : « Cela va être un nouveau parcours du combattant », voire – nous y reviendrons à l'occasion d'autres amendements : « Il pourrait y avoir un aspect contre-productif à ma demande, car je pourrais être transféré dans un établissement pénitentiaire plus loin », troquant une indignité contre une autre. La procédure doit être favorable à la dignité des hommes et des femmes, ...
L'absence de formalisme de la requête, puisque le juge est saisi de manière totalement informelle, me semble incompatible avec le fait de demander au requérant de développer des allégations qui permettraient au juge d'évaluer la situation. De plus, la rédaction ne tient pas compte de l'éligibilité des personnes détenues aux mesures d'aménagement de peine. Il ne s'agit pas, par cette nouvelle procédure, de créer une nouvelle voie pour libérer, dans n'importe quelles conditions, n'importe quel détenu. Nous l'avons déjà souligné au cours de la discussion générale. Par ailleurs, la rédaction propose d'accorder au juge judiciaire un pouvoir d'injonction à l'égard de l'administration pénitentiaire. Nous y reviendro...
Vous devriez vous réjouir de ce texte, qui représente un réel progrès. L'amendement proposé par le Conseil national des barreaux ne prend en considération que le point de vue du détenu, voilà ce qui ne va pas.
...ueille pas l'assentiment de Mme la rapporteure ni de M. le garde des sceaux. Néanmoins, je souhaiterais que vous nous donniez les orientations du décret qui sera pris en Conseil d'État concernant les modalités de saisine du juge, puisqu'elle ne sera pas de droit commun. Je vous avais déjà invité à le faire au cours de la discussion générale. La procédure doit être la plus simple possible pour les détenus.
Par cet amendement, nous avons travaillé à définir la dignité de la personne détenue. Il serait utile que le législateur ne se contente pas du terme générique de « dignité » mais pousse l'autorité administrative à définir le cadre dans lequel celle-ci peut et doit être respectée. Je me rappelle très bien la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 : engagement avait été pris de mettre fin aux dérogations au régime de l'encellulement individuel dans les cinq ans, par exemple. En 201...
...re reprend les critères établis par la Cour de Strasbourg : tout fonctionne donc bien. Concernant l'encellulement individuel, dont nous avons parlé tout à l'heure, oui, nous en faisons une condition sine qua non du respect de la dignité humaine. Mais j'aimerais vous rappeler qu'en 1875, quand le législateur en a inscrit le principe dans la loi, ce n'était pas du tout pour garantir la dignité des détenus mais, au contraire, pour que ceux-ci s'amendent plus rapidement.
...ts. Or, ici, nous demandons plutôt à l'administration pénitentiaire et à la justice d'agir urgemment. Le dispositif prévu me semble donc tout à fait adapté et permettra de faire gagner la procédure en efficacité. Comme moi, vous avez dû visiter récemment des parloirs équipés pour la visioconférence : je les trouve tout à fait confortables, avec suffisamment d'espace pour accueillir l'avocat. Les détenus avec lesquels j'ai discuté sur le sujet ne s'en sont pas plaints. Il n'en est pas de même, je vous l'accorde, des avocats qui doivent se rendre dans les lieux de détention pour ces visioconférences. Avis défavorable.
Ce n'est pas attenter au dispositif général que vous proposez et auquel je souscris sur de nombreux points que d'imaginer que le détenu puisse voir le juge s'il le veut, quand il considère que ses conditions de détention sont indignes. Le juge est présent pour trancher le litige, mais aussi pour voir les parties.
...ies. Et, sans visioconférence, il se déplacera plus souvent dans les établissements pénitentiaires, pour constater lui-même la situation, ce qui permettrait de la faire évoluer. Monsieur le garde des sceaux, j'avais anticipé votre argument au cours de la discussion générale, même si on m'a reproché alors d'être hors-sujet. Au nom de l'embolisation potentielle des juridictions par les recours des détenus, vous nous enjoignez de ne pas aller trop loin, de ne pas trop favoriser le recours à cette nouvelle procédure. Cet argument que vous faites planer sur nos têtes…
En même temps, ces recours doivent être traités dans l'urgence, très rapidement. Or il est difficile de transporter les détenus et de réunir les conditions de leur présence physique à l'audience. Soyons donc pragmatiques : il est aussi dans l'intérêt du requérant que la procédure suive son cours rapidement. En réalité, l'important est de s'assurer que les moyens techniques permettent à la visioaudience de se passer au mieux. Or, si j'en crois les retours qui me sont faits, le système fonctionne bien actuellement et a tr...
La rédaction actuelle du texte dispose que la requête doit se fonder sur un « commencement de preuve » que les conditions de détention sont contraires à la dignité humaine. L'amendement vise à remplacer ces mots par « des indices », afin que la responsabilité de la présentation d'éléments appuyant la requête ne repose pas uniquement sur le détenu et que le magistrat puisse demander les éléments d'investigation nécessaires à la recherche de preuves. Cette modification ne changerait rien au caractère obligatoirement circonstancié, personnel et actuel des allégations ; en revanche, elle faciliterait le recours du détenu. En former un n'est pas particulièrement compliqué, mais le faire aboutir grâce à une juste caractérisation et une bonne r...
Le premier concerne le deuxième recours d'un détenu dont le premier aurait été rejeté. Le texte prévoit la nécessité de présenter un élément supplémentaire pour assurer la recevabilité de la seconde requête : le sous-amendement précise que l'élément n'a pas à être objectivement nouveau, mais qu'il n'a pas été avancé par le détenu dans sa première requête. L'objectif est d'éviter de déclarer irrecevable une requête qu'il semblerait logique d'accuei...