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...r, comme ce fut le cas en Allemagne ou au Royaume-Uni. Contesté au sein de la majorité, malgré les engagements du Président de la République, le texte a été réécrit et nous est aujourd'hui présenté dans une version édulcorée. Pourquoi ? À cause de la définition retenue par l'IHRA, l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste, qui assimile la négation du droit d'existence de l'État d'Israël à de l'antisémitisme. Chers collègues, je tenterai de démontrer que la détestation d'Israël est le nouvel antisémitisme. Elle n'est qu'une variante de la haine de la France, de la République et de ses valeurs. Permettez que je dresse un bref panorama historique. Le peuple juif plonge ses racines dans une histoire longue de près de 4 000 ans. À chaque génération ou presque, il fut confronté à l'...
...r. En France, c'est le régime de Vichy, ses lois anti-juives et la collaboration. Six millions de juifs, dont 76 000 Français, sont exterminés par les nazis. Qu'a fait le monde pour arrêter la Shoah ? Rien. Alors que les Alliés déversaient nuit et jour des pluies de bombes sur l'Allemagne, rien n'a été fait pour arrêter Auschwitz ! En 1948, trois mille ans après le roi Salomon, naissait l'État d'Israël. Le même peuple, la même langue, la même foi sur la même terre : c'est un cas unique dans l'histoire.
Les antisionistes perçoivent l'État d'Israël comme une compensation de la Shoah. C'est à la fois obscène et faux. En revanche, je suis absolument convaincu que, si l'État d'Israël avait existé, il n'y aurait jamais eu la Shoah : Israël est l'unique certificat d'assurance-vie du peuple juif. Malgré la Shoah, l'antisémitisme a persisté après-guerre, porté par les nostalgiques de Pétain et l'extrême droite du « point de détail », du « Durafou...
Les perceptions évoluent, comme, hélas ! notre politique étrangère : ceux-là mêmes qui exprimaient compassion et pitié pour les juifs en pyjamas rayés se mettent à les haïr quand ils se défendent libres, les armes à la main, en uniforme de Tsahal ! C'est le début du nouvel antisémitisme, l'antisionisme. L'antisionisme n'a jamais été la simple critique de la politique de l'État d'Israël, qui peut être légitime : il est sa diabolisation obsessionnelle, le détournement des rhétoriques antiracistes et anticolonialistes pour refuser aux juifs une identité nationale. Par ce biais, on drape l'antisémitisme d'une parure politiquement correcte. Souvenez-vous : dès les années 1970, des juifs français sont assassinés au nom de la haine d'Israël ! En juin 1976, un vol d'Air France reliant...
J'accuse une certaine gauche d'indignation sélective : elle brandit le droit international dès qu'Israël construit un logement en Judée, mais elle reste silencieuse quand on massacre en Syrie, au Vénézuela, en Iran ou en Turquie ! J'accuse cette même gauche de marcher dans des manifestations où l'on crie « mort aux juifs », où l'on compare Gaza à Auschwitz, où l'on accroche des étoiles jaunes à des enfants musulmans – en 2019, en France ! J'accuse aussi une certaine presse de désinformation systéma...
...ge en inscrivant un champion de la campagne BDS – boycott, désinvestissement et sanctions – , pourtant illégale, sur sa liste aux élections européennes. Le mouvement BDS, parlons-en : vous voulez boycotter ? Allez jusqu'au bout : boycottez la clé USB, l'application Waze, la caméra endoscopique, les tomates cerises, les médicaments génériques, les exosquelettes ou les panneaux solaires ! Boycottez Israël ! On stigmatise, puis on diabolise avant de frapper et de tuer. Sur les 200 litiges territoriaux en cours à travers le monde, un seul vire à l'obsession : celui qui implique Israël, ce minuscule État, l'unique démocratie d'une région livrée à la barbarie et au fanatisme, l'ultime rempart de nos valeurs face à l'islam politique qui a tué 263 Français, le pays qui nous a permis d'éviter plusieurs ...
...à notre manque de courage et à nos complaisances complices. Je rappelle que ce texte a été voulu par le Président de la République lui-même et je salue son initiative. Je veux aussi remercier Sylvain Maillard de l'avoir repris à son compte et rédigé. Certes, il est perfectible, mais il a le mérite d'exister, d'aller dans le bon sens et de dire l'essentiel : la haine et l'appel à la destruction d'Israël sont un des visages de l'antisémitisme. Nous devons voter cette proposition de résolution, pour tous nos concitoyens. Pour nos concitoyens de confession juive et pour la mémoire des victimes dont j'ai rappelé les noms.
Sur ces sujets, chacun est et restera libre d'avoir un avis et de l'exprimer. Les Israéliens eux-mêmes, d'ailleurs, ne s'en privent pas et la vitalité de leur vie démocratique et électorale en témoigne. Mais il y a une grande différence entre le fait de critiquer le gouvernement d'Israël, ce qui est naturellement permis, et celui d'appeler à la destruction de l'État d'Israël parce qu'il est composé en majorité de juifs. La haine d'Israël, c'est la haine des juifs.
...i été maire pendant vingt ans, avec sa fille, la petite dernière, seule survivante de ses enfants. Pendant ces années sarcelloises, j'ai noué avec elle une amitié forte et sincère. Et puis, le 20 juillet 2014, sous les fenêtres de l'appartement où elle vivait, une manifestation propalestinienne a dégénéré en une horde antisémite où se mêlaient alors les cris de « Mort aux juifs ! » et de « Mort à Israël ! », qui n'étaient pour les manifestants qu'un seul et même mot d'ordre. C'est à la suite de ces émeutes qu'elle m'a annoncé sa décision de partir pour Israël, car elle ne pouvait plus rester dans un pays où elle ne sentait pas en sécurité du fait de sa religion. Je voterai donc cette proposition de résolution car, lors de notre prochaine rencontre, je veux pouvoir regarder Eva Sandler droit dan...
Tout d'abord, en effet, celle-ci fait un amalgame persistant entre antisionisme et antisémitisme, malgré le remaniement de l'exposé des motifs par M. Maillard. Cet amalgame se situe dans la droite ligne des propos du Président Macron faisant de l'antisionisme une forme moderne de l'antisémitisme. Ainsi, selon l'exposé des motifs de cette proposition de résolution, « critiquer l'existence même d'Israël en tant qu'elle constitue une collectivité composée de citoyens juifs revient à exprimer une haine à l'égard de la communauté juive dans son ensemble ». Notons déjà qu'il s'agit là d'un postulat plus que discutable : Israël n'est pas une collectivité exclusivement composée de juifs puisque, selon le bureau central des statistiques israélien, le pourcentage d'arabes et de chrétiens devrait se mai...
...isation de l'antisémitisme est floue et n'enrichit nullement l'arsenal répressif déjà existant. En revanche, elle introduit cette même confusion entre antisémitisme et antisionisme, en s'appuyant sur des exemples qui prêtent eux-mêmes à polémique. Ainsi, elle reconnaît comme légitime la critique de la politique israélienne tout en qualifiant d'antisémites des réflexions « en rapport avec l'État d'Israël » consistant par exemple à « prétendre que l'existence d'Israël est une entreprise raciste » ou à « faire preuve d'une double morale en exigeant d'Israël un comportement qui n'est attendu ni requis d'aucun pays démocratique ». Que signifie tout ce galimatias ? La critique de la politique d'un État peut être juste ou fausse, exagérée, partielle ou partiale : c'est au libre débat, à l'argumentatio...
Cette résolution contre l'antisémitisme serait-elle l'émanation d'un mouvement de radicalisation de la politique israélienne ? L'impunité dont jouit Benjamin Netanyahou aux yeux du monde depuis quelques années pourrait à cet égard constituer un indice. Elle se manifeste de différentes manières : silence international face au vote d'une loi établissant deux niveaux de citoyenneté dans l'État d'Israël, celui des juifs et celui des non-juifs, qui composent tout de même 25 % de la population ; …
...icain, c'est la confusion que crée à dessein cette définition entre un délit, l'antisémitisme, et une opinion politique, l'antisionisme. Qu'est-ce que le sionisme ? Une théorie politique invitant les juifs à quitter leurs lieux de vie pour rejoindre la Palestine et vivre ensemble sans souffrir des discriminations et des violences antisémites qu'ils subissaient à l'époque. La création de l'État d'Israël à l'issue de la seconde guerre mondiale a bouleversé cette théorie puisque son objectif ultime, la création d'un État, était désormais atteint. Le sionisme du XXIe siècle porte sur la colonisation et le blocus par l'État d'Israël de l'État palestinien, en Cisjordanie ou à Gaza.
Initialement, le mouvement antisioniste, principalement représenté par des juifs, luttait contre l'idée de créer un État juif. Depuis que celui-ci existe, l'antisionisme a changé d'objet. C'est devenu un mouvement anticolonial qui, s'appuyant sur le droit international et en solidarité avec le peuple palestinien, critique sans concession la politique des gouvernements successifs d'Israël et appelle au boycott des produits israéliens provenant des colonies illégales.
...sion ouvrirait la porte à des détournements, comme celui qui a conduit, en novembre 2015, le Premier ministre israélien à qualifier d'antisémite la note interprétative de la Commission européenne qui proposait l'instauration d'un étiquetage spécifique pour les produits issus de colonies israéliennes en Palestine ? Cette limitation de la liberté d'opinion, à travers l'assimilation de la critique d'Israël à de l'antisémitisme, n'est pas acceptable et fournit aux députés communistes une raison supplémentaire de ne pas voter cette résolution. Si la majorité votait cette résolution, il pourrait advenir ce qui s'est passé plusieurs dizaines de fois au Royaume-Uni et en Allemagne, où des universités ou des associations ont renoncé à organiser des débats sur le thème de la colonisation par crainte d'êt...
Nous avions déjà vécu une telle situation en France en janvier 2011, lorsque l'École normale supérieure de Paris avait interdit à Stéphane Hessel d'intervenir à l'occasion d'une conférence portant sur la criminalisation du mouvement militant en faveur du boycott d'Israël. Le flou de la définition de l'IHRA est tel qu'il en résultera une peur d'être suspecté d'antisémitisme, cette crainte engendrant inévitablement l'autocensure, voire la censure active. Bravo ! Les pires dictatures vous applaudiraient. Grâce à cette définition, les adversaires acharnés de l'appel au boycott, du désinvestissement dans les colonies et du respect du droit et des sanctions internatio...
...aque juif à choisir entre être un sioniste, donc un juif en quelque sorte légitime, ou être un traître à son identité s'il choisissait de s'opposer à la colonisation menée par le gouvernement israélien. Les cosignataires de cette proposition de résolution ne font peut-être pas tous partie des trente-cinq parlementaires invités en juillet dernier par l'organisation Elnet pour un voyage luxueux en Israël à la rencontre de Benjamin Netanyahou – un séjour comparable a d'ailleurs eu lieu l'année dernière.
Or il n'y a pas un visage de la haine qui serait insupportable tandis qu'un autre serait excusable. Rien ne peut justifier l'horreur. La haine des juifs et d'Israël doit être combattue. Vouloir détruire l'État d'Israël, c'est de nouveau vouloir supprimer le peuple juif. Face à l'inacceptable, la proposition de résolution dont nous débattons aujourd'hui va dans le bon sens. Il est indispensable d'approuver, comme l'ont d'ailleurs fait quinze autres membres de l'Union européenne, la définition de l'antisémitisme telle qu'elle a été conçue par l'IHRA. L'antisi...
...rit. Je me félicite de voir des débats de ce genre – et celui-ci n'est d'ailleurs pas le premier – se tenir dans notre assemblée, car elle est précisément le lieu d'expression de tous les Français et, d'une certaine façon, de l'universalité dont notre pays, aux yeux de bien plus de gens qu'on ne croit, est encore l'emblème. En un mot comme en mille, l'histoire doit nous instruire. Ce qu'ont subi Israël, le peuple hébreu et beaucoup d'autres peuples encore justifie que l'on mette tout en oeuvre pour commémorer certains événements, pour éveiller l'esprit de nos enfants sur le fléau récurrent qui annonce toujours les grandes catastrophes. Je veux donc pouvoir continuer à m'incliner devant la mémoire de la Shoah et de tant d'autres catastrophes.
Je veux cependant rester libre de critiquer la politique d'Israël lorsqu'elle ne me convient pas, comme je le fais, en pareil cas, de la politique des États-Unis, de l'Allemagne, de l'Irlande ou de je ne sais quel autre pays encore.