744 interventions trouvées.
... dis pas que nous privilégions une solution à une autre, mais le fait d'instaurer un mode d'attribution de la filiation très différent, du moins sur le plan symbolique, nous embarrasse. Cela donne l'impression d'un traitement différent entre les couples homosexuels et hétérosexuels, DAV pour les uns et un système basé sur la « vraisemblance biologique » pour les autres, en faisant « comme si » le père était le donneur effectif de gamètes. Vous avez dit que la DAV enlèverait toute liberté aux parents. Ce n'est pas si certain. Tout dépend du mot inscrit sur l'acte d'état civil. S'il est fait mention d'une « déclaration anticipée de volonté », dans la plupart des cas cette expression ne va pas beaucoup inquiéter un garçon de dix-neuf ans confronté par hasard à son acte intégral – cela arrive d'a...
...enfants de la honte, sans qu\'ils comprennent pourquoi. » Cette honte confuse, souvent laissée dans le subconscient, mais qui transparaît, est tout à fait importante. Vous avez cité une anecdote et je voudrais très brièvement en résumer une autre. C'est une personne, que vous avez peut-être rencontrée, qui est maintenue dans l'ignorance du don, mais dont les parents sont d'âges différents, le père étant bien plus âgé que la mère. Cette personne a senti une confusion bien que ses parents s'aimassent beaucoup et qu'elle vécût dans une famille unie. Elle s'est imaginé que son père, âgé, était peut-être devenu impuissant et que la mère désireuse d'avoir un enfant avait trompé son père, avait cherché ailleurs, par voie charnelle, la possibilité de développer une famille et était ensuite revenue...
...ation première, parce qu'ils sont plus vulnérables, parce qu'ils sont plus fragiles. Le nouveau-né ne peut pas se défendre ; par contre, ses parents et le donneur de gamètes ont des moyens pour se faire entendre. Il me semble donc que nous devons véritablement privilégier toujours l'intérêt de l'enfant. À cet égard, plusieurs d'entre vous se sont interrogés sur le fait de savoir si être privé de père était préjudiciable. La question mérite d'être posée, elle est légitime. Mais il y a des réponses par les sciences humaines, pas tellement dans notre pays où ces études sont bien trop rares, mais dans les pays anglo-saxons où les pratiques sont déjà répandues depuis plusieurs décennies et ont donné lieu à des études conduites depuis plus de 25 ans. Toutes les études, même si l'on veut contester l...
Je vais reformuler ma question sur la base de ce que vous dites. Nous parlons bien du vrai père, celui qui a attendu l'enfant, consenti à l'AMP, participé au processus, etc. Nous parlons de la responsabilité vis-à-vis de l'enfant à venir, de cette notion de responsabilité qui engendre des devoirs et des droits pour le parent et l'enfant. Est-il important de différencier cette responsabilité, selon que l'on a été engendré avec tiers donneur ou pas ? C'est la question finalement posée par la ...
Je voulais déjà vous remercier pour le partage de vos connaissances multiples. Ensuite, je voudrais revenir sur l'une de vos déclarations au sujet du projet de loi sur le mariage homosexuel en 2013 et de la filiation : vous avanciez que le modèle familial « père, mère, enfant » est une construction culturelle. J'aimerais que vous développiez cette prise de position, en vous appuyant sur vos multiples travaux concernant la parentalité, le droit de la famille, le deuil périnatal, par exemple. Comme j'aborde le sujet du deuil, quels seraient d'après vous les enjeux, si nous devions ouvrir le droit à la PMA post mortem ? Quels seraient les impacts sur...
...ne reconnaissance de la pluralité de modèles familiaux. Cette pluralité de modèles doit pouvoir se retrouver dans une filiation égalitaire, équitable entre tous les enfants, équitable entre toutes les familles, qui permette à chacun de conduire une vie apaisée, dans une société apaisée face à cette pluralité et qui ne hiérarchise pas les modèles. Le projet de loi ne promeut pas la disparition du père, bien au contraire : il procède à la reconnaissance, affirmation et réaffirmation de cette notion d'altérité qui est absolument indispensable dans la construction d'un enfant. Simplement, le point de discussion que nous avons aujourd'hui et nous avons eu dans d'autres auditions, porte sur la nature de cette altérité. L'altérité doit-elle être absolument sexuée ? Doit-elle se limiter aux parents ?...
Dans certains de vos écrits, vous avez dit que vous aviez évolué sur la question de l'ouverture à la PMA pour les femmes seules. Il se trouve que nous souhaitons élargir l'AMP aux femmes seules. On fait souvent un parallèle entre un projet parental qui a été conçu initialement par une femme toute seule et la situation des familles monoparentales subies, où le père a été défaillant et est parti pour de multiples raisons. Pourriez-vous revenir sur les raisons qui vous ont fait évoluer personnellement sur l'ouverture de la PMA pour les femmes seules ?
Vous avez expliqué la nécessité d'une altérité pour une éducation, pour une évolution normale, en mettant en avant l'altérité du père ou l'altérité sexuelle. Cela doit être mis en balance, si je puis dire, avec le désir d'enfant – je ne dis pas le droit à l'enfant – des femmes en couple et des femmes célibataires. Le désir d'enfant est un désir naturel et je le place – peut-être ai-je tort –, au même niveau que la nécessité de l'altérité sexuelle pour l'histoire du monde – même si, j'en suis d'accord, nous sommes bien issus d'u...
...ne PMA, ces couples pourraient être accompagnés, sur le plan psychologique ou psychanalytique, afin de leur permettre plus facilement de révéler ensuite à leur enfant son mode de conception. Peut-on donner aux parents des outils pratiques pour le faire ? Enfin, je voudrais revenir sur la procréation post mortem. Sur le plan psychanalytique, quelle est la différence entre un enfant dont le père est décédé au cours de la grossesse et un enfant conçu via un don de sperme de son père décédé qui aurait été congelé ? Je ne vois pas tellement la différence entre la conservation du sperme et la possibilité de transférer un embryon. À partir du moment où le père avait signé un accord sur le fait que son sperme pouvait être donné à sa compagne, il était dans un projet parental, un projet de pate...
Je vais prolonger la question de ma collègue sur le père, la filiation et l'accès aux origines. Vous avez cité l'un de vos collègues psychanalyste qui a répondu : « Votre père, c'est le donneur. » Ici, même si nous n'avons pas bougé, cela a dû faire bondir pas mal d'entre nous, si ce n'est tout le monde. À cette question fondamentale : « Qui est mon vrai père ? », la levée de l'anonymat va-t-elle faciliter les choses et donner des éléments de réponse ?...
...mement intéressants. Je voudrais revenir sur une question que j'ai posée il y a deux jours aux associations catholiques, sans obtenir véritablement de réponse. Aujourd'hui, chez les opposants à l'extension de la PMA, une sorte de double argument revient très régulièrement et tourne autour de la question du mensonge, autour d'une confusion, qui me semble savamment et sciemment entretenue, entre le père et le géniteur. Si l'on se réfère aux fondements de la doctrine catholique, je ne crois pas que vous soyez aujourd'hui en capacité de dire que Joseph – qui dans les évangiles est bien présenté comme le père – est à l'origine de l'essence du Christ. Or on voit bien que quand il apparaît, notamment chez Mathieu, on le positionne bien comme le porteur de la filiation, et c'est le moyen de rattacher...
Madame, vous connaissez l'opposition de certaines organisations à l'ouverture de la PMA à toutes. L'argumentation repose souvent sur un postulat très simple : un enfant, c'est un père et une mère, point. D'après vous, quelles sont les conséquences réelles de l'absence de père pour un enfant qui a deux mamans, voire une seule maman ?
...de façon très riche. Nous essayerons de combler les manques, et nous essayerons de tenir compte des principes moraux que monsieur Korsia a énoncés dans cet affrontement entre l'éthique individuelle et l'éthique collective. Il se trouve qu'à propos de la procréation, nous allons aussi nous inscrire en rupture avec l'histoire du monde, avec cette histoire de la femme qui accouche et qui désigne le père. Nous allons aussi nous inscrire en rupture avec l'histoire de la filiation et l'histoire du droit républicain. Nous allons établir un nouveau droit pour ces femmes, seules et en couple, qui ne voyagent pas en business, qui ne creusent pas leur siège pendant le transport, qui dépensent beaucoup d'énergie et beaucoup d'argent et qui passent par beaucoup de souffrance pour atteindre leur objectif. ...
Effectivement, la société avance, mais la science avance encore plus vite. Je voulais revenir sur votre appellation de « donneur d'hérédité » et je vais y adjoindre immédiatement un qualificatif pour parler de « donneur d'hérédité partiel ». Je m'explique : aujourd'hui, nous savons ce qu'est l'hérédité, à savoir la transmission des chromosomes du père, des chromosomes de la mère, du chromosome mitochondrial par la seule mère, la transmission des bactéries dont nous avons parlé ce matin – qui apportent bien plus de gènes que nos propres gènes. Pour la formation basale de ce microbiote, c'est le fait de la mère. Il y a aussi l'épigénétique apportée par ce qu'est notre vie, par ce que nous vivons. Dans ce contexte, je crois qu'il faut bien expliq...
Messieurs les représentants du culte, merci pour ces paroles de vie et de sagesse, même si je ne sais pas si l'on peut gouverner avec sagesse, si sagesse et gouvernement se marient bien. Nous avons entendu les mots « repère » et « sens », pour nos savoir-faire, nos savoir-être, nos savoir-faire techniques et scientifiques, notre récit commun, et les revendications qui sont adressées à la société. Et nous nous tentons de réparer dans un cadre qui va permettre à nos scientifiques et à nos chercheurs de répondre aux demandes. J'ai été très marqué il y a quelques jours par le témoignage de femmes et d'hommes qui ont vé...
On dit qu'un enfant, c'est un père et une mère. Cet argument justifie l'interdiction de la PMA pour toutes. Puisque vous êtes psychanalyste, j'aurais souhaité vous entendre sur cette question, plutôt que sur des arguties juridiques et des déclarations de volonté. Un enfant a-t-il absolument besoin d'un père pour se construire ?
...nts de sept ans, assis côte à côte sur les bancs de l'école, qui étudient la reproduction des animaux. Le petit garçon se tourne vers la petite fille et lui dit : « mais tu m'as menti, tu n'as pas deux mamans, ce n'est pas vrai. Parce que tu te rends bien compte qu'il faut des gamètes mâles et des gamètes femelles pour avoir des enfants ». La petite fille rentre chez elle chagrin, sa maman la récupère sur le parking de l'école. Elle se rend compte que cette petite fille est chafouine et lui demande : « Que se passe-t-il ? » La petite fille lui raconte ce qu'elle a vécu. La maman propose d'intervenir éventuellement dans sa classe, pour expliquer qu'effectivement il y a différents types de famille, mais qu'il y a aussi différents types de procréation. La maîtresse accepte. Cette maman passe une...
Il y avait une question sur le donneur d'hérédité partiel et le père social.
...du pourcentage d'enfants nés d'un don, avec un recours à un tiers donneur, ayant été informés avant 18 ans qu'ils proviennent d'un don ? Ceux qui ne sont pas informés ont des informations fausses sur leurs antécédents héréditaires, et sont donc pénalisés, y compris médicalement, puisque non seulement ils ignorent leurs antécédents héréditaires, mais ils croient faussement avoir l'hérédité de leur père. Ce sont des choses importantes, pas seulement psychologiquement, mais aussi médicalement. Enfin, parmi ces x enfants informés (qui sont certainement minoritaires), combien désirent des informations identifiantes sur leurs origines ? Vous avez aussi évoqué le fait que la volonté pouvait, au moins en partie, se substituer à la vraisemblance biologique, laquelle vraisemblance est d'ailleurs...