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Pour sortir de cette discussion passionnée, d'un côté comme de l'autre, je souhaite revenir sur certains de vos propos liminaires. Nous ne sommes pas forcément d'accord sur les dénominations : discriminations ou racisme d'État, racisme institutionnel ou racisme produit par des réflexes anciens de l'administration. Ainsi, MM. Fabien Jobard et Sebastian Roché ont très bien expliqué que le contrôle au faciès ne traduisait pas un racisme primaire, mais résultait plutôt de réflexes ancrés dans une recherche d'efficacité. J'aimerais vous interroger sur trois domaines que vous avez évoqués, dans lesquels l...
...er portera sur le racisme de croyance, car certains croient encore aujourd'hui à la thèse de la hiérarchie des « races », croyance qui se traduit par des propos et des actes répréhensibles. Un autre volet traitera des préjugés. Tout un chacun est susceptible d'en développer et il s'agit, par l'éducation, l'histoire et la mémoire, de prévenir leur apparition. Enfin, l'ultime volet portera sur les discriminations, notion sur laquelle il n'existe pas nécessairement de consensus, et qui sont à l'origine d'un sentiment de racisme pour les populations qui en sont victimes. Nous aimerions également entendre votre point de vue sur les déboulonnages de statues et sur les manifestations plus récentes des mouvements antiracistes.
Nous souhaitons comprendre comment votre mouvement œuvre contre le racisme primaire, celui qui est insuffisamment réprimé en justice, qui est fondé sur la croyance en l'existence de races. Par la suite, nous aimerions savoir comment votre mouvement cherche à lutter contre les préjugés et contre les discriminations et le sentiment qu'elles procurent chez ceux qui s'estiment victimes de racisme. J'aimerais aussi savoir les raisons pour lesquelles vous avez décidé de changer de nom, comme d'ailleurs la LICRA.
...gée entre la nécessité d'apprendre cette histoire douloureuse pour le passé national – l'esclavage, la colonisation –, et la gloire de la Révolution française avec ses principes généraux. Existe-t-il aujourd'hui à vos yeux des possibilités d'entorses à ce pacte universaliste, dans un objectif de mieux lutter contre le racisme ? Je pense à la question des statistiques ethniques, ou à la notion de discrimination positive. À l'étranger mais aussi en France – dans des entreprises de culture anglo-saxonne – des expériences sont conduites afin de rendre plus accessibles les postes à responsabilités aux personnes qui ne sont pas catégorisées comme blanches. Ces outils vous semblent-ils compatibles avec la notion d'universalisme ?
Vos propos rejoignent ceux de Jacques Fredj, directeur général du mémorial de la Shoah, que nous avons également entendu ; il soulignait la nécessité de mener d'abord une lutte contre les discriminations.
...aillé sur le problème des descendants d'esclaves, notamment dans le cadre d'un débat avec le comité Marche du 23 mai 1998. Je pense qu'il est important qu'il y ait deux dates, l'une pour célébrer l'abolition de l'esclavage et une autre pour permettre aux descendants d'esclaves d'honorer leur mémoire. Nous nous heurtons à l'insuffisance de statistiques nous permettant de mesurer les phénomènes de discrimination et donc l'efficacité des politiques publiques dans ce domaine. C'est pourquoi j'ai longtemps été partisan de statistiques ethniques, car après tout, il faut « appeler un chat un chat ». Sans statistiques, comment peut-on juger objectivement de la pertinence des actions politiques ? Toutefois, comment tendre vers l'universalité sans tomber dans le piège des revendications sur base ethnique ? J'ai...
Je comprends qu'à vos yeux, il est indispensable de reconnaître d'abord les droits des personnes discriminées avant de leur demander de respecter leurs devoirs. Toutefois, les auditions précédentes ont également mis en évidence que les discriminations n'ont pas nécessairement un caractère volontaire ni, a fortiori, raciste.
...ourrez-vous nous expliquer comment réconcilier les différents combats antiracistes dans une logique d'universalisme. Au cours des semaines passées nous avons auditionné des responsables de lieux mémoriels, et il nous a été dit à plusieurs reprises que s'il ne devait pas y avoir de hiérarchie des haines et des racismes, il convenait peut-être d'établir des priorités en matière de lutte contre les discriminations. J'aurais voulu connaître votre point de vue sur cette question. N'hésitez pas à être le plus concret possible, car nous sommes parvenus à un stade de notre mission où nous souhaitons entendre des propositions de solutions concrètes et pragmatiques.
... concurrence des mémoires et des racismes. N'est-il pas dangereux pour nous de prendre en compte ces concurrences ? Vous avez évoqué le fait que nous ne disposons pas d'informations sur les victimes. Les plaintes et les procès laissent une grande place à une zone grise sur laquelle nous n'avons que très peu d'informations. Les études victimaires sont-elles suffisantes ? Vous avez lié racisme et discriminations, mais ces dernières ne feront pas nécessairement l'objet d'une poursuite judiciaire si le système les a produites de façon inconsciente. Comment réparer ces discriminations ? Cela passe-t-il par de la discrimination positive ? Faut-il reparler de statistiques ethniques ? Faut-il tolérer des réunions non mixtes ? Faut-il encadrer davantage la liberté d'expression ?
Vous avez cité l'audition de Michel Tubiana. Ce qui paraît vous opposer très nettement, outre la question que vous venez de citer, c'est la différence entre racisme et discrimination. Michel Tubiana a déclaré que le racisme était un concept et la discrimination, son application pratique. Il a ajouté que, si l'État français ne pouvait pas être considéré comme raciste, il n'était pas impossible que certains services publics, comme la police, se rendent fréquemment coupables de discriminations. Quel regard portez-vous sur la capacité de l'institution judiciaire et policière à ap...
Dans cet environnement que vous décrivez, lié aux représentations qui sont personnelles à chacun et aux représentations qui ont fini par s'instaurer comme un bien commun de la société, je me demande toujours pourquoi la notion de discrimination positive que les Américains ont tant utilisée l'est aussi peu en France et même vue comme contre-productive. Je me suis toujours demandé pourquoi nous avions peur de cette discrimination positive dans la mesure où elle est destinée à donner l'exemple. Nous savons en effet que l'exemple, dans ce domaine, peut justement contribuer à casser les stéréotypes.
...thnique, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler dans d'autres tables rondes, la statistique sur les « trajectoires », ainsi que la statistique raciale et ethnoraciale, comme certains pays tels les États-Unis ou l'Angleterre la conçoivent. En quoi ces outils peuvent-ils contribuer à l'étude du phénomène du racisme ? Je parle bien du racisme, qui a une dimension volontaire, et non des discriminations, qui sont des inégalités induites que l'on peut constater dans notre société. Enfin, comment fonctionne « l'indice longitudinal de tolérance », qui a beaucoup évolué ?
De quelle façon et par qui sont utilisés les travaux que vous menez et que vous mettez à disposition ? En quoi peuvent-ils faire évoluer les moyens de lutter contre les discriminations et le racisme ? Avez-vous la possibilité de savoir quels partenaires sollicitent vos travaux ? Vous arrive-t-il d'en faire la promotion ? Je m'interroge en effet sur l'impact politique que le CNRS et l'INSEE peuvent avoir sur de tels sujets.
Tous les universitaires que nous avons entendus depuis le début de l'été ont cité des rapports de la CNCDH et des données de l'INSEE. M. François Héran, professeur au Collège de France, nous a même communiqué les références des études à consulter absolument, notamment pour bien comprendre la distinction entre racisme et discrimination, que vous avez rappelée à l'instant. Votre métier consiste à comparer les données et à isoler les facteurs explicatifs pour évaluer les inégalités qui pourraient être imputées à des pratiques discriminatoires. Comment parvenez-vous à composer avec une telle complexité, d'autant que des critères s'ajoutent chaque année – ainsi le « lieu d'habitation l'année précédente » ? Des informations telles ...
... acuité particulière compte tenu de l'actualité internationale, le législateur s'y intéresse de longue date. Nous accueillons, dans le cadre de ce premier cycle d'auditions d'universitaires, M. Patrick Simon, responsable du projet Global race, socio-démographe, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (INED) et responsable du département Integer (Intégration et discriminations) à l'Institut des migrations et M. Daniel Sabbagh, politologue, directeur de recherche au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, qui participe au projet Global race. Ce projet pluridisciplinaire a commencé fin 2015 et vise à étudier les reconfigurations du racisme et du concept de race depuis 1945 dans le contexte du développement des politiques antidiscriminatoires. ...
...ran, professeur au Collège de France, nous disait qu'il existait, dès le XVIIe siècle, un racisme envers les provinciaux : on percevait, depuis Paris, des différences physiques entre les populations provinciales. On pouvait y voir la manifestation d'un racisme qui était, en quelque sorte, construit socialement. Monsieur Sabbagh, pouvez-vous nous expliquer la distinction que vous établissez entre discrimination et ségrégation ? L'actualité est riche de sujets liés au racisme et à l'antiracisme, et véhicule des mots tels que « blanchité », « racisé », « non-mixité ». Nous serions curieux de vous entendre sur cette nouvelle grammaire du racisme. Qu'est-ce que cela nous dit des nouvelles formes de la lutte contre le racisme ?
...racistes diminuent au sein d'une société. N'est-ce pas tout simplement la promesse républicaine ? Comment analysez-vous son affaiblissement en France ? Si je comprends bien, monsieur Simon, vos travaux tendent à réhabiliter le mot « race », faute de mieux pour nommer quelque chose qui demeure culturellement ancré, et amener la France à passer de la logique « color blind » à une logique de discrimination positive tout en assumant une forme de multiculturalisme. Dans ce cas-là, la promesse d'universalité ne serait-elle pas compromise et, avec elle, la possibilité de se diriger vers la société post-raciale que nous appelons de nos vœux ?
Les politiques publiques diffèrent-elles selon que le pays est « color blind » ou « race conscious » ? Existe-t-il d'autres leviers d'action, outre la discrimination positive, pour que la diversité de nos représentations collectives évolue ? Nous pouvons à ce propos nous féliciter que cette législature ait permis d'avoir une plus grande diversité au sein de l'hémicycle mais comment faire pour qu'il en soit partout de même ? Quels sont les « angles morts », en France, par rapport à ce qui existe dans d'autres pays ?
L'adaptation de nos politiques publiques de lutte contre les discriminations suppose-t-elle la création de nouveaux indicateurs statistiques ciblés ?